Jenvier termina son café en silence avant de rejoindre la salle d'interrogatoire. A l'intérieur, Philippe Delorme serrait les poings, essuyant la sueur qui coulait de son front. L'homme vintage réapparut en soupirant.
— Veuillez excuser ce contretemps. Alors, où en étions-nous ?
Dépité, le businessman marmonna :
— Mon fils nous a volé cinq cents euros et personne n'a aucune idée d'où il a pu aller.
Le commissaire posa sa main sur celle de Philippe.
— Tout va s'arranger, vous verrez.
Il s'enfonça dans son siège et croisa ses mains.
— Monsieur Delorme... j'ai vraiment besoin de savoir pourquoi Austin vous a laissé ce mot. Vous n'avez pas une petite idée ?
— Vous écartez la possibilité qu'il se soit fait enlevé, alors ?
Jenvier soupira.
— J'ai travaillé sur des enlèvements. Rien ne colle, dans cette histoire. Pourquoi le ravisseur partirait-il avec la guitare, ou la carte de votre compte commun ? Alors que les autres cartes bancaires sont au même endroit... Vous en convenez ?
Les deux hommes laissèrent passer un silence. Philippe grinça des dents et hocha finalement la tête.
— ... J'en conviens.
— Que s'est-il passé plus tôt dans la journée ? Où est-il allé ?
— On s'est disputés... à la maison. Austin a... du mal à suivre les cours. Il est toujours dans la lune. On dirait qu'il s'en fiche.
Il marqua une pause. Jenvier retira ses lorgnons et les posa sur la table, écoutant son client avec attention.
— Il avait un peu perdu la tête, hier soir. Il nous répétait que son professeur de musique voulait lui donner plus de cours, quitte à lui faire rater l'école.
— Et qu'est-ce que vous avez répondu ?
Philippe se figea, interloqué.
— A votre avis ? De la fermer et de réviser pour son contrôle du lendemain ! C'est l'année du bac pour lui, et s'il continue... Il ne l'aura pas.
L'enquêteur sortit son carnet violet et ratura quelques lignes sans dire un mot.
— Son professeur de musique... Marmonna-t-il, vous savez où je pourrai le joindre ?
Le père d'Austin fouilla dans sa poche d'un geste tremblant et bredouilla :
— Bien sûr... Attendez.
Il déverrouilla son téléphone et fit défiler sa liste de contacts.
— Elvis Preto. C'est lui.
Il tendit son appareil à Jenvier. Ce dernier griffonna le numéro sur une page blanche de son carnet.
— Je vous remercie.
Il le referma et se redressa. Philippe haussa les épaules.
— C'est tout ?
— Oui. Merci.
— Mais...
— Rentrez chez vous. Vous serez le premier informé, si on tombe sur quelque chose.
Il se tourna vers son adjoint.
— Raccompagnez-le, Emile.
...
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Le Journal des Vagabonds
Adventure« Je suis allé dans les bois, parce que je voulais vivre délibérément. Ne faire face qu'aux essentiels de la vie, et voir si je ne pouvais pas apprendre ce qu'elle avait à enseigner. Pour ne pas découvrir, quand je viendrais à mourir, que je n'avais...