9 - Bonus Zayshann et Mily

533 96 43
                                    

Zayshann

Je quitte l'hôpital sur les nerfs et rejoins mon véhicule, je reste sur place un instant, le temps de faire redescendre la pression. Il est rare que je m'engueule avec ma sœur, je crois d'ailleurs que c'est la première fois. La situation ne me plaît pas, elle repousse tout le monde sauf Malia. Je comprends qu'elle aille mal, mais pas qu'elle soit aussi agressive, pas qu'elle soit aussi fermée et peu encline à la discussion. Ma sœur et moi nous sommes pareils, c'est vrai, mais je ne la reconnais plus. Je ne comprends pas non plus pourquoi elle en veut autant à Aydan, ce gars est fou d'elle et en aucun cas il n'est responsable de tout ça. Il n'a pas choisi sa famille, il est aussi victime qu'elle dans l'histoire et elle lui inflige encore plus de mal sous prétexte qu'elle n'arrive pas à différencier Aydan de sa génitrice. J'aime ma sœur presque plus que tout, mais aujourd'hui je sens qu'on s'éloigne et ça me fout en rogne. D'autant que pour elle, je ferais n'importe quoi et la voir ériger des remparts contre sa propre famille me blesse dans un sens, piqué au vif, elle m'a fait partir au quart de tour. Finalement, elle n'a pas tout à fait tort, on réagit de la même façon.

Je secoue la tête pour arrêter de penser à tout ça, et me concentre sur le fait que je vais bientôt devoir repartir pour m'entrainer. Il me tarde d'y être parce que j'ai un besoin urgent d'extérioriser toutes les énergies néfastes que je trimballe. Néanmoins, être loin de ma sœur alors qu'elle est au plus mal me broie le cœur et me donne le sentiment de l'abandonner. Lorsque je retrouve un peu de calme, je démarre et prends la route jusque chez Mily. Lorsque je frappe à sa porte et qu'elle ouvre, son joli sourire se fane aussitôt.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Zorah va bien ? s'inquiète-t-elle.

- Ouais, grommelé-je, on vient de s'engueuler, c'est tout.

Mily me fait entrer chez elle et referme derrière nous. Elle m'entraine dans sa cuisine et m'invite à m'assoir en face d'elle, d'un signe de tête.

- Pour quel motif vous vous êtes disputés ?

- Ça me les casse qu'elle tienne Aydan pour responsable et qu'elle envoie chier tout le monde. Ma mère se plie en quatre pour elle, je suis là pour essayer de la soutenir, son gars ne demande qu'à être présent pour elle, ses amis et le reste de notre famille aussi, et même toi, tu lui apportes ton soutien en t'occupant de son taf au café, mais non elle se renferme et devient une véritable connasse. J'adore ma sœur, mais là, elle me gonfle et elle fait naître en moi une tonne d'émotions contradictoires.

Mily me regarde les yeux ronds, puis ses sourcils se froncent.

- Tu ne peux pas parler comme ça de ta sœur. Premièrement parce qu'elle est une de mes meilleures amies et que forcément je prends son parti. Et deuxièmement parce que c'est la colère qui te fait parler et que d'ici quelques heures, tu le regretteras.

- Tant pis de toute façon, c'est dit et je n'ai pas mâché mes mots, réponds-je d'un ton tranchant.

Le regard de ma copine se fait ombrageux.

- Tu n'as aucune idée de ce qu'elle vit ! Putain Zay, rends-toi en compte, elle se lève un matin, heureuse de vivre avec sa fille, l'homme qu'elle aime et elle attend avec impatience l'arrivée de leur bébé, et d'un coup tout s'arrête, tout s'écroule, s'agace-t-elle.

- Je sais ça, Mily ! J'ai failli perdre ma sœur ! Est-ce que pour autant, elle peut agir en enflure de première ?

Le ton monte entre nous.

- Non, tu ne sais pas ! hurle-t-elle, les larmes aux yeux. Et si elle ne veut pas d'Aydan ni de nous auprès d'elle, et bien soit. Personne n'a rien a dire. Elle est vivante, c'est la seule chose qui compte.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant