20 - J'ai vraiment eu peur que tu me claques la porte au nez.

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Zorah

Le visage dévasté d'Ely me fend l'âme. Je la laisse pénétrer chez moi et la débarrasse de ses affaires. Mille et une choses traversent mon esprit, beaucoup concernent Aydan, mais la vie ne tourne pas autour de nous et j'espère qu'il n'est rien arrivé de grave à cette femme pleine de larmes qui me fait face. La distance que j'ai instaurée entre nous se ressent par le fait qu'elle n'ose pas s'aventurer jusqu'au salon sans que je l'y invite. Nous nous installons sur le canapé, Ely prend la place qu'occupait Mily avant son arrivée.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandé-je, inquiète.

Peu importe que je sois prête à renouer le contact, ou non, elle compte pour moi et la voir comme ça me bouleverse à un point inimaginable.

- Désolée de te déranger, j'avais besoin de parler à ma meilleure amie.

Mes yeux se ferment lorsqu'elle termine sa phrase. Malgré mes fautes, elle me considère toujours comme sa meilleure amie, le soulagement qui m'envahit me fait sourire instantanément.

- Tu ne me déranges pas, Ely. Maintenant, dis-moi ce qu'il t'arrive.

Elle me raconte alors les événements de sa soirée, ses larmes s'écoulent à nouveau quand elle me fait part de ses sentiments. Je connais son histoire, je sais ce qu'elle a vu de Jay, et combien repenser à tout ça la blesse. La voir dans cet état me bouleverse, si j'avais cette pétasse d'Estelle en face de moi, je lui referais un ravalement de façade sans aucune hésitation. Ely a enfin trouvé son bonheur avec l'homme qu'elle aime, et ça me tue de savoir qu'on vient encore lui mettre des bâtons dans les roues par pure méchanceté.

- Eh ! m'exclamé-je, lorsque je serre sa main dans la mienne. Tu te souviens quand tu m'en avais parlé, je t'avais dit que la souffrance qu'il t'avait infligée n'était pas volontaire. C'est toujours le cas, El. Ce mec est fou de toi et il faudrait être aveugle pour ne pas s'en apercevoir. Tu veux que je te dise... Je suis convaincue que si cette connasse prend tant de plaisir à te miner le moral, c'est parce qu'elle a toujours su que tu étais celle qu'il voulait. Et est-ce que lorsqu'on a commencé à parler à la salle toi et moi, je ne t'ai pas tout de suite demandé si c'était ton mec ?

- Si ! Tu m'as fait flipper, j'ai vraiment cru qu'il t'intéressait.

Je pouffe à cette nouvelle. Même si elle ne me l'a jamais dit directement, ce jour-là, sa tête parlait pour elle.

- Ouais, je le sais ça. Vos regards ne trompaient personne. Du moins, pas d'un point de vue extérieur à votre bande. À l'instant, où Jay a posé les yeux sur toi avant de me regarder de travers, j'ai su qu'il était en amour. Quant à toi, ce n'était pas difficile à deviner dès qu'il était dans les parages, tu avais des cœurs à la place des yeux comme ce con d'émoji.

Ely s'esclaffe et donne un coup dans ma jambe comme elle a l'habitude de faire. Je grimace malgré moi à la douleur ressentie dans mon bassin, mais puisque son téléphone vibre pour la énième fois, elle n'a pas vu ma réaction. Tant mieux, je n'ai pas envie qu'elle se confonde en excuse pour ça.

- Réponds-lui, il va s'inquiéter et virer fou, intervins-je.

Elle acquiesce, tape son message et nous reprenons notre conversation. Je m'évertue à essayer de lui faire oublier les mots d'Estelle et ses copines en plaisantant sur les répliques qu'elle aurait pu lui envoyer. Petit à petit, ses yeux séchent, son regard triste fait place à des iris plus pétillants. Son sourire se fait plus vrai, moins douloureux, alors je continue mon manège, jusqu'à ce qu'elle soit totalement détendue.

À un moment, nos regards s'ancrent, le silence s'installe quelques secondes, puis elle lance dans un chuchotement :

- Tu m'as manquée, Zorah.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant