Mort ?

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Samedi 21 novembre

Camus n'avait pas cru qu'Albior ferait quelque chose, lorsqu'il lui avait parlé de la « mort » de DM. Et pourtant... ils regardaient stupéfaits le corps allongé sur ce lit d'hôpital. C'était un peu étrange de le voir ainsi, si calme, comme s'il dormait. Comme s'il était mort. DM était ainsi depuis mercredi. Les médecins parlaient d'un état de mort apparente. Il présentait tous les signes d'un mort, ou plutôt tous ses signes vitaux étaient absents, pas de pouls, pas de respirations, rien. Toutes ses fonctions vitales fonctionnaient si lentement qu'elles en étaient imperceptibles. Et si Camus n'avait pas relaté un incident similaire survenu une nuit, DM aurait été déclaré mort et enterré vivant. Le problème était qu'ils ne savaient rien sur ce phénomène, ni ce qui le produisait, ni combien de temps cela pouvait durer, ni même s'il y aurait des séquelles.

Mais pour l'instant, il était allongé sur un lit, branché à une machine qui s'obstinait à indiquer qu'il n'avait aucune activité cardiaque. Pour elle, il était mort.

Les médecins le gardaient sous surveillance constante, guettant le moindre changement. Camus, Mô et Aphrodite étaient derrière la vitre. Pour l'heure, les médecins interdisaient l'accès à la chambre. Pourtant, ils auraient bien aimé pouvoir être près de lui. Rune n'avait pas voulu venir. Il s'était beaucoup refermé sur lui-même, il voulait être seul, comme il l'était avant l'incident avec Melle Lorane, même s'il tolérait la présence de Minos à la bibliothèque de l'école. Il était resté un peu avec eux mais finalement, ça ne lui avait attiré que des ennuis. Alors même si sa vie semblait monotone aux yeux de certains, elle lui convenait parfaitement.

Aphrodite, elle, avait été particulièrement troublée lorsque, en sortant de l'école la veille, elle avait vu la mère du garçon, celui qu'elle avait rencontré à l'hôpital. Elle avait vu au visage de la femme que l'enfant... Elle avait préféré essayer de chasser cette pensée de son esprit mais la mère l'avait abordée. Son fils était mort au petit matin et elle voulait savoir si ce fameux Angel était venu le chercher pour l'emmener dans un endroit paisible. Elle avait besoin de savoir, d'être rassurer que son fils était bien maintenant et que même de l'autre côté, il n'était pas seul. Aphrodite avait eu des difficultés à retenir ses larmes. Elle ne pouvait pas répondre, elle ne pouvait pas effacer les angoisses de cette mère et elle se sentait particulièrement mal à l'aise. Elle ne savait même pas qui était cet « ami », cet Angel, qui avait veillé sur elle et sur les enfants.

Et maintenant, elle avait appris que DM n'était peut-être pas aussi mort qu'elle le pensait. Aussi, les trois jeunes gens ne s'étaient pas fait prier lorsque les médecins les autorisèrent enfin à entrer dans la chambre de DM. Même si le spécialiste ne cachait pas son mécontentement, Ayoros s'était visiblement montré très insistant et il était aussi très influent.

Aphrodite s'était installée près du lit et elle avait posé sa main sur celle froide de DM. Mô s'était approché lui-aussi. Il avait posé sa main sur sa poitrine.

- Tu peux le ramener ? lui demanda Camus.

- Je ne suis pas magicien, répondit-il en repensant aux propos de DM lorsqu'Aphrodite avait été à l'hôpital.

Aujourd'hui aussi, il se sentait impuissant de ne rien pouvoir faire, pour lui cette fois. Il restait silencieux. Il n'aimait pas cette situation. Jamais il ne s'était trouvé devant un cas de mort apparente. Et désormais, il aurait toujours un doute. Il devait trouver un moyen de faire la différence entre un vrai cadavre et un mort apparent.

Ils avaient passé toute l'après-midi du samedi à l'hôpital et ils étaient rentrés tard. Albior n'avait rien dit à Camus, Ayoros l'avait prévenu. Mais les parents d'Aphrodite étaient furieux. Alors quand, ce dimanche, elle comptait encore passer toute l'après-midi à l'hôpital, ils avaient débarqué. Ils n'acceptaient pas que leur fille, non seulement rentre aussi tard surtout avec deux garçons mais qu'en plus, elle reste là, à veiller un voyou.

- Camus, Mô et DM sont mes amis, s'emporta la jeune fille en faisant face à ses parents. Alors je resterai auprès de lui aussi longtemps qu'il le faudra !

Elle se rassit près du lit et elle prit une nouvelle fois la main de DM. Elle ne voulut plus rien écouter. Elle avait failli leur dire qu'elle avait couché avec lui, c'était pourtant pour cela qu'elle l'avait fait, pour pouvoir le balancer à la tête de ses parents, briser la perfection qu'ils voyaient en elle. Mais finalement, elle l'avait gardé pour elle, c'était son secret, à elle et à DM. Même si Mô l'avait compris.

Ce fut Ayoros qui calma les parents de la jeune fille en leur certifiant que celle-ci ne risquait rien avec ces deux garçons. Ils avaient fini par se résoudre mais ils n'étaient pas contents du comportement d'Aphrodite.

- Je ne suis pas une poupée ! finit-elle par leur répondre sèchement sans se retourner. C'est fini, ce temps-là !

- En attendant, ma grande, lui lança son père, tu es toujours sous notre responsabilité et tant qu'il en sera ainsi, tu obéiras. Tu as intérêt d'être à la maison pour manger ce soir ! C'est compris !

Il sortit de la chambre en claquant la porte puis il s'embrouilla avec un médecin qui lui reprochait de faire trop de bruit.

- J'ai abusé ? interrogea la jeune fille.

- Aucune idée, lui répondit Camus. Avec ma mère, j'avais plutôt l'impression que c'était moi l'adulte responsable.

- Je dirai plutôt que tu t'es affirmée. Mais je suis étudiant itinérant depuis plusieurs années, je ne suis peut-être pas le mieux placé pour juger. Mais ne t'inquiète pas, connaissant DM, il t'aurait répondu « non ».

Aphrodite sourit en laissant échapper un « c'est vrai ».

Avant de partir, elle déposa un baiser au coin des lèvres de DM en lui demandant de revenir.

Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant