Chapitre 154 : 1979 : L'Ordre des Faisans

35 3 2
                                    


– Rogue aussi était l'un de mes amis, à une époque, rappela Lily. Parlons d'autre chose.

– Ou plutôt, rangeons la table, il n'y a plus rien à manger, dit James.

Et malheureusement, il y a encore à boire.

Une dizaine de minutes plus tard, tous regardaient Lily et James danser au centre de la minuscule piste improvisée. Encore une dizaine de minutes plus tard, Mona se trouvait coincée entre Waha, Mary et Lily, qui l'obligeaient à danser avec elles.

– J'ai chaud, je vais boire un coup ! tenta Mona.

Elle parvint à s'éclipser, abandonnant les trois filles à leur danse endiablée et titubante. Après s'être servi un verre, Mona se glissa entre Remus et James.

– Pitié, faites genre que je discute avec vous de façon passionnante, dit-elle. Je danse mal.

Faisons genre tu parles bien la France.

– On voit ça, dit James. Tu as pris des cours en gaucherie ou c'est un talent naturel ?

– T'as raison, Monsieur Evans, moque-toi de moi.

Personnellement, je n'ai jamais eu besoin de sa permission.

Le jeune marié ricana et vida son verre d'une traite.

– À un moment, je voulais te demander d'amener Rogue, dit-il soudainement à Mona.

– Cela n'aurait pas été très prudent, intervint Remus. Nous avons suffisamment de fuites comme ça.

– Lily aurait peut-être été contente de le voir, dit James. Mais je ne pense pas que je l'aurais supporté, mon altruisme a ses limites.

– Alors il est réellement devenu Mangemort ? demanda Mona.

– Oui, ne l'approche pas de trop près, dit James. On sait très bien qu'il te rend visite et Lily s'en doute.

Mona baissa les yeux, l'air coupable.

– Il ne me fera rien, dit-elle.

– Sois très prudente, dit Remus. Ta famille est déjà assez exposée.

– Pourquoi as-tu dit « nous avons suffisamment de fuites comme ça » ? se souvint Mona. C'est qui « nous » ?

Les deux hommes échangèrent un regard gêné.

– Les gentils, hasarda Remus. Tous les gens qui ne combattent pas avec les Mangemorts...

– Sois pas idiot, coupa-t-elle. Je connais l'Ordre du Phénix, et je me doute que si Lily débarque chez moi à trois heures du matin en panique, ce n'est pas parce qu'elle doute de la fidélité de James.

En même temps, il ne va pas avoir trop le temps de la tromper.

– Évidemment que tu le connais, dit James. Je pensais simplement que Fabian et Gideon auraient gardé le secret.

– Par... pardon ? demanda Mona, certaine d'avoir mal entendu.

Mais quel faisan, celui-là !

– Heu... je veux dire... hasarda James.

Que t'es un faisan, tu peux le dire.

– Fabian et Gideon appartiennent à l'Ordre du Phénix ? s'étonna Mona. Activement ou juste comme ça ?

Comme ça, pour le fun. Ils font la guerre à temps partiel, quand ça les éclate. C'est leur Call of Duty à eux.

– Tu ne voudrais pas rejoindre nos rangs, d'ailleurs ? demanda brusquement Remus. Tu es plutôt efficace en matière de sortilèges, et tu pourrais contrer Rogue.

– Non, répondit Mona sans réfléchir. Je... non.

Vous avez craqué votre slip, les mecs. Vous ne trouvez pas que les Moon ont déjà suffisamment tendance à mourir prématurément ?

Les deux garçons se regardèrent un instant.

– Je disais ça comme ça, reprit Remus. Au cas où, on ne sait jamais...

– Un slow ! coupa James. Je vais inviter ma femme.

– Attends une seconde ! dit Mona, voulant reparler de ses oncles.

– Tu sais quoi, dit-il à Remus, tu devrais lui parler de tes soupçons.

Mona se tourna brusquement vers lui alors que James partait enlacer sa femme.

– Quels soupçons ? Vous suspectez un membre de ma famille d'être votre fameuse fuite ? demanda Mona, de plus en plus furieuse.

En l'occurrence, non, pourtant ils devraient !

– Pas du tout, coupa Remus. Cela n'a rien à voir.

– Alors quoi ?

Il prit le verre de Mona et le posa avec le sien sur la table.

– Je t'invite à danser ?

Sans lui laisser le temps de répondre, il entraîna Mona sur la piste.

– Tu voulais me parler à l'écart ? devina-t-elle.

Quelle perspicacité ! Tu croyais quoi ? Qu'il profitait du slow pour te peloter discrètement ? Et voilà, à cause de toi, j'ai maintenant l'image de vous deux en tête.

– Exactement. Au début, je pensais en parler avec Lily, mais ce n'est pas vraiment le bon moment, et puis, tu n'es pas amie avec elle à ce point.

– Je suis la demoiselle d'honneur de Lily. À quel niveau crois-tu que nous sommes amies ?

– Je ne parlais pas de Lily, mais de Waha.

– Si tu veux rompre avec elle, dit Mona, fais-le, mais ne me mêle pas à ça.

– Tu n'y es pas...

– Alors dis-moi franchement ce qu'il y a, je refuse de faire quoi que ce soit dans le dos de Waha. On s'entend bien.

Remus prit une longue inspiration.

– Je pense que Waha utilise un charme magique sur moi.

Non, impossible, l'autrice m'aurait menti ?

Mona se détacha, arrêtant de danser.

– Tu es fou ! dit-elle.

Je Dupontde !

Remus la reprit dans ses bras et l'obligea à continuer de danser.

– Écoute-moi, s'il te plaît, ensuite tu pourras me juger. James, Sirius et Peter m'ont aidé à chercher ce que cela pouvait être, révéla-t-il. Et effectivement, il y a un truc magique, mais rien de connu. Et comme tu es la seule inventrice de sortilèges que je connaisse...

– Tu veux que j'enquête à mon tour ? demanda Mona.

– Oui, souffla-t-il. Tu pourrais peut-être la faire parler, lui faire croire que tu aurais besoin d'un sortilège ou quelque chose dans le genre. Pour séduire Sirius, par exemple. Je suis sûr qu'il accepterait de nous aider pour un plan de ce genre.

Les faux plans pourris avec le caniche, on a déjà exploité le filon au maximum...

– Non, trancha-t-elle. Je vais enquêter de mon côté et réfléchir ; mais, par pitié, ne mêle pas Sirius à ça.

– On n'a jamais vraiment compris ce qui s'est passé entre vous deux, dit Remus. Sirius refuse de nous en parler, et tu refuses d'en parler à Lily et Waha.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant