Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

24 - M'éloigner et m'épargner

Aydan

J'arrive dans la cuisine Ely et Jay sont en train de déjeuner, je me prépare un café, l'appétit n'est pas là, ce matin. Je m'installe en face d'eux, le silence qui règne est pesant alors je demande :

- Votre soirée s'est bien passée ?

Ely n'ose pas me regarder comme si le fait de côtoyer Zorah était une mauvaise chose.

- C'était cool, répond Jay, en regardant ma cousine avec étonnement. Et toi la tienne ? T'es rentré bien après nous.

- Ça va, je suis allé boire un verre en ville avec l'équipe.

- Et donc tu les trouves comment tes nouveaux gars en dehors de For The Ragnarok ?

Avant que je réponde, Ely jusqu'alors silencieuse, se lève et murmure :

- Je vais me préparer.

Mes sourcils se froncent quand elle quitte la pièce.

- C'est quoi son problème ?

- Elle est partagée entre sa joie de retrouver sa copine et sa peine de te faire du mal.

- Mais on en a parlé, elle sait que je suis content pour elle. Faut que je lui dise comment que je ne lui en veux pas ?

- Elle te connait, mec. Elle sait que tes mots ne reflètent pas ton état ni tes pensées.

- Alors premièrement, mes paroles sont sincères. Le problème n'est pas que vous la revoyez, mais le fait qu'elle me tient toujours à distance. Et deuxièmement, je n'ai pas mon mot à dire sur vos retrouvailles, ça ne me regarde pas. Je ne peux pas être plus clair que ça, gros.

- Je parlerai à El ! Et t'as pas répondu à ma question.

Je hausse les épaules.

- Ils sont cool. Adrien est dans son élément à la salle, il semble avoir confiance en lui, pourtant hier, je l'ai trouvé un peu effacé, pas très à l'aise. Ça m'a un peu surpris, mais sans plus. Yoann est égale à lui-même, il me fait un peu penser à toi dans sa connerie. Pour les filles, je ne saurais pas vraiment te dire, je crois que mon cerveau refuse de voir quoi que ce soit concernant la gent féminine.

Jay s'esclaffe.

- Tu vires de bord, mec ! Je vais devoir faire gaffe à mon petit cul bombé.

- Tu ne crains rien, t'es pas mon genre ! souris-je.

Je crève d'envie d'en apprendre davantage sur ses retrouvailles avec elle et en même temps, j'ai peur de savoir. Peur qu'il me dise qu'elle m'a totalement oublié, qu'elle est passée à autre chose et que je dois faire un trait sur elle. Pourtant c'est plus fort que moi et je m'entends demander :

- Tu m'en dis plus sur votre soirée ?

- Ouaip ! Tout d'abord, je n'ai pas la sensation totale d'être sortie avec notre Zorah.

Mes sourcils se froncent aussitôt, je ne saisis pas ce qu'il entend par là. Mon regard trouve le sien, j'y cherche quelque chose qui pourrait m'informer, n'importe quoi, mais rien.

- Ne me fixe pas comme ça, je m'explique tout de suite. Elle est... elle semble si fragile et dépourvue de sa confiance en elle. Par exemple, quand je l'ai prise dans mes bras, elle s'est tellement crispée que j'ai eu l'impression d'être un foutu chasseur devant la biche qu'il convoite. Elle est distante, mais pas froide, elle rit, mais ça ne sonne pas juste, du moins pas toujours. Elle parle pour parler, mais j'ai le sentiment qu'elle est loin de tout ce qu'elle vit. La Zorah que j'ai retrouvée hier est effacée alors qu'elle en imposait sans avoir à ouvrir la bouche. Je t'avoue que ça m'a foutu les boules de la voir comme ça. Après ce n'est que mon ressenti et peut-être que le contexte jouait va savoir...