Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

23 - Il y aura assez de Zorah pour tout le monde

Zorah

Ça fait quelques jours que j'ai retrouvé Ely. Les avoir à mes côtés, elle et Mily, m'aide énormément, même si je ne me sens toujours pas capable d'avancer réellement dans ma vie. Le souvenir de Maze plane tout autour de moi et ma souffrance ne s'estompe pas. La semaine qui arrive est d'autant plus difficile parce que Aydan, Malia et moi avions prévu d'aller à Calais pour le shooting photo des six mois de grossesse. À l'heure actuelle, mon ventre devrait être bien arrondi et je devrais m'extasier de le voir se déformer par les coups de mon amour, mais au lieu de vivre ces instants magiques remplis d'amour, j'erre dans les ténèbres, prête à me faire engloutir par les abysses.

Mon téléphone tinte et me sort de mes songes. C'est un message d'Ely qui m'avertit qu'elle et Jay arrivent. Ce dernier a demandé à me revoir, j'en suis ravie, mais je stresse tellement que mon ventre se tord dans tous les sens et me rend nauséeuse. Je déteste cette sensation, ce stresse qui me dévore, c'est insupportable.

Alors que je récupère mon manteau pour l'enfiler et que j'empoigne mon sac à main, j'entends le Klaxon retentir. Pour la première fois depuis ma sortie de l'hôpital, je quitte ma maison pour aller ailleurs que chez Mily.

La porte verrouillée, je souffle un coup pour me donner du courage et me dirige vers le véhicule. Jay est au volant, il trifouille le poste radio, tandis qu'Ely m'offre un grand sourire et me fait signe de la main. L'appréhension se fait plus grande, pire encore ma vue se trouble sans aucune raison, enfin si, j'affronte mes erreurs et ma lâcheté et c'est difficile. Je monte à l'arrière et claque la portière.

Je pensais qu'Ely serait la première à me saluer, mais Jay la devance.

- Salut, Poupée ! Ça va ?

Son intonation est la même qu'avant, pas d'hésitation, pas de colère, pas de rancune. Il est juste lui, et la simplicité avec laquelle il s'adresse à moi me prend au dépourvu.

- Euh... Ouais... Et toi ? bafouillé-je sous les yeux rieurs d'Ely qui m'observe dans le pare-soleil.

- C'est cool ! Merci d'avoir accepté que je vienne, ça me fait plaisir.

Il reprend la route sans plus attendre.

- C'est plutôt à moi de te remercier pour ta demande.

D'un coup d'œil dans le rétroviseur, Jay m'offre un sourire bienveillant.

- T'as quand même pas cru que tu pouvais te débarrasser de moi comme ça ?

- Pot de colle comme tu es, je suis sûre qu'elle n'y a même pas pensé, intervient Ely.

- Qu'est-ce que tu chantes, toi ?

Mon ami passe sa main derrière la tête de sa copine et la décoiffe pour se venger, tandis qu'elle râle, et lance une flopée d'injures à l'encontre de Jay qui s'esclaffe devant sa tête de « petit bouledogue ». Je pouffe discrètement, sur l'instant le nouveau surnom d'Ely lui va comme un gant.

- Et ça te fait rire, toi ? s'indigne-t-elle en se tournant vers moi. La solidarité féminine ça te parle ?

- J'en ai déjà entendu parler, oui. Mais, je ne ris pas pour me moquer, c'est juste que c'est mignon.

- Mon cul, ouais ! Certaines choses ne changent pas à ce que je vois... Vous êtes toujours à deux pour vous payer ma tête.

- Mais non, Cœur ! Et ne soit pas susceptible comme ça, « Petit bouledogue » ça te va bien, et en plus c'est des chiens adorables.

- Adorables ? Tu plaisantes, j'espère ? À quel moment je bave comme eux ?

- Et bien, quand... non rien !