Jeudi 04 février
Rhadamanthe émergera doucement d'un profond sommeil. Il avait bien dormi et ce n'était pas souvent qu'il plongeait dans un tel sommeil. Il releva un peu la tête pour regarder l'heure. Trois heures quarante-huit. Il se laissa retomber lourdement sur son oreiller. Il avait vraiment bien dormi mais son corps endolori lui rappela les joutes de ces heures écoulées. Il sourit à cette évocation.
Jamais il n'aurait soupçonné l'existence d'un troisième frère. Mais celui-là valait d'être connu, surtout au lit. Pourtant, il n'était pas du genre à coucher avec le premier venu. Il aimait savoir si celui qui allait partager sa couche serait à la hauteur, à sa hauteur. Il soupira d'aise. Tant pis pour le salon ravagé après leur premier affrontement. L'autre était fort, suffisamment pour lui tenir tête. Et ce n'était pas rien. Il avait beau être juge, l'homme de loi savait se battre. Et non, la rumeur qui courait sur lui était fausse : il ne jouait pas les bourreaux lorsque le verdict des jurés ne lui plaisait pas. Il s'y pliait en ravalant sa rage, surtout lorsqu'il savait le prévenu coupable, mais c'était la décision du jury et il s'y conformait. Mais il était dur dans ses condamnations, il appliquait toujours la peine la plus lourde et ça tout le monde le savait aussi.
Pour l'heure, il ne souvenait plus vraiment comment il en était venu aux mains avec lui. Il se rappelait vaguement de l'arrivée de l'autre chez lui, mais pas de la raison de sa venue. Il se souvenait très bien de leur combat. Son salon avait été réduit en miettes en quelques minutes seulement. Les coups avaient été violents, d'un côté comme de l'autre.
Qui avait embrassé l'autre en premier ? Impossible de se rappeler. Mais il se souvenait bien du baiser en revanche. Torride, ravageur pour l'un comme pour l'autre. Ils s'étaient agrippés pour ne pas que l'autre ne s'éloigne. Ils se désiraient mutuellement, sauvagement, chacun de leurs corps appelant celui de l'autre. Et puis, ils avaient fini dans sa chambre et pas seulement sur son lit. Il se rappelait parfaitement de leurs ébats, violents. L'un voulant toujours dominer l'autre sans jamais se laisser dominer. Et Rhadamanthe avait adoré ça.
Il passa machinalement sa main sur la place près de lui, dans son lit. Vide. Il était parti. Dommage. Il n'avait pas bien saisi son nom en admettant qu'il le lui ait donné. Pas sûr... Peu lui importait de savoir comment il s'appelait, seul l'effet qu'il lui avait fait avait de l'importance.
Non, il avait fait erreur. L'autre n'était pas parti. Il était assis sur le bord du lit. Le dos courbé, il semblait tenir sa tête entre ses mains.
Rhadamanthe se redressa sur son coude pour l'observer un moment. Puis, il se décida à lui parler.
- C'est un peu tard pour avoir des regrets.
L'autre ne bougea pas. Il ne daigna même pas répondre. Alors le juge se redressa davantage pour s'approcher de lui. Il s'agenouilla et passa un genou de chaque côté du corps de son amant puis, il posa son torse sur le dos de celui-ci. Il dégagea l'épaule gauche de la longue chevelure blanche pour déposer un baiser sur son omoplate, il y avait vu une ancienne cicatrice puis, il cala son menton sur l'épaule de l'homme. Les longs cheveux de son amant le firent frissonner de plaisir pendant un instant mais le juge maîtrisa rapidement cet égarement. Il passa ses mains sur les cuisses adversaires. Enfin, il réagit. Mais à peine.
- Laisse-moi, gémit-il.
- Pas tant que je ne saurai pas ce que tu as.
- J'ai juste mal à la tête.
- Tu veux un comprimé ?
L'autre grommela que ça ne lui ferait rien. Alors Rhadamanthe se leva pour attraper ses vêtements, intimant à son amant de s'habiter : le juge l'emmenait à l'hôpital. Mais il refusa. Il ne voulait pas aller là-bas. Il voulait juste qu'on le laisse tranquille.
- Que je te laisse tranquille ? reprit le juge en s'approchant de lui, toujours nu. Je te laisserai tranquille quand tu iras mieux.
L'autre releva légèrement la tête en sentant près de lui la présence de son amant. Son parfum... Sa chaleur... Il sentit une bouffée de désir monter en lui. Il voulait de nouveau Rhadamanthe. Il grimaça. Cette douleur ! Elle ne le laisserait donc jamais tranquille ! Il s'était senti si bien ces dernières heures près de ce corps. Alors pourquoi cette migraine venait-elle tout gâcher ?
- Laisse-moi t'emmener à l'hôpital, insista le juge en se penchant vers son amant, une main sur son épaule.
- NON ! hurla celui-ci en cherchant à bousculer Rhadamanthe.
Mais le juge para le coup sans grande difficulté. Ils restèrent immobiles un moment à se fixer. Non, il ne cèderait pas. Il n'était pas de ce genre-là.
- Je vais rentrer, finit par répondre l'autre d'une voix plus calme.
- Je te ramène.
Il ne releva pas. La voix du juge s'était faite autoritaire, ne tolérant aucune opposition.
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Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)
أدب الهواةEt si les constellations n'existaient plus, oubliées à jamais. Et si les dieux avaient disparu, faute de se souvenir et de croire en eux, faute de les aimer. Que deviendraient alors les Saints ? Les personnages présents appartiennent à Masami Kuruma...