40 - Ils sont ma famille

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❤️Aydan❤️

Zorah est enceinte. Je suis abasourdi, mes craintes et mes incertitudes m'assaillent et me persécutent de toutes parts. Comment tenir mon rôle alors que je n'ai pas été désiré et qu'on m'a rejeté toute ma vie ?

- Je ne peux pas être père.

Ce n'est que lorsque Zorah ploie sous le poids de mes mots que je me rends compte les avoir dits à voix haute. Je la rattrape dans sa chute et la ramène contre moi. Quel con ! Je nous dirige vers le banc où je la fais assoir, et m'installe près d'elle. Une fois encore, je suis responsable de ses larmes alors que j'ai juré de ne jamais la faire pleurer. Je me hais pour ça.
La souffrance que je lis sur son visage me sort totalement de mes pensées, je m'empare de sa main, la faisant sursauter et colle mon front contre le sien.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, Bae. Je suis une plaie pour mes proches, comment veux-tu que je sois père ? Et comment pourrais-je en être un bon ? Je n'ai aucune notion de la famille.

Zorah ne réagit pas. À cet instant, j'ai peur qu'elle ait fermé les portes de sa forteresse et de l'avoir perdue.

- Je ne sais pas comment faire, Zorah. Je n'ai pas eu une enfance normale.

Ah ! Ça non.

Je suis ce qu'on appelle un accident. Si mon père ne me l'a jamais fait sentir, ma génitrice ne s'est pas contentée de me le dire, elle me l'a remémoré chaque jour de ma vie, jusqu'à ce que je quitte sa foutue baraque. Dès que mon paternel avait le dos tourné, elle me faisait vivre l'enfer.
Lara m'a refourgué par-ci, par-là pour ne pas m'avoir dans ses pattes, elle m'a honni à maintes reprises que ce soit à la maison, ou devant ses amies. Le regard qu'elle me porte est empreint de mépris et il n'a pas changé en trente ans. Elle me voue un dégoût et une haine sans fin, si bien, qu'elle a enrôlé son fils aîné pour rendre ma vie plus merdique encore.
Comment pourrais-je apporter de l'amour, alors que je n'en ai pas reçu ?

Zorah me coupe dans mes pensées et me dit que je ne dois pas douter de moi. Elle est convaincue que je saurais y faire, je l'entends et je sais qu'elle est sincère, mais je n'en suis pas certain, tout en moi me certifie qu'elle se trompe.

Je lui fais part de mes interrogations, de mes réticences, elle les contre les unes après les autres, je suis complètement perdu et j'ai peur de ne pas assurer.
Je suis terrorisé et j'abhorre du plus profond de mon âme le monstre qui m'a donné la vie.

Zorah se lève et m'informe qu'elle retourne dans la salle. En partant, elle me laisse méditer sur la nouvelle et ajoute que même si je décide de ne pas faire partie de leurs vies, mon enfant ne manquera jamais d'amour. Inutile de le préciser Bae, ça je le sais déjà.
Elle est un mère bienveillante, sa famille passe avant tout, son amour ne connait pas de limites et elle est prête à tout pour protéger les siens. C'est en partie pour ça que je l'aime, d'ailleurs.

Seul sur le banc, je me projette dans la vie que je pourrais avoir aux côtés de cette femme. Plusieurs images se superposent dans mon esprit. Zorah caressant son ventre rond. Malia qui câline sa mère en attendant la naissance de ce petit être qui changera nos vies. Et j'arrive même à me voir nourrir mon enfant sous le regard rempli d'amour de sa mère. Je nous imagine tous les quatre vivre ensemble et heureux. Ces futurs moments s'ancrent dans ma mémoire. La perspective d'une existence où je compte pour quelqu'un me fait verser une larme, et augmente mon rythme cardiaque.

Puis, je repense à ma vie avant Zorah, et pas seulement après la trahison de Claire. Avec le recul, je me rends compte que mon quotidien était terne. J'étais en couple et croyais savoir ce qu'était l'amour, mais je me fourvoyais. Seule ma salle de sport m'apportait un certain bien-être et une fierté que je n'avais jamais connue. Puis, je suis parti à Rouses Point, j'ai flirté étroitement avec le néant. J'ai vécu quelques mois dans la débauche, et j'ai fini par comprendre que le mal-être qui me consumait n'était pas dû à la tromperie de mon ex. Claire n'avait rien à voir avec mon état, il me manquait simplement une flamme douce et chaude pour réchauffer mon âme, et il a suffi d'une putain de nuit pour que Zorah devienne cette flamme. Ely me dit que j'ai marqué cette femme à un tournant de sa vie, mais la vérité c'est que l'aura de ma belle m'a réanimé.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant