Détruire les livres

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Enfin ! Enfin Tockel touchait au but. Il avait fini par les trouver, ces maudits livres. Ceux qui relataient de l'existence des anciens dieux. Il allait pouvoir les détruire et effacer à jamais leur existence de la mémoire des hommes. Ils lui auront donné du fil à retordre. Il ne savait pas où ils avaient atterri. Dans une sorte de monde parallèle sans doute. C'était astucieux de la part des dieux d'avoir cachés ces livres dans cet endroit. Astucieux aussi de les protéger par le sacrifice de leurs meilleurs guerriers. Astucieux mais inutile. Et ce grâce à Marthe. Il n'avait pas cru cette vieille folle lorsqu'elle lui avait parlé d'un passage dans cette maison et d'une étrange bibliothèque. Mais finalement, il avait bien fait de l'écouter.

- Tu vois, Eaque, tu avais tort. A propos de la vieille.

- Il semblerait, en effet.

- Et les voilà enfin ! C'était malin. Très malin. Mais inutile au final, parce que, on dirait bien que la protection... s'effrite.

Tockel passa sa main sur l'une des colonnes de glace, sur la légère fissure, accentuant la cassure naissante. L'homme ne prêta pas attention à ce qui s'en échappa, seul l'intéressait ce qu'il était venu chercher, pour les détruire : les anciens ouvrages. Enfin, il allait se débarrasser de ces connaissances qui empêchaient le chaos parmi les hommes. A effacer toutes les traces de ces anciens mythes, de ces anciens dieux, ces derniers finissaient par disparaître peu à peu. La description de cet homme se présentant comme la mort, Tockel l'avait reconnu mais il aurait cru qu'il aurait fini par disparaître, faute d'humain pour croire en lui.

Eaque s'arrêta pour prendre un livre, pour le feuilleter. Un second puis, un troisième. Son regard s'arrêta soudain sur une représentation de deux dieux quasiment identiques. Mais ce qui interpela le brun, c'était l'étoile noir sur le front de l'un d'eux. La même description faite par l'assassin envoyé par Tockel pour tuer Camus. Il s'était présenté comme étant la Mort et vu les supplices infligés, il pouvait effectivement se targuer du titre de dieu de la mort.

Tockel jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule du brun.

- Ainsi donc, mon homme aurait tué le dieu du sommeil. Je croyais pourtant qu'il avait disparu depuis longtemps. Enfin, ça en fait toujours un de moins. Quand à l'autre... Le problème, c'est que les hommes ont toujours cru en une personnification de la mort. Il en est donc plus difficile à tuer.

- Les livres sont enterrés ici, c'est peut-être suffisant. Les hommes ont déjà oublié leurs existences.

Hors de question pour Tockel ! Tant que ces connaissances existaient, elles seraient une menace pour le désordre auquel il aspirait.

Aujourd'hui, les hommes se complaisaient dans leurs petits conforts et avec un peu d'ignorance, ils étaient de plus en plus manipulables. Trop d'informations circulaient dans les différents médias, les choses vraiment importantes étaient noyées dans les vérités, contre-vérités et autres mensonges. Du coup, les gens ne savaient plus que croire.

- Savoir et croire sont deux choses différentes.

- Tu me déçois, Eaque. Je pensais que tu t'étais débarrassé de ton éducation bouddhique.

- J'ai gardé ce que j'ai voulu de mon éducation. C'est-à-dire, pas grand-chose.

Alors Tockel ne voyait pas où était le problème. Le but depuis des siècles était de faire disparaitre les anciennes croyances, trop chargées en valeurs et en morales selon lui. Et jusque-là, il pensait qu'Eaque était entièrement de son côté. A moins que...

- Espèce d'ordure, tous les échecs de ses derniers mois... c'est à cause de toi !

- Oh, tu m'en attributs beaucoup, là ! répondit le brun en reposant le livre sur l'étagère. Camus, j'avoue, j'ai appelé Ayoros pour qu'il vienne le chercher avant toi. Les combats... c'est moi qui aie choisi les adversaires mais c'est toi qui me l'avait demandé ! Mais je dois bien avouer qu'ils se sont bien débrouillés, ces petits jeunes.

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