Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)

Tu vas me croire

Mercredi 10 février

DM fulminait et Milo boudait plus ou moins. L'un comme l'autre aurait aimé en découdre avec la guêpe, régler quelques comptes. Ils avaient tous les deux besoin de taper sur elles, pour leur faire payer l'amnésie de Mô. Bien sûr Aphrodite était d'accord avec eux mais Camus et Rune s'étaient rangés du côté de Minos. Et Ayor avait conseillé de voir si elle était dangereuse ou non.

- On a pas besoin de ton avis, junior, avait maugrée DM.

Et pourtant, ils avaient été le chercher pour aller à la jardinerie. Le jeune homme n'avait pas trop compris pourquoi il était embarqué dans leurs histoires d'un seul coup. Mais bon, il était venu quand même, si ce n'était pour prendre des nouvelles de Mô et voir cette fameuse guêpe d'un peu plus près.

Mais ils n'avaient pas pu refuser cette sortie à leur amie. Ils n'avaient pas trouvé d'excuse pour empêcher Mô de venir avec eux, cet après-midi, à la jardinerie pour montrer à Myu et à Hadès les différentes fleurs. Son regard leur avait semblé si doux qu'ils avaient cédé avant même d'avoir même pensé lui dire non. Mais pendant tout le trajet, ils se demandaient pourquoi ils avaient dit oui. De toute façon, c'était trop tard pour trouver une excuse. Si elle n'avait rien dit pour les promenades en solitaire supprimées, là, elle s'était gentiment imposée.

- Toujours gentiment avec Mô, avait commenté Ayor. Ça passe mieux.

A peine arrivés à la jardinerie, Mô entraîna les deux enfants vers les fleurs. Hadès s'en moquait mais Myu ne savait plus où donner de la tête. Il virevoltait d'une fleur à l'autre en essayant de sentir chacune d'entre elles, le tout sous la surveillance très attentive de Mô. De leurs côtés, ses amis faisaient comme s'ils regardaient les fleurs et les plantes alors que Minos cherchait du regard la guêpe.

- Et bien, tu aimes les fleurs, à ce que je vois.

Les deux enfants se tournèrent en même temps vers une femme aux cheveux grisonnant. Si Hadès se contenta de la dévisager de son air impassible, Myu la bouscula pour filer dans les bras de Rune qui se trouvait plus loin. Le jeune homme chercha du regard ce qui pouvait effrayer l'enfant à ce point-là, il était tout tremblant dans ses bras. Plus loin, il vit Mô se rapprocher d'Hadès tout en discutant avec une femme d'une bonne cinquantaine d'années.

- C'est la guêpe, souffla Minos à l'oreille de Camus.

- Voilà pourquoi Myu a peur. Il doit sentir sa vraie nature.

- On fait quoi maintenant ?

- On lui rent'e dedans, proposa tout naturellement DM soutenu par Milo.

Ils regardèrent Rune s'approcher de Mô après avoir confié l'enfant à Camus pour aller prendre le petit brun dans ses bras. Hadès se laissa faire sans broncher tandis que le jeune homme chuchotait quelque chose à l'oreille de son amie. Minos le regarda faire. Elle l'avait déjà trouvé proche de la Tibétaine ses dernières semaines et notamment depuis leur « rêve » sur la Lune. Rune s'était mis en tête d'apprendre le tibétain. Drôle d'idée selon elle mais Mô avait accepté. Du coup, ils étaient souvent ensemble. Du groupe, trois étaient studieux, Mô, Camus et Rune. Ce dernier n'était pas gay, Minos le savait. Rune en avait fait toute une histoire, lorsque Mô l'avait embrassé sur les lèvres peu après son arrivée alors que tous pensaient que la jeune fille était un garçon. Minos le savait, elle connaissait bien Rune, il préfèrerait vivre avec quelqu'un comme lui, comme Mô. Minos laissa glisser son regard jusqu'à leurs poignets, jusqu'aux liens qui les unissaient. Ils faisaient un beau couple tous les deux.

- Minos, tu viens ! On y va !

Y aller ? Mais où ça ?

Sortie subitement de ses pensées, elle regarda Aphrodite rejoindre le reste du groupe auprès de Rune et Mô pour discuter avec la guêpe. Ayor avait râlé, visiblement, il était de l'avis de Minos, ne rien dire et voir. Personnellement, elle se serait bien passée de son soutien. Camus aussi aurait préféré ne rien dire. Seulement il semblait que Mô en ait ouvertement parlé, vu la tête de Marthe, l'employée de la jardinerie. Elle avait été surprise que la jeune fille connaisse l'existence de son essaim enfin de son ex-essaim. Parce que pour elle s'était de l'histoire ancienne et bien qu'elle fut un peu réticente, elle en parla tout de même.

Leur essaim périclitait depuis des siècles, depuis la mort brutale de leur mâle, tué par une déesse. Elles parvenaient tout juste à obtenir quelques larves en faisant féconder leur reine par des humains ayant connu la mort, tels que DM et Rune, et là ils s'étaient bien gardé de dire qu'ils avaient été des cibles. Si le premier grimaça à l'idée déplaisante de copuler avec l'une de ces créatures, le second frissonna en repensant à la présence de la Mort près de lui. Marthe fut peinée d'apprendre la disparition de son essaim. Attristée mais pas surprise, c'était inévitable et les siennes avaient refusé de voir la vérité en face, elles n'avaient fait que retarder l'inévitable. Elle regrettait seulement que ça se soit fait dans la violence. Elle, elle avait préféré une vie plus tranquille aux milieux des fleurs. Elle regrettait le jardin qu'elle avait dû quitter lorsqu'elle était jeune. Jamais, elle n'avait pu retrouver les fleurs se son enfance.

Du coup en sortant de la jardinerie avec une petite fleur dans un pot pour Myu, Hadès n'en voulait pas, ils ne savaient plus trop quoi penser. Elle semblait sympathique et sincère mais certains d'entre eux trouvaient qu'ils lui avaient parlé trop vite, à cette guêpe.

- Je lui ai juste dit que Myu avait peur des guêpes, répondit calmement Mô à la question de Minos. C'est elle qui s'est dévoilée.

Elle jeta un coup d'œil malicieux à ses amis. Évidemment. Ayor l'avait dit tout à l'heure « tout en douceur ». Et tout d'un coup, ils se demandaient combien de choses leur amie était parvenue à leur faire faire « tout en douceur ». Mais ils avaient beau chercher, ils ne voyaient pas.

Milo se figea d'un seul coup. La guêpe avait bien dit que leur mâle était mort et c'en était bien un qui était mort dans les branches du rosier ! Elle se souvenait encore de son dard planté dans sa cuisse !

- Quand ça ? demanda tout naturellement Ayor.

- Milo, gronda légèrement Camus.

La jeune fille mit un moment à réaliser qu'elle avait fait une bourde, Ayor n'étant au courant de rien. Alors Rune lui raconta une partie des événements. Bien obligé ! Donc, maintenant, Ayor savait qu'une guêpe mâle avait cherché à séduire Aphrodite et qu'il était mort dans les branches d'un rosier. Mais quand, où, comment ? Ça aucun d'eux ne le précisa. Rune parla aussi de la disposition des étoiles dans le ciel, davantage pour « réveiller » un souvenir chez Mô que pour informer Ayor , puisqu'ils avaient passé du temps tous les deux à la bibliothèque à chercher quand avait pu avoir lieu une telle configuration astrale.

- Une conjonction planétaire ? reprit Ayor qui n'en saisissait pas le sens.

- Lorsque toutes les planètes sont alignées.

- C'est l'ultime éclipse, intervint Hadès d'une voix sans timbre à faire frissonner.

- Oui, Hadès, le félicita Rune. Mais uniquement si la Lune se trouve entre le Soleil et la Terre. Qui te l'a appris ?

L'enfant ne daigna même pas regarder le jeune homme. Il le savait, c'était tout.

Thanatos s'immobilisa en regardant les jeunes gens s'éloigner. Les paroles du petit Hadès l'avaient sidéré.

- Tu vas me croire, maintenant, « mon frère », souffla Hypnos à l'oreille de Thanatos qui s'était figé un instant en entendant les propos de l'enfant corroborer ceux de son jumeau.

- Il est inutile de te materner, c'est ça ? déclara un peu gêné Camus à l'attention de Mô.

La jeune fille hocha la tête en silence. Certes, elle avait oublié une partie de ses souvenirs, mais elle n'était pas devenue une gamine pour autant. Et quoi qu'il se soit passé, il n'y avait aucune raison de culpabiliser. C'était fait et maintenant, il fallait aller de l'avant. Et pour commencer, elle aimerait bien savoir ce qu'ils ne lui avaient pas dit dans le but louable mais inutile de la ménager. Elle voulait savoir jusqu'à quel point elle leur avait fait confiance. Suffisamment en tout cas pour qu'ils sachent qu'elle était une fille et pour son empathie aussi, à moins qu'elle n'ait eu d'autre choix que de le dire. Ce qui était apparemment le cas au vu du récit rapporté par ses amis.