Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

59 - Tu es doué, mon chéri

Aydan

Le lendemain, installé devant l'ordinateur de Zorah depuis un bon moment, je profite du fait que les filles dorment encore pour m'adonner à une de mes passions que je garde secrète depuis des années. La tablette graphique de ma belle repose sur la table du séjour et stylet en main, j'effectue des allers-retours plus ou moins légers en fonction du rendu que je souhaite apposer sur le cliché que je suis en train de transformer en dessin.

Mon attention est détournée par de petits pas qui traînent sur le sol, puis par une présence à mes côtés. Je lève le nez vers ma petite poule et demande :

- Bien dormi ?

- Oui, chuchote-t-elle. Qu'est-ce que tu fais ? C'est maman ?

Je souris de sa curiosité et me redresse pour la laisser voir par elle même.

- Wouah ! C'est trop beau ! Comment tu fais ?

- Merci, Mal. J'ai pris une photo de ta mère hier matin, et là, je la retouche pour lui donner un aspect de dessin. On appelle ça le digital painting, la peinture numérique, si tu préfères.

- J'adore ! s'exclame-t-elle en approchant son visage de l'écran. Tu m'apprendras ?

- Avec plaisir, princesse.

Malia sourit et se penche pour atteindre ma joue pour y déposer un baiser.

- Merci ! Je te laisse tranquille, je vais déjeuner.

- Va dans le salon, je te le ramène.

- Non continue, Aydan. Je vais le faire toute seule, t'inquiète, répond-elle, en se dirigeant déjà dans la cuisine.

- D'accord.

Malia est la première personne à savoir que je pratique cet art. Je n'en ai jamais parlé à personne. C'est mon plaisir personnel, celui que je préfère garder secret. L'entendre dire qu'elle a apprécié ce qu'elle a pu observer me touche, mais qu'elle veuille que je lui apprenne me met en joie. Je suis ravi et j'ai hâte de pouvoir partager quelque chose que j'aime avec ma belle-fille.

Je sors de mes songes et retourne à ma toile graphique, pour donner des coups de pinceau par-ci par-là, afin d'apporter à ma femme un air de guerrière. Plus les minutes s'égrènent plus Zorah se transforme en peinture. Je mets en relief son ventre légèrement arrondi, puis je crayonne une bande verticale opaque et fine rouge entre les sourcils de ma belle, ainsi que sur son abdomen là où se trouvera la linea nigra dans quelque temps, selon Zorah. Je ne connaissais pas du tout, elle m'a alors expliqué qu'il s'agissait d'une ligne brune inoffensive qui apparaissait sur le ventre au cours de la grossesse. Après avoir effectué un tour sur Google pour savoir de quoi il en retournait réellement, je m'en inspire pour donner un côté encore plus féroce à ma belle. Je poursuis avec ses cheveux et dessine des trainées blanches pour donner du mouvement. Complètement absorbé par ma tâche, je ne vois pas le temps passer et je me laisse surprendre par des bras autour de mon cou.

- Alors comme ça on me cache des choses ? murmure-t-elle au creux de mon oreille, avant que ses lèvres ne viennent caresser mon lobe.

Je ricane et la fais s'assoir sur mes genoux pour avoir accès à sa bouche que je dévore gentiment. Lorsqu'elle met fin à notre échange, Zorah me fixe intensément, son sourire apparait avant qu'elle ne happe sa lèvre entre ses dents.

Bordel ! Qu'elle est sexy sans avoir à en faire des tonnes.

- Depuis quand monsieur est-il artiste ?

- N'exagère pas, il n'y a rien d'exceptionnel et ma base est parfaite.

- T'es vraiment adorable, toi, déclare-t-elle, en embrassant la pointe de mon nez, avant de se tourner vers l'écran.