Nouveau camarade de chambre

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Mardi 05 avril

Camus ne prononça pas un mot en rentrant de l'école, ce soir. Il n'avait pas vu Ayoros depuis hier matin. Il n'avait donc aucune nouvelle d'Isaak et cela semblait le rendre irritable et inquiet pour la sécurité de l'enfant. Et ce bien qu'Ayoros lui ait certifié qu'il s'occupait de tout. Comme d'habitude. Bien sûr, il avait demandé à DeathMask de lui apprendre à se battre et celui-ci avait accepté, après avoir jeté un coup d'œil à Milo. Et il n'y allait pas de main morte sur les coups ! Et puis, maintenant, l'entraînement se faisait sous la surveillance d'Ayoros. Pratique pour le surveillant général, il pouvait plus aisément savoir ce que valaient les jeunes gens. Et Milo et DeathMask n'hésitaient pas à se frapper plus violemment qu'avant, ce qui leur valait des remontrances régulières d'Aphrodite. Mais DeathMask ne perdait pas le nord, la plupart du temps, il se faisait soigner par sa petite amie, et comme il avait les mains baladeuses, ça lui valait d'autres réprimandes, fausses celles-là, de la part de celle-ci. Camus les enviait un peu parfois, maintenant Angelo et Aphrodite étaient ensemble. Il était content pour eux mais lui-aussi aurait bien aimé... avec Milo. Mais il n'y parvenait pas. Pourtant il connaissait les sentiments de son amie et elle connaissait les siens... en fait, tout le groupe connaissait leurs sentiments mais Camus ne parvenait pas franchir le pas qui l'amènerait à une relation plus intime avec Milo.

Pour l'instant, Camus tâchait d'ignorer les regards parfois bizarres et les sous-entendus des adolescents vivants au foyer à son propos. Il se moquait de ce que les autres pouvaient penser de lui. Si ça les amusaient de déblatérer, et bien qu'ils continuent. Il monta à l'étage mais il s'arrêta à quelques pas de sa chambre, la porte était entrouverte. Voilà pourquoi ses camarades semblaient se moquer de lui. Il les avait déjà surpris à dire à voix basse qu'il avait de la chance parce qu'il était seul dans sa chambre depuis le départ de Milo. En même temps, c'était de leur faute à tous les deux, ils avaient couchés ensemble et Camus aurait dû être lui-aussi viré du foyer. Même si dans la réalité, les deux jeunes gens avaient seulement dormi dans le même lit.

Le jeune homme n'avait pas jugé nécessaire de répliquer, peut-être qu'il aurait dû. En attendant, Camus aurait un camarade de chambre à partir de ce soir. Bah, il ferait comme avec les autres, il l'ignorerait. A moins qu'il ne soit aussi pénible que Milo... Hm, ça, ça lui semblait impossible.

Il inspira un bon coup en se disant qu'il devrait faire attention. Mais sa pensée n'alla pas plus loin et il s'immobilisa en entrant dans la chambre.

A l'intérieur, Ayoros et Albior discutaient avec Athéna, assise sur le lit. Allongé dedans, Isaak s'était endormi. Camus sentit son cœur s'accélérer dans sa poitrine. Si l'enfant était là, c'était qu'il allait mieux. Mais d'un autre côté, Sanctuary risquait de mettre la main dessus, si ce n'était déjà fait. Le jeune homme l'avait bien senti, le froid qui émanait du garçon. Mais il émanait de tout son corps alors que pour Camus, le froid se concentrait dans sa main.

« Ne le laisse pas dans ta main. »

Ces quelques mots qu'il avait entendu lorsqu'il avait été face à Tockel dans la chambre d'Isaak... est-ce que ça concernait le froid ? Il n'avait jamais tenté de geler les choses à distance. En était-il capable ? Peut-être mais ça ne répondait pas à une autre question : cette voix, d'où venait-elle ? Et était-ce la même que celle de Milo ou même que DeathMask. Il faudrait qu'il leur en parle, il n'y avait plus pensé.

Ayoros sortit subitement le jeune homme de ses pensées pour lui expliquer la situation. Et effectivement, Sanctuary avait obtenu la garde de l'enfant, celui-ci étant désormais orphelin. Le surveillant général l'aurait bien laissé à l'hôpital de la ville, mais au vu des inquiétudes de Camus, (il venait vraiment tous les jours, matin et soir dans le bureau d'Ayoros pour avoir des nouvelles), il avait préféré le ramener ici, sous la surveillance d'Albior et du jeune homme.

¤

Il se faisait tard. Isaak était réveillé depuis un moment. Il ne savait pas où il était mais il savait avec qui. Le jeune homme installé au bureau, au pied de son lit, il était déjà à l'hôpital. Il l'avait vu, sans vraiment y faire attention. Et puis, même s'il ne l'avait pas vu, cette fillette blonde lui en avait parlé et elle avait fait une description plutôt détaillée. A se demander si elle n'en était pas un petit peu amoureuse. Enfin, il savait aussi que ce jeune homme les avait protégé tous les deux. Alors à moitié assis dans son lit, adossé sur deux gros oreillers, Isaak observait avec attention ses longs cheveux bleus sombres. Son visage lui faisait toujours mal mais l'enfant ne disait rien. Il voulait être fort et courageux comme son père bûcheron le lui avait appris. Mais ça faisait trop mal et l'enfant laissa échapper un petit gémissement de douleur.

Camus tourna aussitôt la tête. En voyant sa grimace, le jeune homme se leva pour lui préparer un antalgique qu'il lui donna à la paille pendant qu'ils s'observaient. Le regard de Camus se faisait doux et protecteur lorsqu'il se posait sur l'enfant. C'était bien ce que lui avait dit cette fille. Zut ! Impossible de se souvenir de son prénom ! Ni même de celui qui était venu après le départ de Camus. Un sacré gaillard pourtant, plus costaud que son père où que n'importe quel bûcheron. La porte de sa chambre avait été juste assez large mais pas assez haute, il avait dû se baisser pour la passer. Il était pourtant d'une grande délicatesse et il avait une grande joie de vivre et de tristesse aussi à cause de ce qui était arrivé à l'enfant.

- Tu vas avoir moins mal.

Un peu moins mal. C'était ça, le médicament atténuait juste la douleur de ses blessures. Alors peut-être que lui voudrait bien lui expliquer ce qui s'était passé. Parce que la police lui avait bien posé des questions mais ils ne lui avaient rien expliqué. Ce que fit Camus en évitant toute fois les détails sordides, l'enfant n'avait pas besoin de savoir que son père avait agonisé en se vidant de son sang. Il vit l'enfant serré les dents et grimacer aussitôt. Camus posa alors sa main gauche sur la joue du garçon pour la refroidir juste un peu, pour anesthésier un peu plus la douleur.

- Mon œil est grevé ?

L'enfant fixait Camus. Ce n'était pas une question, ils le savaient tous les deux. Mais le jeune homme répondit tout de même. Oui, son œil était crevé et il garderait une cicatrice traversant la partie gauche de son visage enfantin. Isaak tourna la tête pour ne plus voir Camus et son regard se perdit. Il resterait défiguré, son père était mort et tous ses amis aussi. Et tout ça pour quoi ? Ça, Camus s'abstint de lui dire, pour ne pas qu'il passe sa vie à se culpabiliser, à se dire que ses hommes en noir s'étaient livrés à un massacre pour lui, pour pouvoir enlever cet enfant capable de produire du froid.

Camus n'avait pas pu s'empêcher de réfléchir aux propos qu'avait eus Tockel dans la chambre d'hôpital. Il se débarrassait de ce qu'il ne pouvait pas avoir. Avait-il alors l'intention de les tuer, lui et ses amis. Parce que, eux non plus, Tockel n'avait pas pu les avoir. Et l'incendie raté. Ce n'était visiblement pas pour les tuer puisque la maison était vide à ce moment-là. Et puis, comme l'avait dit Milo, dans le salon, ou même dans l'une des chambres, le feu serait parti bien plus vite il n'y aurait même pas eu besoin d'un accélérant ! Non, Camus pensait qu'il s'agissait plutôt d'un avertissement. Leur dire qu'ils pouvaient frapper n'importe où et n'importe quand, même chez eux. Et viser la bibliothèque était symbolique. Seulement, ça ne s'était pas déroulé exactement comme c'était prévu grâce à ce gardien. Mais ça présence était-elle vraiment une bonne chose ? Parce que ce dernier pouvait lui-aussi frapper n'importe quand et n'importe qui.

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