Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

26- Je ne ressens absolument rien

Aydan

Ely et Jay viennent de quitter For The Ragnarok pour leur soirée chez Zorah avec Malia. J'ai les boules, ça me fait atrocement mal, c'est comme si à chaque fois que j'essayais de me relever, Zorah m'assénait un nouveau coup pour que je reste ma gueule à terre. La situation commence à me foutre les nerfs, je prends sur moi, je me la boucle, mais je ne donne pas cher de ma patience.

Yoann et Adrien donnent leurs derniers cours, Aminata fait sa séance personnelle quant à Amélie, j'attends qu'elle arrive pour sa première leçon de boxe. Le matériel est prêt, toutefois mon esprit est tellement ailleurs que je n'ai pas du tout envie de prodiguer cette leçon. Amélie entre dans la pièce, elle a troqué sa tenue habituelle, leggings et débardeur, pour un short et une brassière, je me lève à contrecœur et les paroles d'Ely et Jay s'immiscent dans ma tête.

- Je suis prête, sourit-elle en finissant de s'attacher les cheveux.

Non. Impossible. En plus, je ne lui ai jamais donné de raison de flirté avec moi ou quoi que ce soit d'autre.

- Cool, c'est parti ! réponds-je avec un entrain forcé.

- Avant qu'on commence, je voulais te dire merci de prendre de ton temps pour moi, c'est sympa et ça fait plaisir. Et aussi je tiens à te remercier pour les séances de musculation, ça ne fait qu'une semaine, mais j'ai l'impression de déjà voir des changements. C'est possible ou je me tourne des films ?

Sa question me fait sourire, les gens sous-estiment l'activité physique et les capacités de leur corps.

- Et bien pas de quoi et oui c'est possible.

- Ah ! Donc quand je touche mon biceps et que je le trouve plus musclé, je ne suis pas folle ? C'est trop cool ! Bientôt, on m'appellera Shwarzy, ricane-t-elle.

Malgré ma mauvaise humeur, je m'esclaffe à l'humour d'Amélie.

- Ça ne risque pas, t'en es encore loin.

- Arf ! Tant pis, une future Wonder Woman, alors ?

- T'as plus de chances de finir comme elle, ouais. On y va ? demandé-je.

Amélie acquiesce.

Nous commençons par l'échauffement, la salle de boxe étant spacieuse, je lui demande de trottiner pendant une quinzaine de minutes, puis nous esquissons quelques gestes de boxe dans le vide et sans forcer afin de préparer ses articulations. Je lui montre les mouvements, elle les répète, je l'accompagne lorsqu'elle ne l'effectue pas correctement.

Après plusieurs tentatives, son crochet reste plus que mauvais. Je lui demande si je peux m'approcher d'elle afin de mimer le mouvement avec elle. Elle acquiesce en souriant. Je me glisse alors derrière elle et colle mon bras droit au sien en englobant sa main dans la mienne. À cet instant, je pense que si ma cousine nous voyait, elle ferait une syncope, un sourire éclos à cette idée, mais je me reprends afin de ne pas créer de malentendus quel qu'il soit. Je commence à esquisser le coup en plusieurs étapes et je lui donne les directives pour qu'elle puisse le comprendre. Lorsque je lâche sa main, mon regard se pose sur son décolleté. Je détourne les yeux, des images de Zorah envahissent aussitôt ma caboche. Des souvenirs de la fois où elle a réussi à me mettre KO parce que j'avais une vue imprenable sur sa poitrine. À croire que pour m'envoyer au tapis, elle a toujours excellé.

Quoi qu'il en soi, la femme, qui me tient actuellement compagnie, ne me fait aucun effet. Malgré la proximité de nos corps, je ne ressens absolument rien, aucun désir, aucune pensée déplacée à son égard. D'ailleurs, je n'en ai jamais eu pour aucune des femmes que j'entraîne. Aucune, sauf Zorah. Je l'ai eu dans la peau dès l'instant où je suis entré dans ce foutu bar. Elle s'est ancrée en moi dès le premier soir au point que sans elle, je ne sais plus qui je suis.