31 - Sa voix devient un faible murmure

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Aydan

Je termine de coacher Amélie pour sa séance de musculation et la félicite de ses progrès, mais je ne m'attarde pas. Depuis que je l'ai raccompagnée chez elle, je mets de la distance même si la professeure de Zumba s'est excusée et qu'elle semble gênée par son geste, je reste sur mes gardes. De plus, je ne me sens pas bien par rapport à ça, le contact des femmes depuis que Zorah m'a quitté m'insupporte, alors retrouver une paire de lèvres quasiment sur les miennes me mets dans tous mes états. Le sentiment de culpabilité que je ressens à l'égard de Zorah ne m'a pas quitté depuis la semaine dernière, j'ai la sensation de l'avoir trahie alors que nous ne sommes plus ensemble et qu'Amélie ne m'a pas vraiment embrassé.

Ce n'est pas la seule chose qui me tourmente, la phrase de Sean ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. « Pour ces deux nanas, j'aurais vrillé et exterminé chaque parasite qui se serait mis sur mon chemin ». Cet abruti m'a harcelé de messages après que je l'ai foutu dehors. Il dit ne pas avoir de vues sur la femme que j'aime et que ce n'était que des paroles en l'air pour m'énerver parce que je ne réagissais pas à ce qu'il disait. Le mec n'a toujours pas compris que lorsqu'il me parle d'elle de la sorte, il risque sa vie. Je crois qu'il a des tendances masochistes et qu'en réalité, il aime se prendre des coups.

Quoi qu'il en soit, entre une nana qui me court après et ce connard qui parle de Zorah et Malia comme s'il était très proche d'elles, c'est trop pour moi et je me retrouve à nouveau au plus bas sans plus aucune once de colère en moi.

Mes émotions font yoyo, je n'arrive pas à les gérer, je sens l'oppression me gagner chaque jour un peu plus et je m'isole souvent. Sauf que le point de non-retour me guette et je ne sais pas ce qu'il adviendra quand je toucherai le bout de ce dernier. Je l'appréhende d'autant plus que la seule personne qui sait me calmer et m'apaiser ne veut plus me voir. Je suis tombé dans un foutu cercle vicieux et je me demande si je vais pouvoir un jour en sortir.

J'arrive à l'accueil, cette dernière est vide. Étrange, Ely devrait être à son poste surtout qu'elle a demandé à me parler. Je retourne dans l'espace musculation pour voir si elle y est, mais aucun signe d'elle. Je retourne à son bureau et j'entends des rires dehors. Je m'approche de la porte et m'apprête à l'ouvrir quand je reconnais la voix de ma cousine et de son interlocutrice.

Une explosion digne d'une bombe atomique se produit dans ma poitrine et m'ébranle plus que je ne le voudrais. Mon corps semble s'être transformé en guimauve, mes jambes me portent difficilement et j'ignore comment j'arrive à tenir debout. Elle est là, Zorah est à quelques mètres de moi. Mon cœur hurle son envie de la revoir, de la toucher, de la sentir, de la faire mienne à nouveau, pourtant je reste là, tétanisé devant cette foutue porte qui nous sépare. Je prends alors conscience que si je n'ai rien fait pour la retrouver jusqu'à aujourd'hui, c'est parce que j'ai peur. Peur de revoir le dégout et la haine que je lui inspire. Pire encore à ce moment précis, puisqu'elle rit avec son amie, si je passe cette porte, je ne supporterais pas de voir ses traits se déformer par son ressenti pour moi. Je n'en ai pas le courage ni la force. Je lâche la poignée et amorce un pas en arrière, puis un autre. Sa voix devient un faible murmure et plus je m'éloigne plus je la perds. Ce sentiment me crève la panse et m'achève un peu plus.

- Yo, bro ! s'exclame Jay en me faisant sursauter lorsqu'il arrive à l'accueil.

Il me dévisage étonné, je me demande quelle image je renvoie, mais certainement pas celle d'un homme saint d'esprit.

- Ça va ?

J'observe la porte un instant et réponds rapidement par la positive avant de trouver refuge dans mon bureau. Je me vautre sur le canapé et colle un des coussins sur mon visage. J'entends encore sa voix résonner dans mon esprit comme si elle était juste là, près de moi. Mes paupières se ferment, aussitôt Zorah apparaît et se dessine dans mes pensées. Ses courbes pulpeuses, où j'aimais m'attarder et que je chéris, ses longs cheveux couleur de jais qui appuient son charme et son côté sexy. Sa bouche charnue et rose pâle que j'adorais dévorer, ses yeux azur dans lesquels je me suis perdu à maintes reprises. Son petit nez qu'elle trouvait trop aplatit parfois avant de décider que non, ce même nez qu'elle venait nicher dans mon cou ou dans ma barbe et qui m'a prodigué des caresses, dont seule Zorah a le secret. Qui sait faire des « papouilles » avec son nez ? J'ai l'impression de la sentir contre moi, que ses mains minuscules et douces me frôlent, malgré moi mon corps tressaute. Le manque qu'elle laisse en moi irradie dans mes veines et me dévaste à la vitesse d'une étincelle qui devient brasier.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant