Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

22 -T'es bigleux et tu crains

Aydan

Ely vient de quitter le bureau, je reprends le travail avant mon rendez-vous hebdomadaire avec William. Toutefois, une lourdeur appuie sur mon estomac et je n'arrive pas à me sortir Zorah de la tête. Déjà en temps normal, je ne cesse de penser à elle, mais aujourd'hui c'est pire encore.

Sentir son odeur sur Ely m'a remué, je ne m'y attendais pas et j'ai eu l'impression de me fracasser en pleine puissance contre un mur. Je n'en veux pas à ma cousine d'avoir repris contact avec la femme que j'aime, je n'ai pas non plus le droit de l'envier, puisque rien ne m'empêche d'aller frapper à la porte de Zorah pour avoir une discussion. Enfin, rien à part sa haine à mon égard. J'ai beau retourner le problème sous tous les sens, je ne comprends pas pourquoi elle m'en veut autant et je n'ai pas le courage de l'affronter pour le savoir.

- Aydan !

La voix d'Amélie me parvient à l'entrée de mon bureau et me sort de mes songes.

- Ouais ?

- Je peux entrer ?

Je l'invite à pénétrer dans mon espace de travail et fronce les sourcils quand elle ferme la porte derrière elle. D'une part parce qu'elle ne l'a jamais fait, mais aussi parce que je me demande ce qu'elle vient faire ici.

- Tu as un problème, Amélie ? m'enquis-je, en me calant au fond de mon siège.

Elle s'installe sur le canapé avec une telle aisance qu'elle me donne l'impression d'être habituée à le faire et pour une raison que j'ignore, sa façon d'agir m'agace. Je mets néanmoins mon ressenti de côté et donne mon attention à mon employée.

- Non, aucun, enfin presque. Tu ne saurais pas pourquoi Ely ne m'apprécie pas par hasard ?

Oh bordel ! C'est bien ma veine ça. Les embrouilles commencent, je vais devoir subir les jérémiades de deux nanas en permanence... Je suis dans la merde et elles risquent de me rendre dingue.

- Aucune idée, éludé-je. C'est pour ça que tu es là ? Elle t'a fait une remarque inappropriée ?

J'effectue mon rôle de boss, alors que tout ce que je souhaite réellement, c'est que le monde me foute la paix, mais visiblement c'est trop demandé.

- Non, elle ne m'adresse quasiment pas la parole, mais j'ai le droit à pas mal de regards courroucés quand je la croise, ricane-t-elle. Je me demande ce que je lui ai fait... Bref, je ne suis pas ici pour parler de ça, je m'en fiche un peu à vrai dire.

Sa remarque par rapport à Ely, me fait sourire intérieurement. En effet, tu n'as pas idée de l'amour que ma cousine te porte.

- Alors qu'est-ce qui t'amène ?

- Bon ça fait quelques jours que tu me coaches, je trouve que le feeling passe bien, et je pense être une bonne élève. Du coup, je me demandais si en plus de la musculation, tu pouvais me trouver une petite place pour quelques cours de boxe en privé ? Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de commencer devant d'autres personnes.

Elle n'a pas tort, les coachings se passent bien. Je découvre mon employée peu à peu, et je sais désormais qu'elle parle beaucoup. Trop. J'ai appris qu'elle était très active, elle ne s'arrête jamais et j'ai l'impression qu'un grain de folie, qu'elle tente de refréner ici, l'habite. Tout ce passe bien et n'ai aucune de raison de refuser, pourtant au fond de moi, quelque chose coince, mais je ne sais pas mettre le doigt dessus.

- Je regarde mon planning dans l'après-midi et je te redis quand je suis disponible.

- Trop cool ! se réjouit-elle. J'ai hâte et en même temps j'ai un peu peur. Tu ne moqueras pas de moi, hein. Non parce que je suis un peu maladroite.