13 - Tu en es capable

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Zorah

Au cours de ces trois dernières semaines, j'ai recommencé à marcher, mais la peur de me blesser et le blocage occasionné m'ont fait perdre une semaine de progrès. Chaque jour, Sarah m'encourage et me pousse à tout donner, c'est une femme incroyable. Si nous sommes partis sur un mauvais départ, aujourd'hui, nous avons tissé une certaine relation. Je ne dirais pas que nous sommes amies, mais ce n'est pas loin. J'aime la personne qu'elle est. Bien que professionnelle, elle ne met pas cette barrière entre elle et ses patients, du moins pas avec moi. Elle est naturelle, parle ouvertement, elle me met à l'aise et je me laisse aller à apprécier nos séances, même celles qui me demande une quantité incroyable d'effort.

- Allez, Zo ! Encore un petit effort, tu y es presque.

Mon objectif du jour est de parcourir l'ensemble du service. Ma chambre n'est qu'à quelques mètres, mais mon bassin est en feu et mes jambes atrocement douloureuses.

- Comment ça se fait que c'est plus difficile qu'hier ?

- Parce que tu sais que c'est la dernière de la semaine et que tu croyais te la couler douce aujourd'hui, ricane-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de l'imiter.

- Non, justement, je savais très bien que tu allais me faire galérer. Plus sérieusement, j'ai super mal.

- Rien de plus normal, ma jolie. Tu as fourni un gros effort hier et je t'en demande encore plus aujourd'hui, mais je sais que tu en es capable.

Je ne réponds pas et fixe mon attention sur la porte. Je tente tant bien que mal d'ignorer ma douleur et de relâcher les muscles de mon corps qui se contractent sous celle-ci. Encore quelques pas et je pourrai m'assoir.

L'accident et l'alitement m'ont fait perdre en force musculaire que ce soit dans les jambes, ou les bras. En le constatant, j'ai fondu en larmes, je suis devenue une loque, mais Sarah a présente pour moi. Elle m'a assurée que c'était habituel, et que tout reviendrait à la normale après quelque temps.

- Malia passe Noël avec toi ? s'informe ma kinésithérapeute.

- Pas le 24, elle est avec son père et sa famille qui vient de Calais, mais le 25, oui.

- Et tu as un cadeau pour elle ?

Je la soupçonne de détourner mon attention de ma douleur. Elle sait que parler de ma fille me donne un certain regain d'énergie.

- Oui je l'ai commandé et fait livrer chez Alexandre, il le déposera avec ma mini.

- C'est sympa, ça.

- En effet ! Je reconnais que malgré notre divorce, depuis mon accident, il gère autant avec moi qu'avec la petite.

Sarah sourit et demande :

- Et ça ne te donne pas envie de retourner vers lui tout ça, toutes ses petites attentions ?

- Alex est sympa, je lui suis reconnaissante de tout ce qu'il fait pour moi, mais ce « nous » que nous étions n'existera plus.

- Et celui que tu formais avec Aydan ?

Sur le pas de la porte de ma chambre, je me stoppe brutalement à la mention d'Aydan et déglutis avec mal tandis qu'un pique violent traverse ma poitrine.

- Désolée, Zorah. Je n'aurais pas dû aborder ce sujet.

Je marche jusqu'à mon lit qu'elle a baissé au plus bas et m'installe en grimaçant de douleur.

- Ça va, Sarah. Ce « nous » me manque, mais je ne suis pas prête à le retrouver et à vrai dire, je ne sais pas s'il se reconstruira.

Elle acquiesce et sourit, mais ne poursuit pas sur ce terrain.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant