Ce rêve

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L'air est frais. Elle peut le sentir. Elle connait ce léger vent, il lui rappelle tant de souvenir. Pour l'instant, elle dort. Son sommeil était-il troublé ? Elle ne se rappelle plus vraiment, les souvenirs de ce jour-là sont un peu flous et elle ne se souvient que de quelques détails. Elle regarde son petit visage meurtri par les coups et les caillasses et elle sent comme une boule monter en elle. Ce qu'ils ont fait est inqualifiable ! Comment ont-ils pu ? Comment une telle atrocité... Elle a quoi, cinq, six ans peut-être mais pas plus. Elle sent la colère monter de plus en plus. Ils vont payer ça ? Ils doivent payer ça !

Non, ce n'est pas de la colère, c'est davantage de la haine qu'elle ressent en avançant sur le sentier rocailleux. Elle connait les lieux, ce sont les montagnes où elle a grandi, pourtant elle se sent perdue et ses pas ne sont pas sûrs, c'est comme si elle n'était jamais venue ici. Ce lieu familier lui est totalement étranger. Enfin, le village, son village. Ce ne peut être que celui-ci. Oui, elle reconnait la description. Elle sent son cœur s'accélérer. Cette haine qu'elle ressent. Elle sait ce qui va se passer. Elle pénètre dans le village. Elle ne prête pas attention à tous ces visages qui lui sont familiers. Ils la regardent bizarrement, elle le voit dans leurs yeux même s'ils essaient de le cacher, elle les connait bien, ils ont peur d'elle. Mais elle s'en moque. Elle est terrifiée par sa colère contre eux. Elle se sent envahie, tiraillée par cette haine qu'elle éprouve pour ces gens. Ce ressentiment vire à la haine profonde pour ces gens qu'elle a côtoyés.

Tous coupables, pas un seul innocent.

Des hommes veulent la bousculer, comme ils l'ont toujours fait. Et sa colère monte d'un cran pourtant elle ne l'extériorise pas. Elle se contente de les prévenir, ils vont mourir. Ils se moquent d'elle. Que peut-elle faire contre eux, elle est seule ? Elle comprend leurs paroles, pourtant leurs mots lui sont inconnus. Elle sent peu à peu ses émotions changer et celle-là, elle ne l'aime pas. Mais pas du tout. Elle sert les poings si fort qu'elle a l'impression que ses os vont éclatés. Dans son esprit envahi par un mélange de haine et de colère flotte son petit visage meurtri et une autre vague de colère la submerge. Et pour s'en dégager, il n'y a qu'un seul moyen, elle donne un coup de poing sans atteindre personne en particulier mais tout le monde en même temps. Les gens se tiennent la tête l'espace d'un instant comme s'ils avaient pris un coup. Et tout change. Elle sourit, puisqu'ils aimaient frapper... elle admire son œuvre avec délectation et elle est horrifiée. Horrifiée par la scène qui se déroule sous ses yeux, tous ces gens pris de folie se massacrant les uns les autres, sans distinctions. Elle est horrifiée par son impuissance, horrifiée par cette satisfaction morbide. Ce n'est pas possible, elle ne peut pas ressentir ce genre de choses. Et pourtant si.

« Chut ».

Elle regarde impuissante les habitants de son village se massacrer entre eux. Elle ne parvient pas à les en empêcher parce qu'elle aime trop cette puissante influence qu'elle exerce sur eux. Et puis de toute façon, ils l'ont bien mérité. Non, ce n'est pas une raison, la violence ne résout rien, elle le sait. Elle entend leurs hurlements, ils lui martèlent la tête, ce ne sont pas des cris de douleurs, ce sont des cris de bêtes sauvages. Mais quand cesseront-ils de se massacrer ? Quand cessera-t-elle de ressentir cette satisfaction malsaine, ce plaisir malfaisant de savourer ce genre de spectacle macabre. Les villageois tombent sous les coups toujours plus violents. Elle suffoque de voir la haine dans leurs regards et déformer leurs visages. Ce sont là leurs vrais visages.

Debout, immobile, elle regarde son œuvre, satisfaite de la punition infligée. Plus jamais ils ne lèveraient la main sur un enfant. Ni sur qui que ce soit d'autre. Les enfants ?! Où sont les enfants ? Pourvu que...

« Chut, c'est fini ».

Mô s'écroula à genoux, épuisée tremblante. Elle sentait son cœur marteler sa tête. Maintenant, elle l'entendait. Elle ne voulait plus voir cet homme, ni ressentir cette satisfaction à donner la mort. Elle sentait ses mains sur son visage. Il chuchotait. Aucun mot rassurant. Pourtant, elle se laissa aller à sa voix dépourvue d'émotion. Il caressait son visage. Elle sentit son cœur s'emballer subitement. Cette sensation sur ses lèvres...

Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant