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.Soraya.

Une semaine plus tard ...

Mes vertiges persistaient et je me sentais de plus en plus lourde et fatiguée. Les symptômes qui vinrent m'accompagner les jours suivant paraissaient de mieux en mieux à ceux de la grossesse, et ça me paniquait. Recevoir ces résultats me stressait. Voudrais-je qu'ils soient positif ou négatif ? Au fond, j'ignorais si j'avais les étoffes nécessaires en ce moment pour être mère. J'avais passé la semaine entière au bureau à être anxieuse et à fuir le regard pesant de Rafaël ! Il n'hésitait pas à évoquer le sujet d'un futur héritier à tout bout de champs et ceci même ce matin, à l'heure qu'il venait prendre le lunch souvent avec moi, desque son planning le lui permettait ! À croire qu'il était au courant où qu'il attendait que mes pilules ne fassent aucun effet ; vue qu'il m'avait copulé le soir de notre anniversaire de mariage, sans me demander si j'en avais envie. D'ailleurs, je n'en avais jamais envie avec lui, je ne ressentais jamais le désir d'être sexy pour lui, de vouloir de lui, jamais à aucun moment. Je m'en voulais, car je n'avais pas eu la force de lui dire non, j'avais l'impression que mon intimité se faisait violer, et mon âme m'avait réclamé à cor et à cri, la présence de Nathann, mon être tout entier avait voulue ressentir les délicieux fourmillements qui me traversaient lorsque je posais simplement ma tête contre son torse, lorsque ses bras m'enveloppaient comme une couverture protectrice, et que sa voix rauque et rassurant chatouillait mes tympans comme une mélodie. Je fermai les yeux et une larme roula sur ma joue. Je brûlais d'envie de le rappeler, mais j'avais honte et horriblement. Ma secrétaire générale poussa la porte vitrée et me tendis une enveloppe.

- Elle vient de la clinique privée du docteur Tawil madame.

Mes lèvres tremblèrent. L'heure de vérité avait sonné...

- Vous n'en voulez pas?

Je me repêchai en ravalant lourdement le peu de salive que secrétait mes glandes salivaires asséchées sous le coup de l'émotion. J'avais chaud et froid en même temps. Je saisis l'expédition en la remerciant et attendit qu'elle disparaisse totalement de mon bureau. Je me mis à fixer l'enveloppe de grand format en redoutant, ce qu'il y avait dedans. Le téléphone fixe bruit, je sursautai comme-ci c'était la nature du résultat qui me téléphonait. Je décrochai en tremblant.

- Allô...

- Soraya? C'est le docteur Tawil. Je t'ai envoyé les résultats, tu les as reçu ma chère? 

Je déglutis douloureusement

- Oui, je...je viens tout juste de les recevoir...

- Bien. Mes félicitations et salue-moi ton grand-père, j'espère l'un de ces jours me rendre au Cap-Haitien afin de discuter un peu.

Le monde me tournait autour, j'étais perdue dans ma tête, le sol se dérobait sous mes talons signés Lize Clairbone. J'eus des picotements, de l'asthme, des maux de tête, tout en fait.

- Merci, oui , je...je le ferai.

- Bien, surtout évite de prendre des somnifères, ça ne fera pas bon ménage pour le développement de l'embryon. Bonne chance pour ta grossesse.

- Merci.

Le bip se fit. Mon cœur se noua. Enceinte? Comment étais-ce possible, si j'ai toujours pris mes pilules sans aucun manquement ? Si j'ai toujours fait en sorte de ne jamais rater ni un jour ! Plusieurs milliers de questions se bousculèrent dans ma tête. De qui était-il ? Rafaël ou Nathann ? Il faudrait que je fasse un test de paternité ! Et si c'était de Nathann, comment je ferai ? Brusquement, ses mots prononcés au Cap-Haitien, refirent surface comme-ci je le lisais dans un livre ouvert.

- Ce n'est pas grave ! Tant que je suis là pour elle...en plus, je ne suis pas trop préparer à être père...enfin à en avoir un moi-même, mais j'avoue qu'avoir une petite fille, ça serait mignon...[ Avait-il dit]

- Je vois! Moi aussi...enfin je pense.

- Tu ne projettes pas d'en avoir ou?

- Je suis encore sur pilules.

- Je comprends. Otímo !!

Je fermai les yeux bouleversés. Qu'en est-il si c'était de Rafaël ? Je ne voulais pas de lui pour fonder une famille, non, je ne voulais que de son existence dans ma vie ! C'est insensé, les psys me prendraient pour une folle à coup sûr ! Mais c'était comme ça et j'étais dans l'incapacité d'expliquer moi-même cet étrange sentiment. Comment ai-je pu me retrouver dans une telle situation ? Une pluie de honte se rabattit sur moi, j'étais totalement chamboulée et sur le choc, et le pire, j'étais hors d'état de conduire. Je composai le numéro de Yaël, et deux fois de suite je tombai sur sa messagerie. J'en fis autant avec celle de Deborah et entendre sa voix résonnée me rassura, surtout lorsqu'elle vint me récupérer. J'avais besoin d'une voix familière pour redescendre sur terre, cette nouvelle m'avait totalement déphasé! J'expirai profondément en laissant ma tête aller sur le dossier du siège passager. Elle fit jouer sa stéréo sur Stay the night de Just kiddin et se mit à chantonner et à se mouvoir tout en tenant son volant d'une seule main...

- Mais chante Soraya !

- .......

- Et cette xième tête d'enterrement Soraya?

- Hmm?

Elle reporta son attention sur le pare-brise en klaxonnant bruyamment une jolie Cadillac qui refusait d'avancer. L'embouteillage monstre de la Juvena se voulait plus féroce, que celle qui nous attendait à Pétion-ville, et Deborah détestait tout ce qui l'empêchait d'avancer ! Aussi bien au sens propre, qu'au sens figuré. Elle termina de résoudre son conflit, et reporta son attention sur moi.

- Alors ?

Cette grossesse imprévue était encore fraîche et bouleversante. Je n'avais pas les capacités nécessaires pour réellement l'assimiler et encore moins l'assumer. Ma mémoire émotionnelle était secouée, paralysée. J'avais simplement envie de rentrer chez moi et de dormir.

- Je suis fatiguée, c'est tout Deborah

- Hm! Okay! Et ton véhicule ? Qui te le rapportera ?

- Je le laisserai dormir au parking de l'entreprise, et je demanderai à Rafaël de me déposer.

- Hm. Bien sûre ! J'oublie souvent si tu avais un époux. Tu agis tellement étrangement avec lui, comme avec beaucoup de distance...

- ......

- Soraya ?

- Quoi Deborah !? Répliquai-je d'un ton las

- Non rien commence à dormir dès maintenant, cet embouteillage monstrueux ne te permettra pas de rejoindre ton lit si rapidement...

Et cette musique non plus me dis-je intérieurement, tandis qu'elle changea sur Animal. Je m'étonnai moi-même de la trahison de mes mots, car des secondes plus tard une douce torpeur enveloppa mes paupières, je compris rapidement l'ampleur de la situation. Cette nouvelle m'avait totalement craqué...

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant