18 - C'est le grand jour, enfin!

607 98 39
                                    

Zorah

C'est le grand jour, enfin ! Aujourd'hui, je rentre chez moi, j'ai hâte de quitter l'hôpital et en même temps j'appréhende mon retour à la maison. La dernière fois que je me suis retrouvée là-bas, j'entrais dans mon quatrième mois de grossesse, je commençais à sentir mon petit amour bouger dans le creux de mon ventre, je vivais un bonheur parfait avec Aydan et Malia. Nous allions fonder une famille remplie d'amour et de cette famille, il ne reste que ma fille et moi. Alors bien sûr tant que Malia est auprès de moi, je serai solide et je resterai debout, mais ça ne m'empêche pas de me sentir vide. Mon corps le ressent et me le rappelle chaque jour lorsque mes yeux se posent sur le plat de ventre qui devrait être aujourd'hui bien arrondi. Le destin s'est acharné sur nous, pourtant nous ne sommes pas de mauvaises personnes. Je ne comprends toujours pas comment autant de merdes peuvent arriver à de bons êtres quand il n'arrive jamais rien aux pourritures. Je trouve ça aberrant, mais je sais que je n'aurais jamais d'explication. C'est la vie ! C'est comme ça et c'est tout.

- Tu m'écoutes au moins ?

Sean me sort de mes songes. Après sa première visite, il est revenu tous les jours avec un sachet de viennoiserie pour le petit déjeuner. Ça m'a tellement irrité de le voir jour après jour, si j'avais pu le buter et m'en sortir blanche comme neige, je l'aurais fait sans hésiter. Mais au fil du temps, je me suis habituée à ses visites et parfois, elles me font plaisir, je crois. C'est un comble de le laisser m'approcher lui, alors que je repousse son frère, mais la vérité c'est que même si ma haine pour Aydan s'est envolée, ma culpabilité et ma lâcheté prennent de plus en plus d'ampleur.

- T'es vraiment perché ce matin, ronchonne-t-il.

- Hein ?

Il soupire.

- Je te demandais à quelle heure tu rentrais chez toi?

- Mily vient me chercher à midi, pourquoi ?

- Je ne bosse pas, aujourd'hui. J'aurais pu te ramener.

- Fallait le savoir, tu ne m'as rien dit.

Je pioche un dernier croissant dans le sac pour finir le chocolat qu'il m'a pris de la machine dans le couloir.

- Pas faux. Et t'as une séance avec Sarah avant de partir ?

- Oui, pourquoi ? souris-je à sa question.

J'ai remarqué qu'il n'était pas insensible au charme de ma kinésithérapeute et d'ailleurs, elle non plus. Avant-hier, alors qu'elle avait du retard dans ses visites, Sean est reparti bougon quant à elle, la déception s'est affichée sur son visage en entrant dans ma chambre. Ça m'a fait rire, ils sont mignons.

- Comme ça. Ça te dérange si j'y assiste ?

- Tant que tu ne te fous pas dans mes pattes et que tu laisses Sarah faire son job, ça me va.

- Je me ferai tout petit, c'est promis.

J'esquisse un léger sourire et demande :

- Tu vas lui donner ton numéro ?

- Quoi ? Non ! s'exclame-t-il penaud.

J'éclate de rire spontanément. Sean, le mec le plus vicieux du monde, se laisse intimider par un petit bout de femme jovial et sympathique. Qui l'eut cru ?

- Vas-y, fous-toi de ma gueule ! En attendant, le jour où tu trouveras tes burnes pour aller voir Aydan, là, ça sera à mon tour de rire.

Mais quel connard ! À la mention de son frère, ma taquinerie prend fin. Le revoir, j'en ai envie, d'autant qu'il me manque de plus en plus, mais je n'ai pas le courage d'affronter mes erreurs et encore moins cet homme qui continue de faire battre le peu de cœur qu'il me reste.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant