Souvenirs

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Mercredi 09 décembre

Une fois de plus, Ayoros avait fait un travail de nettoyage remarquable. Mais il avait fallu toute la persuasion de Saga et Dohko pour que les adolescents ne soient pas punis.

- Ça fait quelque effet d'être sur le banc des mauvais élèves, junior ? chuchota DM en se penchant vers le jeune frère du surveillant général.

- Arrête de m'appeler comme ça.

- Ayor, je te dérange ?!

Le jeune homme secoua vivement la tête en se tassant sur sa chaise. Ayoros lui en voulait d'avoir montré les boutures alors qu'il ne comprenait pas comment ceux-ci avait repris vie. Il n'appréciait pas non plus d'avoir été absent alors que les élèves avaient eu besoin d'aide. Il avait l'impression de ne servir qu'à arranger le désordre qu'ils laissaient derrière eux sans avoir le droit de savoir ce qui s'était passé. Dohko était d'ailleurs revenu à la charge sur la fameuse agression d'Aphrodite, mais les cinq adolescents étaient restés sur la version déjà donnée. Mais ni lui, ni Shina ne semblait avoir été surpris d'avoir eu des adversaires telles que ces guêpes, ni même des capacités de Minos.

Shura, par contre, était perplexe, de ces créatures d'une part, mais également de ce qui s'était passé. Il était pompier et il avait tranché ce bras... Il revoyait encore le membre voler pendant deux secondes avant de tomber au sol. Il aurait pu blesser, voir tuer n'importe qui seulement avec sa main et cette pensée le terrifiait. Il avait écouté les récits de chacun. S'il était certain, comme les autres, que cette fois, les guêpes avaient attendu l'absence d'Ayoros pour agir, la question qu'il se posait, c'était :

- Pourquoi DM et Rune ?

- Pardon ?

- Qu'elles aient voulu se débarrasser de Minos parce qu'elle pouvait les voir telles qu'elles étaient, je peux le comprendre. Mais de tous les élèves, pourquoi s'en sont-elles prises à Rune et DM ? Surtout que, si j'ai bien compris, l'ancien professeur s'était montré très possessive sur ce dernier. C'est qu'il doit forcément y avoir une raison.

Dohko, Shina et Saga se regardèrent en silence. Ce dernier avait demandé à son frère de partir. Il ne voulait pas qu'Ayoros connaisse son existence, question de stratégie selon lui. Kanon était donc parti en haussant les épaules, du moment qu'il pouvait voir Mô, le reste il s'en moquait. Mais à trois sur sa pauvre moto ! Il ne voulait plus le faire ça ! Même s'il avait bien conscience que, ayant pris l'apparence d'Aphrodite, les guêpes auraient fini par se débarrasser de la jeune fille pour prendre totalement sa place.

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Ce soir-là, les jeunes gens quittèrent l'école soulagés. Minos comme Rune s'en était sortis sans dommage. Le médecin était venu pour examiner le jeune homme. Celui-ci n'aurait certainement qu'un méchant mal de tête, évidemment puisqu'entre temps les mains douces et chaudes de Mô étaient passées par là laissant le jeune homme dans une étrange torpeur pendant quelques secondes.

- C'était évident pourtant, avait commenté celui-ci un peu fâché contre lui-même de ne pas avoir compris. La seule façon de préférer les hommes sans être homosexuel, c'est d'être une fille.

- Mais tu aurais quand même pu nous le dire, avait rajouté Aphrodite.

- Vous ne m'avez pas demandé davantage d'explication. Et puis, à ce moment-là, je ne pensais pas rester aussi longtemps.

Rune avait soupiré mais il était bien content finalement que ce soit une fille qui ait posé ses lèvres sur les siennes et non un garçon. Cependant, il soupçonnait Mô d'en avoir fait exprès de jouer sur cette confusion, ce qu'elle ne nia pas vraiment. Etant étudiant itinérant, elle était moins vulnérable en se faisant passer pour un garçon.

Inévitablement, Milo lui avait demandé davantage d'explications sur ce « souvenir erroné ». Mô n'avait pas beaucoup de souvenir de sa petite enfance. Elle se souvenait vaguement d'un village en montagne et elle qui s'en éloignait dans les bras de Kanon. Et c'était tout. Elle avait été un peu perplexe en voyant Saga entrer dans la salle pour le cours de français, la première fois. Ce n'était qu'après avoir discuter avec Kanon qu'elle s'était vraiment souvenu de ce qui s'était passé.

Les gens de son village avaient du mal à supporter son aptitude à l'empathie. Ils avaient l'impression, fausse, qu'elle savait ce qu'ils pensaient. Mais ce jour-là, les villageois étaient plus excédés que d'habitude et c'est à Mô qu'ils s'en étaient pris. Kanon était intervenu en les empêchant de la molester. Comme il la protégeait, les villageois, ses parents y compris, dirent au jeune garçon de l'emmener, ils ne voulaient plus la voir, plus jamais et peu leur importait de savoir avec qui elle partait. Alors Kanon l'avait emmenée. Mais elle n'était restée que quelques mois avec les jumeaux. Un jour, elle n'avait plus été avec eux et Kanon lui avait dit qu'elle avait subitement disparu sans laisser de traces, « comme un rêve qui s'évanouit ».

Mais Saga avait sermonné son frère pour avoir enlevé la jeune fille comme il l'avait fait, en pleine rue. Kanon avait répondu avoir craint de perdre de nouveau sa trace avant d'embrasser Mô juste sous son oreille. Ce qui lui valut une tape sur la tête de la part de son frère et un rappel à l'ordre : Mô n'avait pas dix-huit ans.

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