Larmes

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Samedi 30 janvier

Aphrodite avait laissé Minos réveiller Rune. Elle avait amené de quoi préparer un petit déjeuner. Il n'y avait plus rien dans les placards. Avec ses amis, ils avaient emmené à Silver Moon tous les produits alimentaires. Elle virevoltait presque dans la cuisine, heureuse de quitter enfin cet endroit. Bien sûr, Mô lui avait proposé de venir habiter avec elle. Enfin, avant... Bref, son amie lui avait dit qu'elle ne devait pas rester seule. Mais Aphrodite n'avait pas voulu, elle ne voulait pas envahir l'espace de vie de son amie, d'autant que le studio qu'occupait Mô était très bien pour une personne, mais pas pour deux. Alors elle avait vu avec Ayoros et celui-ci lui avait proposé une place en foyer. Aphrodite avait eu un avis un peu partagé. Quand à être en foyer, elle aurait voulu partager la même chambre que Minos. Là, ça aurait pu être sympa. Mais ce n'était pas possible. Et puis, la proposition de Milo était tombée à pic. Elle en avait discuté avec Minos pour qu'elle vienne, elle-aussi, et cette dernière avait répondu qu'elle verrait ça plus tard.

La jeune fille ouvrit un placard pour prendre des verres. Son regard se posa sur un petit objet qui traînait dans le fond du meuble. Aphrodite s'en saisit pour l'observer un moment. Elle se souvenait parfaitement de ce petit coquetier en bois. Elle l'avait peint à l'école pour la fête des mères, elle devait avoir quatre ou cinq ans. Elle avait été toute fière à ce moment-là de l'offrir...

Elle sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres, mais un sourire tremblant. Et ses yeux, ils avaient subitement envie de pleurer. Sa gorge, elle se nouait de plus en plus en repensant à ce souvenir. Elle posa une main sur sa bouche pour s'empêcher de pleurer mais en vain. Ses yeux se remplirent de larmes sans qu'elle puisse les en empêcher. Ce petit coquetier... elle s'était tellement appliquée pour le peintre, pour voir un sourire sur le visage de... de... Les yeux rivés sur le petit cadeau, Aphrodite ne parvenait pas à se retenir. Les larmes coulaient sur ses joues. Elle sentit son cœur peser de plus en plus lourd dans sa poitrine à mesure qu'elle repensait à tous ses souvenirs qu'elle avait dû partager avec ces gens, sans savoir... Avec eux, qui s'étaient imposés comme étant ses parents. Ils avaient tout partagé, ses rires comme ses pleurs. Ils l'avaient consolée chaque fois qu'elle en avait eu besoin, ils l'avaient choyée et couvée, un peu trop peut-être.

Mais tout ça était faux ! Toute sa vie n'était qu'une illusion. Ce n'était pas avec eux qu'elle aurait dû grandir. Ce n'était pas avec eux qu'elle aurait dû rire. Pas eux qui auraient dû la consoler lorsqu'elle en avait eu besoin. Eux qui l'avaient toujours confondue avec une poupée.

« Elle n'a rien d'une jolie poupée ».

Les mots de cette femme raisonnaient désormais dans l'esprit de la jeune fille. Comment pouvait-on ne pas aimer son enfant, simplement parce qu'il ne ressemblait à ce que l'on souhaitait ? Comment pouvait-il le détester au point de l'abandonner, de vouloir sa mort ?

Elle, elle ressemblait un peu à sa mère, surtout les yeux. C'était tout ce qu'elle savait. C'était tout ce que l'infirmière avait pu lui dire lorsque la jeune fille était allée la voir. Ça et le bonheur qu'Aphrodite leur avait apporté en naissant. Bonheur de courte durée, piétiné, massacré par des gens sans scrupule.

Aphrodite s'effondra à genoux, submergée par les sanglots qui débordaient de tout son être. Mais ils étaient trop nombreux et certains d'entre eux restaient bloqués dans sa gorge et sa poitrine.

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Dans le salon, Rune avait étalé des livres sur la table basse et sur la banquette. Un ou deux étaient même tombés sur le tapis. Minos resta un instant immobile. C'était étrange comme vision, surtout venant de la part du Rune. Lui si ordonné, si maniaque sur le rangement et l'ordre, là c'était... limite le capharnaüm. Le jeune homme dormait, assis par terre et la tête sur le livre ouvert posé sur la banquette. L'une de ses mains tenait un autre ouvrage. Rune et les livres, c'était une grande histoire d'amour dans laquelle Minos n'avait pas sa place. Celle-ci se demanda jusqu'où son ami pourrait aller pour un livre.

Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant