Ce que je veux

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Bien sûr, le géant était le sujet de conversation de tous. Seulement, personne ne le revit, ni lui, ni la petite qu'il portait dans les bras. Peut-être qu'il n'était pas resté finalement.

A la récréation, Milo n'avait pas cherché son camarade de chambre mais c'était plutôt Camus qui le cherchait. Il n'acceptait pas son silence à propos des coups portés par son père.

- Tu se sens frustré parce qu'il a abrégé votre combat, commenta DM.

- Frustré ? répéta Camus.

- DM, soupira Aphrodite, tout le monde n'est pas comme toi, un bagarreur.

- Ce n'est peut-être pas totalement idiot, continua Mô. Même si je n'approuve pas, au moins cela te défoulerait. Cela a bien réussi à DM.

Ce dernier avait trouvé le moyen de se battre contre Milo, peu de temps après son retour, le lendemain en fait, dans l'enceinte de l'école, preuve si quelqu'un en doutait, que DM se portait parfaitement bien. Et même si ça leur avait valu des heures de colle à tous les deux, l'un comme l'autre semblaient satisfaits de cet affrontement.

Camus en avait fait la proposition à Milo, mais avec une petite condition : si c'était lui gagnait, Milo parlait de la maltraitance qu'il avait subit, par contre si c'était Milo qui gagnait, il le laisserait tranquille, à contre cœur.

- Vraiment ? lui demanda Milo pas totalement convaincu. Et toi, tu seras plus amical moi. (Camus le regarda fixement). Mm, non, ça ne changera rien. Alors je n'en vois pas la nécessité.

Il s'éloigna en laissant Camus planté au milieu de la cour. Ce dernier était obstiné, il reviendrait à la charge. Et la vérité c'est qu'il aurait bien aimé terminé ce combat. Mais les conditions qu'il lui avait imposées ne lui plaisaient pas. Ce qu'il avait dit... et puis, il n'était pas certain de gagner. Le coup que lui avait porté Camus pendant le combat cette après-midi-là, était puissant, sans compter le froid qu'il avait dégagé, même s'il semblait ne pas s'en être vraiment rendu compte.

Camus le regarda s'éloigner. Mô l'avait persuadé de rester mais lui ne savait pas trop si c'était ce qu'il voulait. Etait-il vraiment frustré que Milo ait abandonné le combat ? Il était vrai qu'il n'avait pas voulu de ce genre de victoire, aussi facile, alors que ces amis avaient dû se battre plus que lui.

Il le regarda s'arrêter devant une jeune femme.

- Bonjour, Milo. J'ai bien failli ne pas te reconnaître.

- Me reconnaître ?

Lui, il l'avait bien reconnue, la jeune femme qui lui tendait un journal. Milo s'en saisit avant de jeter un coup d'œil sur une photo en première page.

- L'aquarium...

- Tu imagines ma surprise... en te voyant dans le journal et en apprenant que tu étais à l'école. Toi ! C'est plutôt surprenant...

- Si c'était pour me dire ça, ce n'était pas la peine de te déranger !

Milo rendit brutalement le journal à la jeune femme. Celle-ci s'en saisit comme elle put.

- Ne le prends pas comme ça, tu n'as jamais été douée à l'école. C'est bien pour ça que tu es partie, parce que tu étais nulle. Alors te retrouver là, à Sanctuary en plus, une des meilleures écoles...

A quelques pas derrière elle, Camus fut surpris par la tonalité de la voix de Milo. Lui d'habitude si jovial se montrait sec, presque agressif envers la jeune femme. Cette dernière posa son regard sur lui. Milo se retourna vers lui à son tour avant de faire de nouveau face à son interlocutrice

- Ne rêve pas, il est gay, lui envoya Milo en réponse au regard avide qu'elle avait posé sur le jeune homme aux cheveux sombres. Et la plupart des mecs n'ont pas dix-huit ans ici, alors oublie.

- Milo, attends ! l'interpela la jeune femme en le regardant s'éloigner.

Sans attendre, Camus avait suivit Milo jusqu'au foyer. Il le retrouva dans la chambre. A quatre pattes, il farfouillait sous son lit.

- Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu avais des difficultés avec les cours ? lui demanda-t-il.

Milo se releva brusquement pour planter son regard bleu dans celui de son camarade de chambre.

- Des difficultés ? C'est pas ce que je dirais.

- Tu n'es pas nul.

- A l'école, si, continua Milo en sortant son sac de dessous le lit pour le poser dessus.

- J'aurai pu t'aider si tu me l'avais dit.

- Excuses-moi ! TU m'as dit que l'on n'avait rien à se dire !

- Là, c'est différent. Je t'aurai aidé.

Milo secoua la tête. En se dirigeant vers l'armoire. Mais Camus l'empêcha d'en ouvrir la porte en y posant sa main.

- Ton père n'a jamais levé la main sur toi, n'est-ce pas, lui dit Camus. C'était autre chose...

Milo s'immobilisa, la main posée sur la poignée de la porte mais il ne se tourna pas pour autant vers le jeune homme. Oui, c'était autre chose mais il avait espéré ne jamais avoir à en reparler, surtout pas à lui.

- Tu ne peux pas continuer à te cacher.

- C'est mon problème, lui répondit-il en s'éloignant de l'armoire. Pas le tien.

- Je ne peux pas fermer les yeux.

- Tu ne peux pas... mais tu ne veux même pas que l'on soit ami !

- Non, je ne peux pas devenir ton ami.

- Pourquoi ?

Camus s'adossa sur l'armoire. Il sentait le regard intense de Milo posé sur lui. Comme il ne répondait pas, Milo s'assit sur son lit. Il posa ses coudes sur ses genoux et il baissa la tête pour fermer les yeux.

- Ce n'est pas suffisant, finit par dire Camus d'une voix à peine audible.

- Je ne vois pas...

- Tu ne comprends pas ? Moi, j'ai eu du mal à comprendre ce que je ressentais pour toi. Je ne veux pas que tu sois juste un ami.

Il écarquilla les yeux. Il n'avait rien vu finalement.

Milo n'avait pas vu Camus venir s'agenouiller près de lui. Celui-ci posa sa main sur le genou du jeune homme et il se redressa juste assez pour l'embrasser sur les lèvres. Milo fut surpris mais il finit par se laisser emporter par ses sensations. Il avait juste voulu devenir son ami. Il ne s'était pas attendu... « Un ami ». Non, Camus était tombé amoureux...

Milo recula pour plonger ses yeux bleus dans le regard sombre de Camus. Celui-ci voulut l'embrasser de nouveau mais Milo le repoussa en posant sa main sur l'épaule du jeune homme.

- Je ne suis pas ce que tu crois, lui dit Milo dans un souffle.

- Peu m'importe vos préférences du moment que vous ne faites pas de galipettes ici !

Les deux jeunes gens tournèrent la tête vers l'entrée de la chambre. Albior se trouvait sur le pallier. Son regard était sévère. Camus, comme Milo, se sentait mail à l'aise. Ce dernier sentit ses joues chauffer. Il aurait voulu se trouver ailleurs à ce moment-là.

- Est-ce bien compris ?

- Oui, monsieur, répondit Camus en se redressant.

- Milo ?

- Oui, monsieur, c'est clair.

- Bien. Milo, Ayoros veut te voir.

Milo se leva pour suivre Albior sans regarder Camus. Il sentait encore la sensation laissée par le jeune homme sur ses lèvres. Mais il se sentait aussi très mal à l'aise. Il lui mentait. Camus semblait l'aimer et lui... Ce n'était pas de chance, pour l'un comme pour l'autre. Pourquoi ne s'était-il pas contenté de son amitié ? Milo, lui, s'en serait contentée...

Finalement, son grand-père avait peut-être raison. Il ratait tout.

Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant