Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)

Pauvre Rune

Jeudi 03 décembre

Finalement, Rune accompagnait les enfants à l'aquarium. Ayoros avait été surpris mais il semblait avoir accepté « l'hommage » que Rune voulait rendre à son « ami » décédé. Encore un mensonge qu'il avait du mal à supporter. Mais il voulait savoir s'il pouvait voir l'homme avec qui parlait l'inconnu dans la bibliothèque et trouver la fille dont ils parlaient tous les deux.

Pour l'heure, il s'efforçait de ne pas écouter les élèves bavarder dans le bus, de ne pas regarder les visages, juste au cas où. Le trajet jusqu'à l'aquarium avait semblé durer une éternité pour le jeune homme et il se demandait de plus en plus ce qu'il faisait là.

Les enfants descendaient bruyamment des bus. Mô avait réparti les petits élèves. Rune en avait cinq à surveiller, mais son ami lui avait certifié qu'ils étaient sages. Il lut à voix hautes les noms inscrits sur son papier : Hadès, June, Sorrento, Misty et Fenril.

La visite se passait plutôt bien. Hadès n'était pas particulièrement intéressé, par contre Sorrento posait plein de questions. Il était même parfois un peu difficile de le faire suivre. Mais pas autant que Poséidon dans le groupe d'Ayor qui refusait de suivre parce qu'il avait le nez collé sur l'immense vitre. Ayor peinait à le faire suivre et c'est Camus qui persuada l'enfant de continuer la visite en lui disant que s'il restait là, il ne verrait pas les autres poissons. Du coup, Ayor et Camus avaient échangé Poséidon et Hagen.

Rune avait regardé un peu les autres enfants, Mô lui avait vraiment confié des enfants calmes. Enfin, jusqu'à ce qu'Hadès ne tire sur sa main. Il ne voulait plus voir les poissons, il voulait voir autre chose.

- Il n'y a que des poissons à voir, ici, lui expliqua Rune. Vous avez vu ça avec Mô.

- Je le sais, lui répondit l'enfant d'une voix calme et autoritaire. Je veux aller là où l'homme est mort.

Rune le fixa un moment, c'était étrange mais il avait presque envie de lui obéir.

- Non, Hadès, finit-il par dire. Vous avez un travail à faire. Si tu ne le fais pas, tu auras une mauvaise note. Et puis, tu n'es pas tout seul. Tes copains doivent bien continuer la visite.

- Non, répondit sèchement Fenril, je veux sortir d'ici. Je voulais pas venir ici. Je voulais aller au zoo, pour voir les loups.

- Je préfère les caméléons, commenta June.

- Non, les lézards, c'est mieux.

- Sorrento ?

- Les poissons, c'est bien.

- De toutes façons, il faut continuer.

Seulement, Fenril refusa de rester dans la salle. Il se sentit subitement mal et il était sur le point de faire un malaise. Du coup, Rune avait dû sortir avec lui et les quatre autres enfants avaient été répartis dans d'autres groupes. Fenril semblait claustrophobe parce qu'une fois dehors, il se senti mieux et il courait un peu partout. Assis sur un banc en pierre, Rune le regardait faire.

- Il est toujours ainsi, c'est fatigant.

Rune tourna subitement la tête pour découvrir, assis près de lui, le petit Hadès.

- Tu devrais être avec Mathias, lui dit-il surpris.

- Je n'aime pas Mathias.

« Moi non plus » pensa-t-il tout en regardant l'enfant. Il se tenait droit. Il y avait chez lui une certaine noblesse, même dans sa façon de s'exprimer. C'était surprenant pour un enfant de cinq ans.

- Alors, tu n'aimes pas les poissons. Qu'est-ce que tu aimes ?

Rune n'écouta pas la réponse de l'enfant. Son regard s'était posé sur un homme au loin. Un homme plutôt grand, vêtu de noir, aux cheveux couleur platine, les regardait de ses yeux pâles. Un frisson parcouru le dos de Rune. Il se leva en évitant de se précipiter. Il se saisit de la main d'Hadès tout en appelant Fenril. L'enfant le rejoignit mais il se débattit un instant alors que Rune voulait les emmener au loin. Il se figea d'un seul coup, l'homme était juste devant lui. Mais comment ? A l'instant, il était...

L'homme lui souriait mais ses yeux sans pupilles n'exprimaient rien.

- Nous nous sommes déjà rencontrés, n'est-ce pas, lui dit-il d'une voix calme mais froide.

- Je ne crois pas, répondit Rune en tâchant de contrôler la sueur glaciale qui lui coulait dans le dos.

Bien sûr qu'il avait raison. Ce n'était pas son visage, mais sa voix. Cette même voix qui lui avait qu'il devait tuer son adversaire s'il ne voulait pas être tué, ce maudit samedi.

- Désolé, continua le jeune homme en s'efforçant de sourire, mais nous devons rejoindre le reste de la classe.

L'homme acquiesça tout en baissant son regard sur les enfants. Il s'agenouilla un instant pour fixer Hadès. Il lui sourit. L'enfant le regardait droit dans les yeux sans ciller. L'homme tendit la main vers lui.

- Nous y allons, pressa Rune en éloignant les enfants de cet homme étrange.

Ils entrèrent dans un bâtiment où il chercha un membre du personnel pour lui relater de ce qui venait de se passer. Juste au cas où cet homme aurait représenté un danger pour quelqu'un, ou pour un enfant... Mais comme par hasard, il ne trouva personne. Fenril se libéra de l'emprise du jeune homme. Rune soupira en se lançant à sa poursuite tout en maintenant bien la main d'Hadès. Celui-ci suivait en silence.

Enfin, ils purent rattraper Fenril. Il s'était immobilisé au détour d'un couloir. Rune allait le sermonner lorsqu'il entendit deux employés discuter de l'accident survenu quelques jours plus tôt à l'un de leur collègue, celui de cet homme qu'il avait vu mort avant son décès. Du coup, il écouta un peu plus attentivement. Il découvrit stupéfait les conditions dans lesquelles était survenu ce drame. L'homme était l'un des plongeur qui s'occupait de l'entretient des aquariums. Il était mort noyé avec sa propre bouteille d'oxygène, qui était remplie non pas du mélange habituelle mais d'eau de mer.

Rune attendit que le silence se fasse. Il devait partir d'ici. Mais Hadès voulait voir où le monsieur était mort et Fenril voulait retourner dehors.