Mô s'était assise sur un rocher. Le dos et la tête droits, elle gardait les yeux fermés et les mains sur ses genoux, laissant son esprit capter la moindre souffrance. Jusque là, elle s'y était toujours opposée, repoussant énergiquement les sensations extérieures. Elle les avait considérées comme des nuisances venues l'envahir. Elle avait bien cherché à les percevoir mais jamais à les comprendre, à les ressentir. Tous ces souvenirs devaient certainement être chargés en émotions, positives ou négatives. Cet endroit, tous ces souvenirs semblaient s'y dissoudre plus facilement. Ils étaient moins oppressant, plus légers comme un film qu'elle pouvait regarder sans en ressentir les émotions. Parce qu'autour d'elle, il n'y avait que souffrance, celle véhiculée par toutes ces âmes errantes. Une profonde souffrance plus forte que celle de ces souvenirs. Elle se laissa porter par les maux, en les laissant s'exprimer pleinement, en les écoutant, sans les juger et ils semblaient s'apaiser un peu avant de reprendre leurs errances.
Doucement, Mô se sentait plus sereine. Elle ne cherchait pas à en trouver la raison ni même le moyen de les apaiser, elle se contentait juste de ressentir. Les âmes passaient près de la jeune fille, sans lui prêter la moindre attention et elles s'éloignaient, emportant avec elles leurs souffrances et un peu de celle de Mô. La jeune Tibétaine se sentit un peu soulagée, même elle aurait aimé faire quelque chose pour les aider ou même alléger leurs souffrances.
- Tu ne peux rien faire pour eux. Elles ont été condamnées à souffrir.
Mô ouvrit aussitôt les yeux en reconnaissant cette voix. Elle avait l'impression qu'il y avait une éternité qu'elle ne l'avait pas entendu. Elle détailla un moment ce fantôme aux longs cheveux verts anis.
- Tu te souviens de moi, cette fois.
La jeune fille le détailla un moment. Il portait un habit tibétain. Assis par terre, il avait dû attendre que la jeune fille se sente plus à l'aise.
- Qu'est-ce qui te perturbe ?
La Tibétaine resta encore un instant silencieuse. Elle porta simplement son attention sur ces âmes qui passaient toujours près d'elle.
- Combien de temps encore vas-tu laisser ton empathie diriger toute ta vie ?
- Je ne l'ai jamais maîtrisée, n'est-ce pas.
Elle regarda l'homme assis en face d'elle. Elle fronça les sourcils un instant, tout en cherchant dans toute cette masse d'images, si elle l'avait vraiment rencontré ou bien s'il appartenait aux souvenirs de l'un de ses amis.
- Ce n'est pas un pouvoir facile à gérer. Surtout lorsque l'on n'a personne pour trouver la voie de la maîtrise. Néanmoins, tu étais sur le bon chemin jusqu'à ce que tu prennes une décision lourde de conséquences, celle d'exacerber ton empathie. Tu ne la maitrisais pas suffisamment. En plus, et malgré ce que tu as dit à l'époque, tu étais en colère contre les Gémeaux. Colère que tu aurais parfaitement pu gérer en temps normal.
- Mon amnésie est due à cette colère.
Il sourit. Sa colère, elle l'avait matérialisée par une onde qu'elle avait expulsée et dont ses amis avaient fait les frais avec, heureusement, aucune conséquence pour eux. Mais c'était un joli coup, il devait bien l'admettre. Seulement son amnésie avait une toute autre cause : Hypnos. Il s'était immiscer dans les rêves de la jeune fille pour la contrôler certainement et c'était pour protéger ses amis de cet homme capable du pire qu'elle avait décidé de les effacer de sa mémoire. Quelque soit son objectif, Hypnos aurait été capable de s'en prendre à eux pour obtenir ce qu'il voulait. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était le sacrifice du dieu. Ce n'était pas dans ses habitudes.
- Pourtant, il semblait perdu.
- Perdu ? Vraiment ?
La jeune fille hocha la tête. Pas toujours. La plupart du temps, Hypnos était plutôt oppressant, ce qui avait sans doute permis à la jeune fille de ne pas se retrouver envahie par tous ces souvenirs. Preuve en était, à la mort d'Hypnos, elle avait eu beaucoup de mal à les refouler seule. Mais parfois elle l'avait senti perdu, comme si tout ce qu'il avait connu avait existé sans lui. Il était un inconnu pour tous ceux qu'il connaissait. Comme s'il appartenait à un autre monde. Alors lorsqu'il se sentait trop seul, il cachait son visage dans le cou de la jeune fille. Oh jamais bien longtemps ! Il s'était toujours très vite repris.
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Etablissements Scolaires Sanctuary (Saint Seiya)
Hayran KurguEt si les constellations n'existaient plus, oubliées à jamais. Et si les dieux avaient disparu, faute de se souvenir et de croire en eux, faute de les aimer. Que deviendraient alors les Saints ? Les personnages présents appartiennent à Masami Kuruma...