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Dans sa chambre, Pierre-Louis pliait soigneusement ses vêtements avant de les ranger dans sa commode. De nombreuses affiches de grands skieurs et autre sportifs étaient apposées aux quatre coins de ses murs bleu ciel. La sonnette de sa porte d'entrée sonna. Encore à moitié endormi, il sursauta. Son cœur s'emballa inutilement. Il se murmura à lui-même :

— Tranquille, Pierre-Lou...

Vêtu de son vieux pyjama assorti aux couleurs de sa chambre, il enfila ses espadrilles et sortit de sa chambre. En refermant la porte, il réalisa que c'était peut-être Carla. Il sentit son pouls s'emballer à nouveau.

— Pas tranquille, Pierre-Lou ! Pas tranquille du tout !

Il retourna à l'intérieur, enfila un jean bleu marine assorti avec un tee-shirt bordeaux, enfila une paire de chaussettes blanches et se rua à la salle de bain. Contemplant sa tête un peu trop matinale dans le miroir, il grimaça, tentant tant bien que mal d'arranger sa coupe. Mais l'épi dressant ses cheveux sur le côté droit était bien trop tenace. Il abandonna et apposa deux coups de parfum dans son cou. Son regard se posa sur sa brosse à dents. Au même moment, la sonnette insista.

— Pas le temps !

Il fouilla dans un second tiroir et enfila un chewing-gum dans sa bouche, avant de descendre les escaliers en trombe. Sa main se posa sur la poignée. Il prit une dernière inspiration, et ouvrit franchement.

David, un sourire bêta au bout des lèvres, le dévisagea, humant l'odeur de son parfum :

— ... Tu t'es faite belle pour moi ?

Pierre-Louis poussa le plus grand soupir de soulagement de sa vie.

— Tu m'as foutu une de ces trouilles, espèce de débile ! Je t'ai pris pour Carla...

— Je peux quand même entrer ?

— Evidemment.

Le grand blond jeta un rapide coup d'œil de ses yeux bleus avant de refermer la porte, histoire d'être sûr que David ne préparait pas un coup fourré.

Ce dernier déposa sa veste sur une chaise et observa le séjour de la maison, sans retenir un sifflement. Il était très grand, arborait un aspect de chalet avec les murs de planches en bois et la cheminée rustique au fond de la pièce. Seul un tapis gris contrastait avec le reste du salon.

— Je ne m'attendais pas à te voir ici... Quoi de neuf ?

— On est seuls ?

— Heu... ouais.

David prit un air amusé et déclara en croisant les bras :

— Je sais que tu es entré en contact avec Austin.

Le sang du jeune blond ne fit qu'un tour. Une goutte de sueur glissa le long de sa tempe. Il resta immobile quelques secondes et murmura, les lèvres tremblantes :

— Comment tu sais ça, toi ?

David frappa dans ses mains d'un air triomphant et s'esclaffa :

— Je n'en savais rien, mais tu viens de me le confirmer !

Accablé, Pierre-Louis se laissa tomber dans le premier fauteuil qui lui vint sous la main. Il laissa reposer sa tête contre deux doigts et se mit à masser son front.

— Quel enfoiré... Incapable de faire ses devoirs, mais incollable sur le reste.

Le jeune brun haussa les sourcils et ramenant une chaise devant le fauteuil sur lequel était avachi son ami, y prit place.

— Malin, hein ? Bon allez, je veux tout savoir.

— C'est pas un jeu, David. Tu ne dois en parler à personne.

— Motus, mon pote. Tu crois que c'est pourquoi, si j'ai demandé si on était seuls ?

Pierre-Louis se tut. Ça se tenait. Et le jeune brun demandait beaucoup de services, mais il ne trahissait aucun secret. Il avait l'air si impatient. Comme un enfant tentant de rester le plus sérieux possible pour espérer que celui d'en face crache le morceau.

— Je l'ai vu dimanche 5. Voilà.

Visiblement déçu, David fronça les sourcils :

— Comment il allait ?

— Je ne sais pas trop. Bien, mais... épuisé, je dirais. Ouais, c'est le mot.

— Epuisé de quoi ?

Le jeune blond haussa les épaules, dubitatif. En secouant lentement la tête, il murmura d'un air hésitant :

— Du quotidien, de... Il cherche quelque chose, je crois.

Son ami ne lâcha pas l'affaire :

— Il cherche quoi ?

— J'en sais rien ! Tu sais, du sens, tout ça...

David leva les yeux au ciel, un doigt gratouillant le bout de son menton. Puis, il secoua la tête, penaud :

— Non, je vois pas.

— Il a rencontré cette petite fille, qu'on voit avec lui à la télé. Elle était toute seule, alors... je crois que c'est pour ça qu'il n'est pas revenu.

Décidément, son ami ne parvenait pas à recoller les morceaux. Sceptique, il se racla la gorge et récapitula :

— Il est parti... A cause d'une gamine ?

Pierre-Louis s'avança vers David et plongea un regard grave dans le sien.

— C'est tout ce que je sais. Tu ne dois en parler à personne. C'est compris ?

L'intéressé hocha la tête et ajouta :

— Appelle-moi si tu as du nouveau. Maintenant, je suis de la partie, que tu le veuilles où non !

Au même moment, quelqu'un sonna. Carla poussa la porte d'entrée. Debout et juste en face d'elle, David devint livide. Pierre-Louis se releva en tremblant.

— Dans la partie de quoi ? demanda-t-elle interloquée.

— De... De volley, on joue dans la même équipe. Amusez-vous bien !

Le jeune brun disparut dehors, sans demander son reste, laissant Carla bouche bée. La jeune fille se tourna vers Pierre-Louis, un regard méfiant dans les yeux.

— Depuis quand tu fais du volley, toi ?

Le jeune blond haussa les épaules, un sourire bêta sur les lèvres.

— Ben quoi ? J'adore ça, moi. Il n'y a pas que le ski, dans la vie...

Le Journal des VagabondsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant