55 - Je n'ai pas d'ailes

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Zorah

- Mal, tu te dépêches ? m'écrié-je, lorsque je m'empare de mon sac à main.

Des pas hâtés me parviennent et s'arrêtent brusquement. Malia se tient devant moi, prête à partir.

- T'as débranché ta console ?

Elle acquiesce, j'ouvre la porte et nous partons pour une journée mère-fille comme je les aime.

Sur la route, Malia demande :

- T'as pas oublié tes sous, maman ? Parce que je suis sûre d'avoir faim après tout ça.

Je m'esclaffe.

- Tu es épuisante, fillette. Bien sûr que j'ai de l'argent et au pire je vendrai un de tes reins pour payer les entrées et nos consommations.

- Mais ! râle-t-elle. T'es quand même pas gentille avec moi.

- Même après la grosse surprise d'hier ?

- Je retire tout ce que j'ai dit. T'es la meilleure de toutes les mères du monde.

- J'aime mieux ça.

- Il pourra revenir ?

- Je crois, oui.

- Il va bientôt revenir vivre à la maison ? s'enquit-elle pleine d'espoir.

- Tout doux ma belle. Après ce qu'on a vécu tous les trois, j'aimerais qu'on prenne notre temps, qu'on se réhabitue les uns aux autres en douceur et surtout, Aydan et moi, nous n'avons pas discuté de tout.

- Ben, vous attendez quoi ?

- Ce n'est pas aussi facile, Malia. Tu le sais, maman a du mal à évoquer Maze, même si j'y arrive de plus en plus. Et puis, je dois expliquer à Aydan ce qu'il s'est passé, pourquoi ça s'est produit... Et tout ça, ce n'est pas simple pour moi. Je tiens encore difficilement debout, mon chat, laisse-moi retrouver mon équilibre avant d'envisager quoi que ce soit.

- D'accord. Je comprends, mais il reviendra habiter avec nous quand même ?

- Ça, c'est lui qui le décidera.

Je lance un regard dans mon rétroviseur, Malia rive ses yeux aux miens et acquiesce.

- En tout cas, je suis trop contente de l'avoir vu. Tu sais, il m'a vraiment beaucoup manqué, maman.

- Je suis au courant, oui, et moi je suis ravie que vous vous soyez retrouvés.

- Au fait, tu lui reparles depuis quand ?

- Je me demandais quand tu allais poser cette question, ricané-je. Ça fait une semaine.

- Quoi ? s'écrit-elle. Et tu ne m'as rien dit du tout ?

Un nouveau coup d'œil dans le rétroviseur me fait éclater de rire. L'expression bouche bée de ma fille est épique. Ses yeux sont à la limite de sortir de leur orbite et sa bouche grande ouverte me laisse apercevoir le fond de sa gorge.

- Je suis désolée, Mal. Je voulais t'en parler dimanche soir, mais j'ai eu l'idée du dîner alors j'ai gardé cette information pour moi afin de te faire la surprise.

- Bon d'accord, je ne t'en veux pas alors.

- Trop aimable, ma fille.

Nous continuons de discuter, mais notre sujet de conversation dérive sur notre journée. Nous allons faire de l'escalade en salle, ainsi que d'autres activités proposées par le site. Je suis surexcitée, d'autant que je compte bien escalader avec elle et mettre mon bassin à l'épreuve. J'ai bien une légère appréhension, mais mes séances avec Aminata se déroulent bien alors, il n'y a pas de raison que ça se passe mal ici. Et puis, c'est notre moment à nous et Malia subit déjà depuis des mois mes émotions négatives, donc il est grand temps de faire revenir un peu de positif dans nos vies.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant