Un repas pompeux

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Pourtant, et malgré cette perte de repère, de joie profonde, Sakura ne voulait pas se laisser ainsi aller. Elle avait réussi à sortir de son tunnel d'arrogance et de jalousie. Elle avait réussi à se réjouir pour son meilleur ami, à étouffer ce qu'elle prenait pour des sentiments amoureux. Néanmoins, malgré tous ses efforts, elle n'y parvenait pas. Un fond sonore dans sa conscience ne cessait de lui marteler ses pensées. Comme elle voudrait être à l'image de Shino et de Kiba qui ne se souciaient pas du regard des autres et qui vivaient leur vie pleinement. Ils batifolaient à droite et à gauche, et cela malgré les jugements un peu trop hâtifs de féministes intégristes qui ne faisaient pas l'effort de les connaître. Car oui, cela existait, ces représentantes de Vénus qui possédaient des œillères pourrissant les débats, au point d'aller jusqu'à juger certaines de leurs comparses juste parce qu'elles désiraient allaiter leur enfant. Oui, il était normal de revendiquer d'être traitée à égalité et avec équité à l'image de la gente masculine quelqu'en soit le domaine. 

Cependant, cela justifiait-il leur jugement exécrable, leur dénigrement sur le choix de certaines d'entre elles de désirer suspendre leur travail pour s'occuper de leurs enfants ou parce qu'elles aspiraient à autre chose, comme à l'image de ces femmes militaires ? Ces dernières donnaient à leur Nation une grande partie de leurs jeunes années avec dévotion et devoirs, ne voyant presque pas leur progéniture grandir ou la mettant au monde sur le tard. Quand le temps de devenir officier supérieur arrivait, beaucoup de la population politique et des féministes ne comprenaient pas pourquoi certaines d'entre elles, qui en avaient la possibilité, ne se présentaient pas au concours. Enfermés dans leur doctrine, ils ne voyaient pas que la perspective de partir tôt, de rentrer tard sans avoir la possibilité d'embrasser leurs filles et leurs fils, de ne pas être présente au cours de leur joie et de leur peine ne les enchantaient guère. 

Ainsi, elles préféraient privilégier leur famille après des années de loyaux services. Malheureusement, elles avaient beau faire remonter leur avis, les politiques poussés par des idéologues restaient sourds à leurs missives. Tout comme des hommes un peu trop machos, voulant retourner à la suprématie du "mâle" et entretenant ainsi le "conflit", foulaient encore cette Terre. Ils désiraient,..., non,... ce n'était pas le bon terme... Ils ordonneraient bien le retour à la soumission des femmes, elles enfermées chez elle, obéissant à leurs conjonctures sans une once de révolte. C'étaient ce genre de type à penser que leur rôle était derrière les fourneaux, à écarter les jambes sans aucune objection et à tout accepter, même à être cocue. Cependant, derrière cette "revendication" au retour à l'ancien temps, n'était-ce pas la peur de perdre leur place qui parlait ? Pendant des siècles, les hommes étaient en position de décideurs, de combattants, mais aussi, et c'était souvent oublié par leurs héritiers du monde moderne, de protecteurs. 

Oui, les femmes, qui restaient tout de même maîtresse sur leur maisonnée, leur avaient dus allégeance, mais en contrepartie, ils avaient été de leur devoir de leur apporter de quoi survivre, de les respecter et de les protéger. De grands pouvoirs impliquaient de grandes responsabilités. Aujourd'hui, cette partie était mise aux oubliettes, pensant surement et inconsciemment que ce n'était que dans la violence de leur acte et de leur parole qu'ils garderaient une certaine suprématie, ainsi que leur situation. Pourtant, beaucoup d'hommes voulaient écouter cette partie d'eux-mêmes qui criaient de traiter les femmes comme leur égal, d'être présent auprès de leurs enfants, et ainsi de ne pas être traités de faibles, de lâcheurs juste parce qu'ils souhaitent voir ces derniers grandir, s'occuper d'eux, vivre avec leur compagne dans l'équité absolue. Certes, certains jeunes représentants de Mars étaient perdus et ne savaient plus quel était leur rôle. Où était leur masculinité dans ce monde dont les féministes et les machos dans leur mauvais sens du terme mettaient leur grain de sel ? 

Finalement, ils trouvaient la réponse avec celle qui partageait leur vie, le couple se répartissant leur rôle en fonction de leur convenance et de leurs choix, faisant fi des jugements d'autrui. Et pourtant, qu'est-ce que c'était difficile, car étant un être grégaire, l'humain a cet instinct d'espionner ce que pensait l'autre de soi et de se conformer à son avis. Il fallait souvent une forte source de volonté pour ne pas y prêter attention et l'envoyer de faire voir ailleurs, quand ce dernier n'était que néfaste, comme l'usage de la violence ou la mise en danger de la vie d'autrui. Cette résistance n'était possible que si les deux acteurs de leur romance commune communiquaient entre eux, se livrant leurs soucis et leurs attentes. Cependant, leur dialogue était empoisonné par ces soit-disant bien penseurs qu'étaient les féministes intégristes ainsi que les machistes, aux œillères si fortement clôturées dans des convictions d'un autre âge pour les uns et dans celles trop revanchardes des unes pour s'ouvrir à la réelle égalité.          

La mort d'un coeur pur Tome 1  Du rêve à la désillusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant