62 - Jay est intact !

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Aydan

Je termine tout juste de réaliser les prochains plannings, quand deux coups sont donnés à ma porte et que cette dernière s'ouvre.

- Salut ! Ça va ? demande Amélie en refermant derrière elle.

- Ouaip. Tu tombes bien ! Il faut qu'on parle, assieds-toi.

Elle me fixe de son regard interrogateur, puis s'exécute avant de prendre place sur le canapé.

- On se fait une séance psy ?

- Hein ?

- Ben, moi sur le sofa, toi à ton bureau, ça fait ambiance psy.

- On ne me la jamais faite celle-là, souris-je.

- Faut un début à tout. D'ailleurs, pourquoi il y a un canapé dans ton bureau ?

- C'est pour me détendre quand mes employés me font chier.

Elle éclate de rire.

- Pas mal ! Et tu dois souvent te détendre à cause de moi ?

Je ne saurais expliquer pourquoi, mais j'ai la sensation que sa question a un double sens, peut-être est-ce son regard, ou l'intonation de sa voix, ou alors sa lèvre inférieure qu'elle mordille en souriant.

- Jamais ! Bref, on s'en fout de mon canapé. Je voulais savoir pourquoi tu me regardes aussi étrangement depuis ce matin ?

- Tu le sais déjà, sinon on ne papoterait pas.

- Effectivement.

- Alors ça veut dire quoi ce « je suis le père ! » que tu as lâché avec colère ?

Sa question posée avec autant de simplicité et de détachement me remue l'estomac et ne me donne pas envie de m'épancher sur mon histoire. Je choisis donc d'être direct, distant et le plus froid possible.

- Quand Zorah a eu son accident, elle portait notre enfant, malheureusement, le choc a été trop violent... Je n'en dirai pas davantage, j'imagine que ta curiosité est suffisamment assouvie. Je n'ai pas besoin de faire face aux bruits de couloir et surtout je n'ai pas envie d'en parler, alors j'apprécierais que tu n'ébruites pas ce que tu viens d'apprendre.

Amélie me fixe hébétée, dans un premier temps, puis elle se lève, s'approche du bureau pour prendre appuie dessus.

- J'ai cru comprendre que c'était elle qui avait mis un terme à votre relation et depuis que je t'ai rencontré, je vois bien que tu n'es pas heureux. C'est à cause de ça qu'elle a rompu ?

Je viens de lui annoncer que j'avais perdu mon enfant et tout ce qui l'intéresse c'est ça ? Pour la première fois depuis que je l'ai embauchée, j'ai envie de la foutre dehors sans ménagement pour son manque d'empathie.

Son regard se charge de colère en l'absence de ma réponse.

- Mais quelle connasse ! Et toi tu la laisses se repointer dans ta vie comme une fleur ? T'es débile ou quoi ? s'emporte-t-elle.

En une fraction de seconde, mes muscles se contractent, mes poings et mes dents se serrent avec force. Mon cœur s'emballe comme un fou furieux à l'insulte que ma collègue vient de proférer envers Zorah.

Si Amélie avait été un homme, je lui aurais déjà fait bouffer chaque mur de mon bureau, mais c'est une femme et malgré la colère qu'elle fait bouillir en moi, je me retiens. Mes paupières se ferment, j'inspire profondément et expulse l'air de la même façon, puis je me lève, contourne mon bureau pour dominer Amélie de toute ma hauteur. Mes yeux plongent dans les siens, je ne discerne aucune once de regret, elle maintient mon regard et ça me fout encore plus en rogne.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant