Jeudi 11 février
La porte d'entrée se referma et Rhadamanthe laissa tomber ses clés dans la coupelle posée sur le meuble de l'entrée. La journée avait été monotone aujourd'hui. La plaidoirie de l'avocat et le réquisitoire du procureur l'avaient assommé. Ils avaient manqué d'imagination, l'un comme l'autre, pour défendre leurs positions. Même lui aurait fait mieux à leurs places.
Pour l'instant, un verre de whisky lui ferait le plus grand bien. Il le boirait dans son bureau, puisque son salon était toujours en travaux. Il se demandait d'ailleurs comment son service en cristal avait pu échapper au massacre lorsque l'on voyait l'étendu des dégâts. L'entrepreneur était resté sidéré à la vue de l'état de la pièce mais en voyant le visage austère du juge, il n'avait pas osé demander ce qui s'était passé, ni même lancer une blague quelconque.
Le juge se stoppa à l'entrée du salon. Le regard perçant d'un homme assit dans la banquette déshabillait Rhadamanthe sans aucune retenue. Le juge détailla l'attitude de l'autre. Provocante. Il était assis, les jambes écartées, les bras posés le long du dossier, il semblait s'offrir totalement. Le juge tiqua. Dommage, il était habillé. Dommage ou heureusement, sinon il lui aurait certainement sauté dessus. Le regard comme le sourire de l'homme étaient un appel au vice, pur et simple et Rhadamanthe dut lutter de toutes ses forces pour y résister aussi bien que pour garder contenance.
- Je suppose que j'ai un carreau cassé.
L'autre n'ayant pas les clés et la porte d'entrée n'ayant pas été fracturée, c'était la seule solution qu'il voyait.
- Dans la cuisine, répondit son invité, visiblement satisfait de son méfait.
Il suivit du regard le juge faire le tour de la pièce, détaillant d'un air lubrique chacun de ses mouvements. Il passa sa langue sur ses lèvres avides de ce corps qui semblait le narguer. Rhadamanthe ferma les double-rideaux dont il avait simplement reposé la tringle sur ses supports pour avoir un peu d'intimité le soir.
- Je suis allé te voir, chez toi, chuchota Rhadamanthe à l'oreille de son amant tout en posant ses mains sur les épaules de l'homme pour le masser lascivement.
L'autre bascula la tête en arrière en laissant échapper un léger soupir, la calant dans le creux du cou du juge, s'offrant totalement à son hôte. Le juge sentit la peau chaude de l'homme frémir à ce contact alors que ce dernier laissait échapper un long soupir. Rhadamanthe sourit en voyant le désir de son amant augmenter. Alors tout doucement, il fit descendre ses mains le long de ses bras, calant lui-aussi son visage contre son cou.
- Je ne connais pas ton nom, lui souffla l'homme de loi en ramenant lentement ses mains vers les épaules de son amant provoquant chez lui une montée subite de désir.
- Est-ce vraiment important ?
Rhadamanthe déposa un léger baiser juste sous l'oreille de son amant, laissant haletant l'homme assis sur la banquette.
« Arlès » souffla l'invité sous la douce torture. Aussitôt Rhadamanthe relâcha son emprise, laissant l'autre sur sa faim. Mais le juge devait s'éloigner, il se sentait sur le point de céder aux appels scabreux de son amant d'un soir et cette fois, il voulait garder le contrôle, ne pas se laisser aller par un quelconque instinct primaire. Il devait s'éclaircir les idées, faire ce qu'il était venu faire dans son salon avant que le dessert ne lui soit présenté : prendre un verre de whisky.
- Je suis allé prendre de tes nouvelles, répéta le juge, le dos tourné, tout en versant le liquide ambré entre la fine paroi circulaire de cristal.
Presque contrarié de cette interruption, Arlès suivit du regard les mouvements de son juge, parce qu'il était à lui et uniquement à lui. Il se leva brusquement en le voyant se servir un verre d'alcool. En deux secondes, il passa sa main gauche autour de la taille du juge pour le plaquer contre lui et lui faire sentir son désir. Saisi, Rhadamanthe baissa le verre qu'il s'apprêtait à porter à ses lèvres. De son autre main, Arlès se saisit du verre.
- Ne bois pas.
Soufflé dans son oreille, les mots du troisième Gemini eurent le même effet qu'une gorgée de whisky dans sa gorge, en bien plus chavirant.
- Pourquoi ?
- Ça rend mauvais.
- La cicatrice derrière ton épaule, se hasarda le juge, c'était ton père ?
- Il avait la main encore plus lourde lorsqu'il avait bu, finit par dire Arlès en déposant un baiser à la base du cou du juge.
Ce dernier lâcha son verre, abandonnant définitivement toute idée de le boire. Finalement, Arlès avait sur lui un effet bien plus attrayant.
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Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)
FanficEt si les constellations n'existaient plus, oubliées à jamais. Et si les dieux avaient disparu, faute de se souvenir et de croire en eux, faute de les aimer. Que deviendraient alors les Saints ? Les personnages présents appartiennent à Masami Kuruma...