Jeudi 21 avril
Les vacances d'avril. Les jours se déroulaient tous de la même façon : les jeunes gens parcouraient les rues de la ville. Ils déposaient Myu au foyer des enfants en début d'après-midi pour qu'il puisse jouer avec Hadès et que DeathMask puisse lui aussi participer aux recherches. Ce qui leur permettait de ne pas s'inquiéter à propos de l'enfant un peu trop gesticulant et de rester concentrés sur leur objectif : retrouver Minos. Mais les recherches restaient infructueuses. Minos ne parlait jamais d'elle, ils ne savaient donc pas ce qu'elle aimait, où elle aimait se rendre. Ce qui rendait les recherches difficiles et hasardeuses. Même Rune en savait peu, finalement. Il s'aperçut seulement maintenant qu'il avait très peu parlé avec son amie et qu'il ne savait quasiment rien sur elle. Et cela le rendait encore plus triste, en plus il n'avait aucune photo d'elle, la jeune fille n'aimant pas se laisser photographier.
Même Ayoros ne savait pas où était partie la jeune fille. Il s'était rendu dans la petite boutique de son grand-père. Enfin, il s'était surtout abstenu de leur dire qu'il y avait effectivement vu la jeune fille donc, officiellement, elle y était sûrement passée mais il ne l'avait pas vue et il n'avait rien dit à son frère, celui-ci passant davantage de temps avec le groupe, aurait risqué de leur dire, ce que Ayoros pouvait parfaitement comprendre. Il avait même demandé à Shina, puisque Dohko s'était absenté pour une durée indéterminée, de retrouver la jeune fille. Au moins pour s'assurer qu'elle se portait bien et connaitre les raison de son départ si soudain mais la policière lui avait dit qu'ils ne pouvaient pas faire grand-chose vu qu'elle était majeure. Mais elle garderait l'oreille tendue sur toutes les informations qui pouvaient leur parvenir. C'était tout ce qu'elle pouvait faire.
Ce soir encore, le groupe ferait un détour par le foyer de Minos après être encore passé par la boutique du réparateur de marionnettes fermée depuis la mort du grand-père de la jeune fille. Ils voulaient savoir si leur amie était revenue entre temps. Mais la réponse était toujours la même.
Alors déçus ils reprirent le chemin du foyer, pour y récupérer Myu. Il y avait du monde ce soir dans les rues près du centre ville, il avait fait beau toute la journée et les gens en profitaient pour sortir. Ils auraient pu prendre le trajet le plus court pour récupérer leur petit papillon mais ils préféraient passer par le centre ville. Rien de mieux que la foule pour se cacher et le jeudi, il y avait toujours plus de monde, sur la route comme sur les trottoirs.
Mô aurait tout intérêt à bien tenir la main de Myu lorsqu'ils rentreraient. L'enfant avait tendance à aller voleter un peu partout surtout lorsqu'il faisait aussi beau et elle ne voulait pas prendre le risque de le perdre parmi cette foule. Ça pouvait aller si vite, les petits à cet âge-là.
Elle se figea d'un seul coup, s'immobilisant, soudainement pétrifiée. Cette présence. Elle la reconnaissait, c'était elle. Ou plutôt lui. Depuis quelques temps, elle ne l'avait plus senti. Il était revenu alors. Elle s'était crue tranquille. Hadès lui avait pourtant dit qu'il la laisserait en paix. Mais visiblement, il ne lui avait pas obéi. Pourquoi le ferait-il d'ailleurs ? Le petit brun n'était qu'un enfant ! Elle senti son cœur s'emballer. Il venait de la saisir brutalement, elle était serrée contre lui, dans ses bras. Pourquoi ? Alors que jusque-là, il s'était contenté de resté près d'elle ?
Il était réapparu. Elle ne parvenait plus à bouger. Elle avait peur de ce qu'il pourrait lui faire. Elle se souvenait parfaitement de sa présence. Son absence dans ses rêves lui avait permis de mieux le cerner, de mieux distinguer ce qui le caractérisait. Et le fait était qu'elle avait peur de lui, elle le sentait froid et implacable, comme cet homme rencontré sur la Lune par Minos et Camus, capable de tuer sans même sourciller.
Elle fronça les sourcils. Non, c'était différent, quelque chose n'était pas comme d'habitude. Il la serrait contre lui, comme il l'avait déjà fait dans ses rêves. Mais là, elle ne rêvait pas. Il avait calé sa tête tout contre le cou de la jeune fille, comme si...
Le tumulte autour d'elle, elle ne le percevait pas. Toute son attention était tournée sur cette présence qui l'étreignait si fortement. Elle n'entendait pas les cris, des passants comme de ses amis. Elle restait debout et immobile, dans ses bras.
Doucement, l'étreinte s'estompa. Ses bras se baissèrent lentement. Elle mit encore quelques secondes avant de se retourner, son cœur martelant sa poitrine et essayant tant bien que mal de maîtriser sa respiration. Il releva la tête pour plonger dans les yeux verts stupéfaits de la jeune fille.
- Hypnos, souffla-t-elle surprise.
Alors c'était lui. Hadès ne lui avait pas donné son nom, sinon elle aurait fait le rapprochement entre les deux, entre la présence de cette "âme" et l'homme qu'elle avait rencontré dans la rue. L'enfant le connaissait-il seulement ? Il avait juste dit que cette âme la laisserait tranquille maintenant.
Mais c'était lui, cette âme qui la hantait depuis son réveil, à l'hôpital. Il était bien plus qu'une âme alors puisqu'elle l'avait rencontré deux ou trois fois, ils avaient même parlé. A aucun moment elle ne s'était doutée qu'il était cette présence oppressante qui la suivait partout jusque dans ses rêves. Jamais elle ne s'était souvenue de son visage à son réveil, seulement de sa présence. Ce n'était donc pas un hasard, il était bel et bien dans ses rêves.
Mais aujourd'hui, il était différent dans ses expressions. Son sourire, son regard étaient plus doux, pour de vrai. Il posa délicatement sa main sur la joue de la jeune fille, douce et chaude.
- Mon doux rêve.
Mô sentait son cœur battre à toute allure. Pourquoi battait-il si vite ? Et pourquoi cette peur soudaine ? Différente de celle qu'elle avait ressenti en le sentant la prendre dans ses bras. Elle sentit la main d'Hypnos glisser sur sa joue, comme s'il perdait sa force et ses larmes montaient dans ses yeux verts. Un dernier regard encore et il s'écroula. Mô baissa la tête. Hypnos était là, allongé au sol, son visage toujours tourné vers elle comme s'il ne voulait pas la perdre de vue mais ses yeux étaient clos.
Lentement une auréole rouge se dessinait sur le sol. La jeune fille sentait la vie du doré s'évaporer doucement, à chacune de ses respirations. Elle s'écroula à son tour auprès de lui. Elle le releva un peu pour passer sa main tremblante sur la blessure de son âme égarée. Camus lui avait dit qu'elle pouvait soigner. Elle devait le faire. Elle ne voulait pas qu'il meure. Elle voulait savoir pourquoi il l'avait hantée. Elle implorait en silence Thanatos de pas lui ôter la vie.
Enfin Hypnos ouvrit un peu les yeux mais il ne vit pas le sourire fragile sur le visage de la jeune fille. Il sembla juste s'adresser à quelqu'un d'autre, dans un souffle. Un dernier.
- Ma vie contre la sienne.

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Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)
FanfictionEt si les constellations n'existaient plus, oubliées à jamais. Et si les dieux avaient disparu, faute de se souvenir et de croire en eux, faute de les aimer. Que deviendraient alors les Saints ? Les personnages présents appartiennent à Masami Kuruma...