59 - Maze n'est pas un secret

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Aydan

- Zorah ! m'écrié-je, quand elle s'écroule.

Mon cœur palpite comme un fou furieux, j'abandonne Amélie et accours près de ma femme. Aminata s'accroupit au même moment que j'arrive, elle tourne Zorah sur le dos. Ses yeux papillonnent, elle semble reprendre ses esprits, mais ça signifie aussi qu'elle a perdu connaissance l'espace d'un instant. Ma tête me renvoie quelques mois en arrière, des images d'elle, le visage en sang, ne cessent de me persécuter. Je la revois se faire faucher, puis allongée au sol, et même dans son lit d'hôpital. Comme projeter dans le passé, mon corps se tend, je peine à déglutir, ma gorge s'est transformée en sentier de ronces qui ne m'épargne pas.

- Aydan !

Une main douce et chaude se pose sur mon avant-bras, et me reconnecte à la réalité, je la repousse vivement avant de prendre conscience qu'il s'agit d'Aminata. Je bredouille des excuses, sans quitter Zorah des yeux.

- Aydan, son téléphone, la personne au bout du fil s'inquiète, annonce Aminata.

J'avise le smartphone de ma femme avant de revenir à cette dernière. Je ne veux pas la laisser seule. Son regard s'arrime au mien, elle hoche doucement la tête pour me faire comprendre qu'elle va bien, mais elle vient de perdre connaissance, alors non, ça na va pas.

- Réponds. J'appelle les secours, intervient mon employée avec douceur.

- Pas besoin, bredouille, Zorah en tentant de se redresser.

- Tu restes allongée, pressé-je son épaule pour l'en empêcher de bouger. Ami, je te la confie.

Cette dernière acquiesce et sort son smartphone de sa poche, tandis que je m'empare de celui de Zorah.

En me relevant, j'aperçois Amélie, qui m'observe l'air inquiet, elle me demande si ça va ? J'acquiesce et réponds à l'avocate de Zorah pendant que mon employée est en ligne avec les secours.

- Allo ?

- Qu'est-il arrivé à ma cliente ? s'affole, la femme au bout du fil.

- Elle s'est évanouie. Que lui avez-vous appris ?

- Comment va-t-elle ?

- Elle a repris connaissance et les secours sont en route. Je vous le redemande, que lui avez-vous dit ? m'informé-je abruptement.

- Je suis désolée, monsieur, c'est confidentiel, ça ne vous concerne pas !

Savoir que ma femme n'est pas mieux de sa forme me bouleverse d'autant que je ne suis pas près d'elle, mais si en plus cette bonne femme s'y met je ne donne pas cher de mon calme. Je n'apprécie ni ses paroles ni son ton ferme.

- Évidemment que ça me concerne, je suis le père ! grondé-je, les nerfs à vif

Au bout du fil, le silence m'accueille, alors que dans mon dos des chuchotements me parviennent. Mon agacement accroit, puis enfin, l'avocate répond avec plus de douceur :

- Monsieur Wesson, je présume.

- C'est ça !

- Le juge demande une analyse psychologique.

Je me tourne vivement vers Zorah, le regard de ma femme s'arrime aussitôt au mien, je lis son désarroi et j'imagine sans mal que le mien lui fait écho.

- C'est une blague, j'espère, soufflé-je, anéanti.

- J'ai bien peur que non, le jugement est repoussé.

Mon sang bout dans mes veines, ma respiration devient hachée par la colère qui s'empare de moi. La crevure a brisé ma famille, elle l'a poussé intentionnellement, et ce juge a le culot de demander ce genre de conneries.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant