La scierie

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Il avait trouvé un petit coin dans la scierie pour se cacher. La scierie, il la connaissait comme sa proche. Il savait où il était en sécurité. En revanche, il ne savait pas où était son père. La dernière chose que celui-ci lui ait dite, c'était d'aller se cacher. Alors, c'était ce qu'il faisait : il se cachait de ces hommes vêtus de noirs qui avaient envahit la forêt et la scierie. Les deux mains plaquées sur ses oreilles, il ne voulait pas entendre les hommes du bois, comme ceux-ci se plaisaient à se nommer. Leurs cris lui étaient insupportables, différents de ceux qu'il avait l'habitude d'entendre au milieu de leurs discussions avec leurs voix fortes, capable parfois de couvrir le vacarme des machines. Il n'entendait plus rien mais les cris résonnaient toujours dans sa tête. Il gardait ses yeux fermés, pour ne pas voir ce qu'il imaginait trop bien : ces hommes en noirs massacrant son père et ses amis. Il avait envie de crier sa peur. Mais il n'y parvenait pas et puis, il se ferait repérer s'il faisait du bruit. Il tremblait, ça il ne pouvait pas s'en empêcher. D'autant qu'il sentait le plancher vibrer sous chacun des pas. Quelqu'un approchait de sa cachette ! Son petit cœur donnait davantage de coups dans sa poitrine mais il ne devait pas bouger.

- Où te caches-tu, bambino ?

L'enfant plaqua ses deux mains sur sa bouche tout en ramenant ses jambes davantage vers lui. Ses yeux s'agrandirent. Il était repéré.

- Je sais que tu es là. Je sens ta présence. On n'est pas différent, toi et moi.

Il ne connaissait pas cette voix, cet homme ne pouvait donc rien savoir sur lui. Il entendait toujours cette voix, elle se voulait amicale et rassurante mais il n'était pas dupe. Il l'avait vu tuer l'un des hommes de la scierie. Et il préférait ne pas trop penser à ce qu'il lui ferait. Non, il ne bougerait pas. Il attendrait que son père vienne le chercher, il saurait où le trouver.

Mais d'un seul coup, il sentit quelque chose saisir son pied et tirer dessus. Il donna aussitôt des coups pour se libérer mais rien n'y fit, il était irrémédiablement extirpé de sa cachette. L'enfant découvrit terrifié le visage dur d'un homme vêtu de noir.

- Alors, morveux ! Tu croyais pouvoir nous échapper ?

L'enfant le dévisagea une seconde, ce n'était pas lui qui lui avait parlé à l'instant, ce n'était pas la même voix. Il ne sentait plus son cœur cogner dans sa poitrine et sa respiration semblait s'être arrêtée. Il dévisageait simplement cet homme. Non, il ne voulait pas partir avec lui ! Il le frappa au visage et sentant son pied subitement libéré, il se releva pour courir.

- Aggrr ! Shale mioche ! Il m'a gelé la tronche !

- Cretino ! Il ne doit pas nous échapper !

Les deux hommes se lancèrent rapidement à sa poursuite. Ils devaient le rattraper. Ils n'avaient déjà pas prévu de perdre l'un des leurs à cause de ses maudits loups. Et maintenant, ces crétins de scieurs qui leur mettaient des bâtons dans les roues. Si le petit leur échappait, ça allait barder pour eux.

Seulement, l'enfant connaissait les lieux et il les balada un moment avant de se faire prendre au piège par entre les deux compères près du banc de sciage.

- Tu fvas me payer cha, shale gosshe, grogna l'homme en montrant la moitié de son visage gelé.

L'autre gars n'eut pas le temps de réagir, le premier frappa violemment l'enfant, le faisant voler à travers la vaste pièce. Le garçon atterrit, le visage le premier, sur les scies accrochées au mur pour la décoration puis, il s'écrasa au sol.

La brute railla sur cet enfant incapable de résister à une simple gifle.

- Povero imbecille ! vociféra son acolyte. On devait...

Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant