Dimanche 27 mars
Tout était silencieux et sombre, pourtant des centaines d'yeux surveillaient le lieu abandonné depuis des années. Autrefois, c'était un endroit réputé de certains professionnels parce que le propriétaire pouvait quasiment tous les réparer, il était le meilleur et ils étaient tous ses enfants. Aujourd'hui, ils étaient tous orphelins.
Mais cela avait-il de l'importance ?
Pour quelqu'un, oui.
Même si cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas remis les pieds dans cet endroit. Elle avait grandi ici, sous les regards bienveillants de toutes ces marionnettes. Minos les aimait, elle les trouvait magnifiques alors que d'autres les trouvaient effrayantes. Petite, elle avait joué avec chacune d'entre elles. Son grand-père lui avait appris à s'en servir, à se servir de ses fils. Sans aucun doute, son grand-père serait très fier d'elle s'il voyait comment elle pouvait désormais s'en servir, de faire des hommes ses marionnettes. Elle savait qu'il l'avait trouvé une nuit alors qu'il réparait une des poupées articulées. Il avait entendu des pleurs et en ouvrant la porte arrière de son magasin, il l'avait découverte à peine langée. Il l'avait adoptée, sans aucune hésitation, elle était sa marionnette sans fil. Mais rien à voir avec Pinocchio. Lui était un pantin de bois, elle, elle serait la marionnettiste. Il lui avait dit de ne pas parler de ses capacités, à personne. Parce que, souvent, les gens ne comprenaient pas ce genre de chose.
Pour l'heure, son regard passait d'une poupée à l'autre. Chacune ayant le droit à un bref instant d'attention de la part de la jeune fille. Enfin, elle avait pris le temps de venir leur rendre visite, parce qu'aujourd'hui, elle n'avait plus de compte à rendre à Sanctuary. Ni à personne d'ailleurs. Lorsqu'elle eut fini de dire bonjour à toutes ses amies, Minos se dirigea vers le fond du magasin, vers l'atelier, uniquement réservé à son grand-père et à elle.
« La manipulation est un art qui n'est pas accessible à n'importe qui » lui répétait le vieil homme en relevant parfois la tête de son travail. Minos hochait alors la tête. A l'époque, elle pensait que cette phrase tant prononcée ne s'appliquait qu'aux marionnettes. Aujourd'hui, elle savait que ce n'était pas vrai. Certaines personnes étaient eux-aussi des marionnettistes mentaux, des manipulateurs.
La jeune fille s'assit sur sa chaise, celle de laquelle elle observait son grand-père travailler. Sur la table poussiéreuse, une marionnette attendait que le vieil homme ne vienne finir de la réparer. Mais il était mort dans son sommeil. Minos l'avait trouvé un matin, endormi pour toujours. Elle était restée avec lui presqu'une semaine avant que quelqu'un ne s'inquiète de son absence à l'école. Elle avait sept ans. Elle n'avait jamais vraiment accepté d'atterrir dans un foyer, ni d'aller à Sanctuary. Et puis elle avait rencontré Rune. Elle avait mal rangé un livre à la bibliothèque de l'école, juste sous le nez du jeune homme. Elle avait à peine posé le livre qu'il lui avait presqu'arraché des mains pour le remettre à sa place, sans même lui adresser un mot, sans un soupir. Il avait pincé les lèvres et lui avait adressé un regard réprobateur. Après quoi, il était retourné s'asseoir à l'une des tables, replongeant le nez dans son travail. A croire qu'il ne s'était levé que pour remettre le livre à sa place. Elle s'était alors assise en face de lui, pour l'observer. Elle avait eu l'impression qu'ils s'étaient semblables. Mais il l'avait d'abord ignorée. Puis, peu à peu, ils avaient sympathisé, au point qu'elle lui avait avoué voir certaines personnes sous une autre apparence. Et Rune avait toujours gardé son secret. Du moins, jusqu'à ce qu'il les rencontre.
Mais maintenant, il était plus proche d'eux qu'il ne l'avait jamais été d'elle. Et puis, il y avait eu cette gifle qu'elle lui avait donnée un peu trop vite. Elle n'avait pas pris le temps d'analyser la situation. Elle était dans ses bras, elle l'avait vu torse nu et elle avait cru qu'il était nu, qu'elle était ... Et elle avait réagi sans lui laisser la moindre chance de s'expliquer. Seulement, elle portait un T-shirt, celui de Rune, le seul sec puisque le jeune homme n'était pas tombé dans la rivière. Ayor avait raison, c'était elle qui aurait mérité cette gifle. Mais elle ne s'était pas excusée auprès de son ami, elle aurait dû, elle le savait. Elle en avait eu l'intention mais il y avait eu ces mots, ceux prononcés par Rune en réponse à la question d'Ayor : « il n'y a rien entre nous ». Alors elle s'était sentie étrange, comme si quelque chose s'était brutalement enfoncé dans sa poitrine pendant que tout s'écroulait autour d'elle. Qu'étaient-ils alors tous les deux s'il n'y avait rien entre eux ?
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Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)
FanficEt si les constellations n'existaient plus, oubliées à jamais. Et si les dieux avaient disparu, faute de se souvenir et de croire en eux, faute de les aimer. Que deviendraient alors les Saints ? Les personnages présents appartiennent à Masami Kuruma...