Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

18 - Douceur sauvage

❤️ Zorah ❤️

Je regarde les filles partir et entre dans la salle. Je me dirige vers l'annexe et trouve Jay, je remarque qu'il est dépité et impuissant devant la colère de son meilleur ami. C'est tellement rare de le voir comme ça, que je m'attends au pire avec Aydan. Lorsque Jay m'aperçoit, son visage se décrispe et je lui demande :

— Tu as une idée de ce qui a pu autant le foutre en rogne ?

— Aucune, Zo. Tout ce que je peux te dire, c'est que je devais faire la fermeture, ce soir. Il est rentré chez lui et quelques minutes plus tard, il est revenu comme ça et sa rage ne fait qu'accroître.

— C'est étrange quand même ! Il ne vous a rien dit du tout ? demandé-je dubitative. Et sinon, pourquoi vous m'avez appelé ?

— Parce que le seul mot qui est sorti de lui, c'est ton prénom.

Je fronce les sourcils, peu convaincue.

— Tu lui plais, Zorah. C'est un secret pour personne et je connais suffisamment mon pote, pour savoir que là, tout de suite, la seule personne qui puisse lui faire entendre raison, c'est toi.

Je hoche simplement la tête et réponds :

— OK ! Je vais essayer, mais ce n'est pas dit que j'y arrive plus que vous.

— Je crois que si, justement. Tu veux que je reste dans le coin ?

Je secoue la tête négativement.

— Va retrouver les filles, je serais plus sereine en te sachant avec elles.

Jay s'approche de moi afin de déposer un baiser sur mon front et chuchote :

— Bon courage, ma belle. Ce n'est pas de la tarte quand il est comme ça.

J'esquisse une grimace et réponds :

— Merci de prévenir.

Après un clin d'œil, mon ami tourne les talons me laissant seule et pas rassurée du tout.

Je m'approche lentement de l'entrée et ce que j'y découvre me brise le cœur. L'annexe n'est que débris, le mobilier a subi les foudres d'Aydan et le sac de frappes les subit encore. Les coups qu'il donne pleuvent à une vitesse folle et il fait preuve d'une violence excessive que je ne lui soupçonnais pas. Il semble être dans un autre monde, comme si l'annexe était sa bulle et qu'il extériorisait enfin la rage qu'il a en lui. Je comprends soudain ce que voulait dire Ely quand elle disait ne pas le reconnaître.

À chaque coup donné, j'ai envie de me précipiter vers lui, mais l'approcher dans son état serait risqué et je préfère attendre qu'il me voie.
Là où d'autres ne verraient que violence et danger, je devine un homme brisé. Ce soir, Aydan m'apparaît comme un animal sauvage, je ne l'ai jamais vu aussi vulnérable et attirant qu'en cet instant.

Appuyer contre le chambranle de la porte, j'observe, les larmes aux yeux, mon beau brun. Lorsqu'enfin, il m'aperçoit, son regard change instantanément. Toutefois, je ne suis pas en mesure de le déchiffrer tant la rage est présente et sature tout l'espace. Il reste figé en me regardant droit dans les yeux, sa mâchoire se serre et se desserre plusieurs fois, avant qu'il ne finisse par fondre sur moi comme une furie. Je n'ai pas le temps de réagir que déjà, il attrape mon bras pour me faire entrer dans l'annexe et ferme la porte derrière nous. Je me retrouve coincée contre le mur, il m'est impossible d'échapper à cet homme en proie à des démons. Les bras d'Aydan se referment sur moi et me serrent avec force, tandis qu'il enfouit sa tête dans le creux de mon cou.

Je suis surprise par ses gestes. À en juger par le regard vif qu'il m'a lancé et à son état psychologique, je m'attendais plus à avoir une conversation houleuse qu'à ça. Son étreinte est si puissante que je peine à respirer, toutefois, je prends sur moi et passe une main sur ses côtes tandis que l'autre se pose sur son biceps. Je le caresse machinalement pour tenter de le calmer un peu. Après un bon moment, sa respiration hachée par l'effort se transforme peu à peu en respiration profonde. Cette constatation me soulage, c'est signe qu'il cherche à se reprendre et effectivement, je sens qu'il se détend légèrement sous mes doigts. Je tente alors dans un murmure :