Le Journal des Vagabonds

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De retour sur la route, Austin roulait au volant de la belle voiture de son père, la fenêtre ouverte. La lune se levait, au-dessus de Châtenay-Malabry. Les phares des voitures qui le croisaient l'éblouissaient. Une main plaquée sur le volant, une petite voix résonna dans sa tête, lui murmurant qu'il n'était pas trop tard. S'il rentrait maintenant, ses parents ne se seraient pas rendu compte de sa fugue. Il pourrait rayer cette mauvaise soirée de sa tête une bonne fois pour toute.

— T'es con, Austin...

Il soupira en posant une main sur sa poche de jean. Rien. Ses yeux se braquèrent sur son sac couché sur la banquette arrière, depuis le rétroviseur intérieur. Il clignota à droite et s'arrêta sur le coin d'herbe le plus proche, où il ralentit doucement jusqu'à s'arrêter. Il coupa le contact et se retourna en poussant de toutes ses forces pour atteindre son sac. Il fouilla poche après poche, retournant tous ses vêtements. Aucune trace du téléphone.

— Réfléchis, putain...

Il s'arrêta brusquement, se rappelant l'avoir posé sur la table du restaurant avant d'aller aux toilettes. Pourquoi ne l'avait-il pas récupéré ensuite ? Peut-être qu'il n'était plus sur la table...

— La petite garce !

Il redémarra furieusement et braqua le volant à fond avant de faire demi-tour en accélérant sur la route. Il frappa à plusieurs reprises sur le volant :

— C'est pas vrai ! Tu vois ce qui se passe, quand tu fais le con, Austin ? Tu lui tends la main, elle te prend ton bras !

Il manqua de percuter plus d'une voiture et un scooter. Les klaxons fusaient dans tous les sens, et le garçon, bouillonnant, était à deux doigts de les envoyer balader.

De retour sur le parking, il planta la voiture au milieu de la voie d'accès et claqua la porte derrière lui. En avançant d'un pas énergique vers la porte du Macdonald, il secoua la tête, couvert de honte. Que se passerait-il, maintenant ? Il dirait à Elsa que la gamine, à qui il avait payé son repas, lui avait volé son téléphone ? Il s'arrêta net. Sur un banc de la terrasse, la petite fille au bonnet bordeaux observait Austin en croisant et décroisant ses jambes.

— Tu as perdu ton portable.

Elle le lui tendit. Le garçon serra les dents.

— C'est ça, ouais. Tu me prends pour un débile ?

Il lui arracha des mains et vérifia ses données. Elle n'avait rien fait. Il le rangea dans sa poche arrière.

— Pourquoi tu me l'as volé ?

La gamine se mit à rire aux éclats.

— Si j'avais voulu te le voler, je ne serais pas là à attendre que tu reviennes le chercher...

Il voulut répliquer mais se tut. Elle marquait un point. Il balaya le lieu du regard. La nuit tombait lentement mais sûrement, et la petite fille au bonnet le fixait sans bouger.

— Bon allez, où sont tes parents ?

— Je te l'ai dit tout à l'heure.

— Tu veux les appeler, pour qu'ils viennent te chercher ?

Elle haussa les épaules.

— Ils ne répondront pas.

— Comment ça ?

— Si je te le dis.

Austin soupira, en se prenant la tête dans les mains. Il devait rentrer chez lui, et vite. Si ses parents découvraient qu'il était parti, il n'oserait jamais plus affronter leur regard.