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Vendredi 12 février

- Entrez, ordonna le juge de son ton autoritaire.

De l'autre côté, son secrétaire attendit encore un instant avant de se décider à ouvrir la porte.

- Ceci est arrivé pour vous, Monsieur le Juge.

Rhadamanthe se décida à relever la tête. Devant lui, Valentine lui tendait une grande enveloppe de papier kraft. Le juge détailla le paquet pendant une ou deux secondes.

- En effet, posez-le là, répondit enfin le juge en montrant un coin de son bureau tout en replongeant le nez dans le dossier étalé devant lui.

Son secrétaire s'exécuta aussitôt puis, il attendit encore un instant.

- Vous faut-il autre chose ? s'enquit-il.

Rhadamanthe leva la main pour la secouer mollement sans pour autant relever la tête. Non, il n'avait besoin de rien d'autre, pas même d'une tasse de thé. D'ailleurs, son secrétaire le savait très bien, sinon il n'aurait même pas posé la question. Le juge était une plaie pour ses collaborateurs, d'une exigence à dépasser les limites de l'entendement. Il en avait viré des secrétaires, tous des incapables selon lui. Incapable surtout de supporter le juge et ses réflexions acerbes. Et puis, Valentine était arrivé, totalement inexpérimenté en juridiction. Tous ont cru que Rhadamanthe allait l'étriper celui-là ! Mais il n'en fut rien. Le juge avait vu quelque chose chez cet homme-là qui lui avait plu alors il l'avait laissé apprendre sans lui faire trop de remontrance, enfin selon ses critères mais Valentine ne s'était jamais plaint. Et maintenant, personne dans le tribunal ne connaissait le juge aussi bien que son secrétaire et il ne se séparerait pas de lui, pour rien au monde. C'était il y a trois ans, un record pour qui connaissait le juge Wyverne !

Pour l'heure, son secrétaire le laissa seul, à son travail. Rhadamanthe attendit encore un instant. Il le savait, Valentine avait parfois la manie de rester un moment derrière la porte, juste au cas où. Juste au cas où quoi, d'ailleurs ? Que le juge le rappelle ? S'il avait besoin de lui, il savait où le trouver.

Mais ça semblait silencieux. Rhadamanthe n'avait pas repris la lecture de son dossier, il avait juste baissé le nez pour faire croire, il avait guetté le moment où son secrétaire serait retourné à son bureau.

Oh et puis, tant pis ! Il n'avait pas de comptes à lui rendre après tout !

D'un geste vif, il dirigea sa main vers l'enveloppe posée près de lui, sur la pile de dossiers. Mais il s'en saisit en évitant de faire du bruit, comme un enfant qui s'apprêtait à faire une bêtise tout en sachant qu'il en faisait une. Il l'ouvrit délicatement en jetant des coups d'œil un peu partout dans la pièce et surtout vers la porte comme s'il s'attendait à voir quelqu'un surgir. Il sentait son cœur battre plus fort d'un seul coup.

Pourquoi ? A cause des informations contenues dans cette enveloppe parce qu'il n'avait aucun droit de les détenir. Bien sûr, il s'était trouvé un bon prétexte. Il avait déjà demandé des informations pour Ayoros et plus d'une fois. Sanctuary étant réputé, ils ne pouvaient se permettre d'employer n'importe qui. Même si, comme Ayoros, il avait été surpris par la présence d'une guêpe au sein du corps enseignant.

Mais là, il le savait, son excuse était bidon. Des renseignements sur Saga puis, Kanon, il en avait déjà demandés, même s'il n'avait pas trouvé grand chose, mais là ce qui l'intéressait, c'était Arlès et un peu aussi le père des triplés. Combien allait-il encore en sortir, des frères Gemini ?

Les réponses étaient certainement dans cette enveloppe. Il coinça ses lèvres entre ses dents pour sortir les feuilles sans faire de trop bruit. Puis, après s'être assuré que personne ne le voyait -même s'il était seul dans son bureau, il commença la lecture des documents. Sur ce point, son amant ne lui avait pas menti. Plusieurs rapports de police et témoignages de voisins l'attestaient et ce qui s'était passé était sans aucun doute inévitable et serra malgré lui le cœur du juge. Mais personne n'avait bougé à l'époque.

Rhadamanthe imaginait très bien ce qui avait dû se passer. Le père des triplés était un homme violent déjà en temps normal, violence qui se décuplait sous l'influence de l'alcool et il avait frappé sur sa femme et ses enfants. C'était malheureusement plus courant qu'on ne pouvait le croire, avec parfois une issue dramatique. Et c'était ce qui s'était passé ce jour-là. Maintenant, le juge comprenait mieux l'aversion de son amant pour l'alcool, donc il ne buvait pas et en repensant à la tête que faisait Saga lorsque l'homme de loi lui avait parlé de gueule de bois, lui non plus ne devait pas boire une goutte d'alcool. Restait Kanon.

Rhadamanthe plissa les yeux en détaillant un autre document. Finalement, il y en avait un de trop.

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