L'Anglais

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Mardi 02 février

Saga ouvrit péniblement les yeux. Son esprit était embrumé mais son mal de tête semblait s'être dissipé. Il regarda un instant autour de lui. Il se redressa brusquement dans son lit. Non, ce n'était pas son lit ! Ce n'était pas sa chambre non plus. Où était-il ? Tout était plongé dans l'obscurité ce qui l'empêchait de distinguer la pièce. Il chercha sur le côté une table de chevet, une lampe. Il trouva un petit interrupteur. Il ferma les yeux pour éviter d'être aveuglé par la lumière de la veilleuse mais quelqu'un avait pris soin de poser un linge sur l'abat-jour, la lumière s'en trouvait donc tamisée.

Il détailla la pièce. Effectivement, ce n'était pas sa chambre. La décoration était plutôt moderne et quelque peu froide selon Saga.

Il se leva. Ses pieds rencontrèrent ses chaussures placées bien côte à côte sur un tapis gris. Sa veste et sa cravate étaient soigneusement posées plus loin sur le dossier d'une chaise. Il avait dormi avec son pantalon et sa chemise qui étaient maintenant froissés mais il ne savait toujours pas où il était, la pièce ne lui fournissant aucune indication.

Il ne se rappelait pas non plus ce qui s'était passé la veille. Il avait quitté son cours hier, lui semblait-il. Mais il avait déjà mal à la tête et ses idées étaient embrouillées. Il ferma les yeux pour tenter de rassembler ses souvenirs. Ayoros lui avait dit de rentrer. Oui, il lui avait dit qu'il n'était pas en état de faire cours. Les cours ! Quelle heure était-il ? Un coup d'œil sur sa montre. Six heures dix. Il devrait avoir le temps de rentrer chez lui pour prendre une douche avant d'aller en cours. Mais d'abord, il devait savoir où il se trouvait.

Il enfila ses chaussures et sa veste. Puis, il enfourna sa cravate soigneusement pliée dans sa poche avant de sortir de la chambre. Il s'immobilisa dans le couloir pour écouter. Aucune lumière, aucun bruit. Plus loin, il aperçut un escalier, baigné d'une faible lueur. Il semblait être dans une maison. Il descendit en portant son regard aussi loin qu'il le put. Mais il ne voyait personne, il n'entendait rien.

- Enfin réveillé. Ce n'est pas trop tôt.

Saga tourna brusquement la tête en entendant cette voix dure. Derrière son bureau, un homme avait le nez plongé dans ses notes. Il ne releva pas la tête pour regarder son invité. L'enseignant le dévisagea un long moment avant que celui-ci ne daigne relever ses yeux vers lui. Son regard était aussi dur que sa voix mais Saga ne tressaillit pas. Ce genre d'énergumènes, il en avait déjà croisé, la seule différence : celui-ci était plus stylé et semblait plus fier. Il vida d'un trait sa tasse avant de se lever pour s'approcher de son invité.

- Que m'est-il arrivé ? demanda Saga sans le quitter du regard.

- Une sacrée gueule de bois, je dirais.

L'homme sourit, railleur. Ils se défiaient et pas seulement du regard. Ils s'affrontaient en silence et ça semblait plaire à l'autre.

- Je ne bois pas, répondit Saga d'un ton sec, furieux d'être comparé à un ivrogne.

- Vraiment ? Et bien, vous avez dû faire une exception hier, parce que vous étiez dans un état pitoyable.

Il s'approcha de Saga. Du thé. Le professeur en reconnut l'odeur. Il buvait donc du thé et à son léger accent, il devina que son hôte devait être anglais, avec un excellent français. Mais pourquoi avoir ramené chez lui un étranger qui, apparemment, était dans un état d'ébriété avancé. Maudite migraine ! Il ne se rappelait pas de ce qu'il avait fait la veille !

- Je vais prendre congé, continua Saga sans relever la remarque désobligeante de son hôte. Je vous remercie.

Le professeur n'avait rien bu. L'homme n'avait pas senti cette haleine désagréable que peuvent avoir les alcooliques et puis, on lui avait simplement parlé de maux de tête violents, d'où les lumières tamisées dans sa maison. Il s'approcha encore de Saga, pour passer, pour aller lui ouvrir la porte. Sa main frôla celle de l'enseignant. Il ferma les yeux un instant alors qu'un frisson parcourait son corps à ce frêle contact. Il eut un léger sourire. Il adorait cette sensation. Il se laissa submerger pendant une seconde avant de se reprendre. Cet homme près de lui était dangereux, il pouvait le sentir.

Saga sentit également sapeau frémir. Sa respiration s'accéléra pendant un instant mais il la contint,il ne voulait pas se laisser submerger, par quoique soit. Il devait garder lecontrôle. Il regarda cet homme se diriger vers la porte d'entrée. Il ledétailla longuement alors qu'il lui tournait le dos. Oui, son hôte étaitpuissant. Une puissance contrôlée.

Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant