♥️Zorah♥️
J'émerge peu à peu du trou noir dans lequel je me trouve, un tuyau entrave ma gorge, il me gêne et m'étouffe. Que se passe-t-il ? Où suis-je ? J'ai la sensation d'être enfermée dans une boîte sans oxygène, mon cerveau réagit, il exige, mais mes membres ankylosés refusent d'obéir. La panique gronde en moi, je sens mon cœur s'emballer, il frappe et remue comme un fou dans ma cage thoracique, puis je distingue des bruits au loin, ou plutôt des échos sans pour autant comprendre de quoi il s'agit. Cela ne me rassure pas, au contraire, j'ai peur et l'oppression s'accentue, elle devient de plus en plus violente devant mon impuissance. Je demeure captive de mon propre corps, détenue je ne sais où. Vulnérable. Jamais je n'ai trouvé ce mot aussi fort qu'en cet instant. Toutes mes émotions m'épuisent, je me sens faiblir, j'essaie de résister, mais le silence s'installe et mon esprit tire sa révérence.
***
Je m'éveille et tente d'ouvrir les paupières, mais elles demeurent fermées. Mon enveloppe charnelle me fait atrocement souffrir, une douleur vive me tape dans le crâne et m'empêche de penser correctement, tandis qu'une autre lancinante me vrille le bassin. Je réalise à ce moment que j'ai le bas ventre en feu. C'est alors que tout me revient, l'accident, Malia, et cette impression de tronc qui se déchire.
Je porte ma main à mon ventre, en vain, mon bras est trop lourd, je n'arrive pas à bouger. Mais je le sais et je le sens, mon enfant a quitté mon corps. Mon chagrin se propage dans mon cœur et au plus profond de mon âme, il accroît et s'insuffle dans chaque recoin de mon être. Le vide s'empare de moi autant qu'il m'habite. On m'a volé ma vie. Mes larmes s'écoulent en silence, tandis que le morceau de plastique qui obstrue ma gorge tend à me rendre folle. Mon esprit s'agite, mon être suit le mouvement, rapidement, je reprends possession de mes membres et lorsque je réalise que je suis enfin maîtresse de moi-même, j'essaie d'arracher ce foutu tuyau. Les machines qui m'entourent s'alarment autant que mon cœur. J'ai mal. Je voudrais hurler tant j'ai mal. J'ai perdu mon bébé et mon corps n'est qu'un amas de douleurs.
Des infirmières entrent dans la chambre, elles me somment de me calmer, mais je n'ai que faire des ordres qu'elles me donnent. L'une d'elles me plaque les épaules contre le matelas pendant que sa collègue sort en courant. La femme me dit que je ne dois pas effectuer de gestes brusques, parce que dans mon état, c'est dangereux. J'ai l'impression de vivre un cauchemar alors je me débats avec le plus de force que je peux. De ma gorge s'extirpent des sons agonisants et étouffés. J'ai le larynx en feu, pourtant je ne cesse pas et redouble d'efforts pour me libérer de cette femme qui m'entrave au point que j'aimerai lui envoyer mon poing en plein visage. La deuxième infirmière revient au pas de course et injecte je ne sais quoi dans mon intraveineuse. Il ne faut pas longtemps pour qu'une sorte de brouillard m'enveloppe et que j'arrête de gesticuler.
Quand je me suis totalement calmée, on m'a attaché les mains par mesure de sécurité. Dans la nuit, le médecin est venu me voir. Il m'a expliqué tout ce qu'il s'était passé depuis mon arrivée à l'hôpital, que ce soit mes maux comme les soins que j'ai reçus et ceux que je vais obtenir dans les jours à venir. Il a pris le temps de me parler de façon posée et concise.
Après son départ, on m'a libérée de mes jougs et extubée, ma respiration naturelle a repris le contrôle aussitôt par contre, ma voix s'est envolée. D'après les infirmières, c'est normal, je ne dois pas m'inquiéter, elle reviendra vite. Si à mon réveil, je me suis quelque peu déchaînée, je suis désormais une épave et ce n'est pas seulement dû à ce qu'ils m'ont injecté. Je suis encagée dans cette douleur, elle me persécute depuis que j'ai pris conscience de la perte de mon bébé. J'ai appris que c'était une fille et que son minuscule corps avait été récupéré par Aydan, il y a quelques jours, afin d'être inhumé. Mon enfant, dont j'ignore le nom, a été enterré sans que je puisse lui dire adieu. L'organe au creux de ma poitrine me malmène, pris comme dans un étau, il semble sur le point d'éclater et ce que je ressens est aussi insupportable qu'indescriptible.
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Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |
Romance⚠️ Attention! il s'agit d'un premier jet, les corrections ne sont pas faites ⚠️ Trigger Warning : Violence, maltraitance infantile, sexe, mort, deuil prénatal, vulgarités. Les ténèbres ne se trouvent pas seulement dans les endroits sombres. Elles s...