Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

19 - Bonus Jay et Ely

Ely

Depuis l'accident de Zorah, Jay et moi sommes constamment sur le qui-vive par rapport à Aydan, et je m'inquiète pour lui. Il prétend reprendre le cours de sa vie, mais on le sait, on le voit et surtout on le connait, il ne va pas de l'avant. Qui pourrait le blâmer ?

Néanmoins, avec tout ce qu'il s'est passé, j'ai l'impression d'avoir mis mon couple entre parenthèses, alors ce soir, nous sommes de sortie. Rien d'extraordinaire, nous avons été au restaurant, nous faisons une halte au bar, qu'on a déserté depuis des mois, ensuite nous passerons la nuit chez Jay. Je pense que ça va nous faire du bien. Oui, j'ai grandement besoin de me retrouver avec mon homme, même si je culpabilise d'avoir ce bonheur quand d'autres se déchirent sous mes yeux.

Assise à une table, au Woody Wood Bar, j'attends que Jay revienne avec nos consommations. Je jette un œil à mon smartphone et vois que Mily m'a envoyée son message quotidien concernant Zorah. Même si elle ne veut plus de contact avec nous, et que ça me blesse, je prends des nouvelles d'elle à distance par Mily et Sean. Je m'apprête à ouvrir le SMS lorsqu'une voix plus que familière me parvient et me plonge instantanément dans mon passé.

- Oh ! Mais c'est Ely ! s'exclame sournoisement la fille devant moi.

Pendant un instant, je me demande comment agirait ma meilleure amie dans ma situation. Elle les enverrait chier avec un grand sourire, voilà ce qu'elle ferait. Mes lèvres s'étirent de façon provocante et je lève la tête en arquant mon sourcil.

- Estelle ! De retour en ville ?

- J'ai appris que tu étais en couple avec Jay, il fallait que je voie ça de mes propres yeux.

Connasse !

- Intéressant ! Je te laisse regarder, alors, réponds-je, en lui envoyant un clin d'œil.

Elle fronce ses sourcils, puis un sourire mesquin apparaît sur sa tronche.

- Ça fait quoi de savoir qu'on est la dernière en liste ? Je veux dire, il a quand même baisé avec toutes les nanas de cette ville, et maintenant qu'il n'a plus rien à se mettre sous la dent, il te garde dans sa poche, ricane-t-elle.

Si l'on pouvait entendre un cœur se briser, je pense que le mien serait aussi bruyant qu'un tsunami. Je suis incapable de répondre, mes lèvres sont scellées et mes yeux se voilent de larmes. J'ai beau tenir tête à mon entourage, il suffit que mon passé ressurgisse pour que je redevienne celle que j'étais. Trop gentille, trop conne et faible. Estelle et ses garces d'acolytes s'esclaffent.

- Tu n'as pas changé d'un poil, Ely. T'es toujours une petite chose fragile et ennuyante. Si nous nous servions de toi, pourquoi n'en ferait-il pas autant ? Ce gars n'est pas capable d'amour et je suis certaine que pour lui tu n'es qu'un trou à disposition dont il peut jouir quand bon lui semble.

Je devrais sortir les griffes à ses attaques, je devrais la lapider pour ce qu'elle m'a fait vivre, pourtant, je reste murée dans mon mutisme, et je me dégoûte de ne pas être fichue de me défendre quand je le dois.

Elle a raison, je suis toujours la même.

- Dégagez ! gronde Jay derrière elles.

Je sursaute, mais ne relève pas la tête.

- Détends-toi, Jay. On saluait juste Ely, répond l'acolyte d'Estelle.

- Je ne me répéterai pas, menace-t-il.

Il les bouscule sans ménagement pour les faire partir.

- Dis donc, t'étais plus sympa quand ta queue était enfouie en moi, riposte Estelle.