Samedi 06 février
La vie et ses habitudes s'étaient installées presque tranquillement à Silver Moon. Rune était un peu pénible parfois avec son ordre excessif mais cela ne semblait pas perturber Milo qui persistait à ranger les choses là où elle trouvait de la place.
Milo n'avait jamais été aussi contente. Elle se sentait bien. Pour la première fois de sa vie, elle n'avait pas l'impression d'être indésirable. Elle le savait maintenant. Elle avait été idiote de partir comme elle l'avait fait en se laissant submerger pas ses émotions et ses souvenirs. Maintenant, elle avait l'impression d'avoir une famille, des gens sur qui elle pouvait compter. Elle avait bien fait de l'écouter finalement, ce type étrange après cet après-midi de combats. Il lui avait parlé d'un changement de vie et il ne s'était pas trompé. Bon, elle avait un peu de mal avec la vie sédentaire c'était surtout parce qu'elle avait toujours beaucoup d'énergie à dépenser, selon certains, elle avait la bougeotte. Bien sûr, elle courait le matin, de nouveau avec Camus. Ils se rejoignaient, à peu près à mi-chemin entre la maison et le foyer, et c'était à celui qui arriverait avant l'autre ; et le soir, elle se faisait une petite bagarre avec DM.
- Ce n'est pas un spectacle pour un enfant ! s'était indignée Aphrodite.
La jeune fille n'aimait pas les voir se battre, même si elle savait que pour eux ce n'était qu'un divertissement. Elle n'aimait pas non plus les voir se rapprocher comme ils le faisaient. Bien sûr, Milo comme DM étaient ses amis et c'était tant mieux s'ils s'entendaient bien. Tant qu'il s'agissait de se battre, ils étaient partant, l'un comme l'autre. Mais ils étaient aussi devenus très proches et complices. Normal, ils partageaient le même goût pour la bagarre et les plaisanteries douteuses.
Et elle...
Et bien, tant pis pour elle. Elle essayait de se persuader qu'elle avait bien fait de mettre un terme assez rapidement à leurs relations intimes, ça aurait était plus dur s'ils avaient dû se séparer maintenant, enfin surtout pour elle parce que pour DM, ce n'était qu'une façon de se soulager de la tension que lui faisait subir Melle Lorane. Et puis, il aurait pu... Elle frissonnait à chaque fois qu'elle pensait à ce qu'elle aurait pu faire, à ce que son sang aurait pu faire à son ami. Elle en parlait parfois avec Minos. Celle-ci lui avait dit qu'elle ne risquait pas de faire du mal à quelqu'un avec un simple contact mais Aphrodite ne voulait pas prendre de risque, alors elle évitait de toucher les autres. Pour l'instant, seuls Rune et Minos s'en étaient aperçus.
Minos. Elle était réfractaire à beaucoup de chose. Surtout lorsque ça venait d'Aphrodite et qu'il s'agissait de beauté. Elle ne voulait pas que son amie la rende « plus belle », ça ne servait à rien de toute façon, elle était comme elle était.
- Ça n'a rien à voir, Minos, c'est seulement prendre soin de toi ! lui avait répondu son amie alors que Camus et Milo avait les deux mains posées à plat sur la table pendant qu'Aphrodite posait le vernis, noir pour le premier et rouge pour la seconde.
Même si cette dernière avait la bougeotte. A se demander comment le vernis de Milo n'était pas abîmé à peine posé. Enfin, heureusement qu'il séchait en une minute !
Pour l'heure, Aphrodite était parvenue à entraîner Minos dans la jardinerie la plus proche, histoire de faire un peu de repérage sur les fleurs qu'elle allait planter dans le jardin. Mais elle devrait se contenter d'un minimum puisque aucun de ceux qui étaient majeurs, à savoir DM, Rune et Milo, n'avaient le permis de conduire.
La jeune fille flânait au milieu des plantes en rêvant. Elle faisait des associations, des arrangements. Elle les imaginait très bien, ces immenses et splendides jardins à l'architecture complexe. Dans sa tête, elle se promenait au milieu des allées fleuries, elle sentait les odeurs florales, différenciant chacune des essences. Hm... les roses... décidément, cette fleur était vraiment sa préférée. La plus belle entre toutes. La plus parfaite, de sa naissance à sa mort. Elle sentait la fragrance de la fleur l'envahir totalement et circuler dans son sang à chaque battement de son cœur.
Elle ouvrit subitement les yeux, revenant à la simple réalité de la jardinerie. Elle chercha Minos du regard. Son amie était plus loin, elle s'était arrêtée devant les plantes carnivores. Mais son attention se portait au loin. Aphrodite la rejoignit et en posant sa main sur l'épaule de son amie, elle lui demanda si tout allait bien.
- Non, ça ne va pas du tout, répondit sèchement Minos. C'est une guêpe, elle, là-bas.
Une... Aphrodite avait dû mal entendre. Une guêpe ?! C'était impossible, Saga, Ayoros et Dohko avait brûlé leur nid ainsi que les guêpes, y compris celle qui les avait guidés jusqu'au garage. Ça avait d'ailleurs posé un petit problème de conscience, enfin surtout à Rune et à elle, mais pas à Shina. Pourtant c'était bien elle qui lui avait dit qu'elle pourrait vivre si elle les aidait. Mais bon, ils étaient censé s'être débarrassé des guêpes et là Minos lui annonçait que cette femme, là-bas était l'une d'entre elle. Laquelle d'abord, il y en avait trois ! L'une elle s'en était donc sortie. Etait-ce la seule ou bien y en avait-il d'autre ? Aphrodite serra les dents. A cause d'elle, leur amie ne se souvenait plus d'eux et de tout ce qu'ils avaient vécu. Elle sentit une bouffée de colère monter en elle et elle voulait aller lui dire deux ou trois mots à cette maudite guêpe !
- Non, n'y va pas !
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Dohko rentrait de ronde avec Shina. Ils discutaient de tout et de rien, surtout lorsqu'ils étaient au poste de police. Ils écoutaient vaguement les discussions autour d'eux. Shina attira l'attention de son collègue sur une jeune fille devant l'accueil. Dohko la dévisagea un moment, elle semblait indécise. Surprenant lorsqu'on la connaissait. Il se décida à aller lui parler.
- Mô ? Tout va bien ? lui demanda-t-il.
Elle tourna la tête vers lui, le fixant d'un regard un peu perdu. Le policier fronça les sourcils, voilà une expression inhabituelle sur le visage de la jeune fille. Elle le détailla en retour. Il l'avait appelée par son prénom, donc ils se connaissaient.
- Je... je crois que j'ai tué des gens.
Dohko fixa davantage la jeune fille, fortement surpris par une telle déclaration. Forcément, il lui demanda davantage d'explications. Et Mô raconta que depuis quelques jours, un rêve revenait perturber sans cesse ses nuits : elle se voyait massacrer des gens, tout un village en fait. Derrière son accueil, le policier la fixait, attentif à ses propos. Dohko reprit ses esprits en voyant le subit intérêt de son collègue.
- C'est juste un rêve, Mô. N'oubliez pas que vous êtes restée inconsciente pendant plusieurs jours. Et puis, vous avez perdu une partie de vos souvenirs. C'est peut-être juste une illusion de votre esprit, un moyen pour lui de représenter vos souvenirs manquants.
- Ça m'arrive aussi, intervint le policier de l'accueil, je rêve que je tue mon voisin tellement il est pénible !
- Vous voyez, je crois vraiment que ce n'est qu'un rêve. Quand à toi, Sam, fais gaffe ! Parce que maintenant, s'il arrive quoique ce soit à ton voisin, je commencerai par t'interroger !
Les deux hommes rigolèrent un moment puis Sam, visiblement rassuré, reprit son travail. Dohko entraîna Mô à l'écart. Contrairement à son collègue, il prenait très au sérieux le récit de la jeune fille. Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, Dohko lui demanda davantage d'explications, de détails sur ce rêve. Gênée, Mô lui sourit en s'excusant du dérangement. Elle se sentait un peu idiote de ne pas avoir pensé à cette explication. Le policier avait raison, ces gens dans son rêve représentaient certainement chacun des souvenirs qu'elle avait oubliés. Elle s'excusa de nouveau avant de prendre congés. Dohko et Shina la regardèrent s'éloigner en silence. Ils ne pouvaient pas la forcer à parler. Et puis, la connaissant, elle ne dirait rien de plus, ils en avaient déjà fait l'expérience le jour où Aphrodite avait été agressée.
- Que vas-tu faire ? lui demanda Shina.
- Mô n'est pas du genre à parler pour ne rien dire. Si elle a parlé de ce rêve, c'est parce que c'est sérieux et que ça l'inquiète.
- Et donc, tu vas chercher.
- Ouais. J'ai quelques jours de congés à prendre, je vais voir si je peux les poser.
- Tu vas faire comment. Elle n'a pas dit grand-chose.
Suffisamment. La jeune fille en avait dit suffisamment. Enfin pour Dohko. S'il s'agissait d'un souvenir refoulé, comme il le pensait, les événements avaient eu lieu dans sa petite enfance. Et comme il la savait Tibétaine, c'était là-bas qu'il comptait se rendre.
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Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)
FanfictionEt si les constellations n'existaient plus, oubliées à jamais. Et si les dieux avaient disparu, faute de se souvenir et de croire en eux, faute de les aimer. Que deviendraient alors les Saints ? Les personnages présents appartiennent à Masami Kuruma...