Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

Épilogue

Zorah

L'an dernier, la justice a œuvré dans notre sens, Lara a pris la peine maximale pour avoir brisé nos vies. Après ça, ma peur quant à redevenir mère s'est un peu allégée, mais même en la sachant derrière les barreaux ça n'a pas été facile de faire ce pas vers la vie. Pourtant avoir un enfant avec Aydan était un de mes vœux les plus chers, alors après des tonnes de mots rassurants de la part de l'homme qui partage ma vie, nous avons sauté le pas. J'ai arrêté ma contraception et notre amour a fait le reste...

Aujourd'hui, le soleil brille, il est presque à son zénith. Malia s'amuse, sur le trampoline, à reproduire les figures de gymnastiques qu'elle a apprises pendant ses cours. Elle rit et râle parfois quand elle en rate une, ce qui me fait doucement sourire. Aydan prépare le repas et me donne l'eau à la bouche tant ça sent bon. Mao dort lové contre mon cœur dans son écharpe de portage et moi, je m'apprête à réaliser une chose que je n'aurais jamais crue possible... J'écris une lettre à Lara.

Installée devant le petit secrétaire du séjour, j'en suis à ma quatrième tentative. Stylo en main, je recommence :

Lara,

J'ai longtemps ressenti la rage et la haine à votre égard. J'ai également imaginé mille et une façons de me venger pour le mal que vous nous avez causé, et pour la souffrance qui ne s'en ira jamais. J'ai bien trop souvent pensé vous donner la mort, davantage quand Aydan s'est livré à moi concernant son enfance. Seulement, aujourd'hui, par cette lettre, c'est mon pardon que je vous offre, même si je suppose que vous ne ressentez aucune once de culpabilité.

Qu'importe. À vrai dire, si je le fais c'est pour moi et la famille que nous avons bâti avec Aydan. Vous avez voulu nous anéantir et je reconnais que vous avez bien failli atteindre votre but. Toutefois, l'amour qui me lie à votre fils est tout bonnement indestructible, et j'en ai la preuve vivante sous les yeux.

Je pardonne à la femme qui m'a le plus fait souffrir, et ce même si je sais que je pleurerai encore la perte de Maze.

Mao remue dans son petit cocon, je glisse un œil sur lui et souris devant cette bouille d'ange que j'ai envie d'embrasser à tout bout de champ. Mon amour à son égard me foudroie à chaque fois que je l'observe.

Lorsque j'ai appris qu'il s'était logé au fond de moi, j'ai eu peur. Peur de m'attacher, peur de devoir lui dire adieu à lui aussi. J'étais tétanisé à l'idée de devoir à nouveau affronter ce par quoi nous étions passés pour Maze. Je n'ai donc pas vécu ma grossesse comme je l'aurais voulue. Partagée entre cet amour qui ne cherchait qu'à s'insinuer en moi et toutes ces peurs qui m'assaillaient jour et nuit, je ne me suis pas reconnue. Le doute s'est installé, je pensais que je n'étais plus la mère que j'avais pu être pour Malia et celle que j'aurais dû être pour Maze. Je pensais que je ne saurais plus jamais être une bonne mère. Mais, Malia n'a eu de cesse de murmurer à quel point je me trompais et qu'elle n'aurait pas pu rêver avoir une meilleure maman que moi. Mon Dieu que j'aime ma fille, mon grand bébé, mon éternelle.

Durant ces neuf mois de grossesse, mes nerfs ont été mis à rude épreuve et j'ai dû me battre contre moi-même à mainte reprise, mais mon homme et ma fille ont su m'épauler et chasser mes démons. J'ai longtemps appréhendé ma rencontre avec Mao dans le sens où j'étais effrayée de le considérer comme un enfant pansement. Toutefois, à l'instant où je l'ai vu, entendu et senti contre mon cœur, tous les bons sentiments que je gardais enfouis au fond de mon âme ont déferlé avec une puissance incroyable. J'ai beaucoup pleuré pendant les deux heures de peau à peau que nous avons eues lui et moi, je me suis retrouvée submergée par toutes mes émotions, et le passé s'est parfois mêlé au présent. Je vivais avec Mao, ce que l'on m'a volé avec ma petite Maze. Ça n'a pas été simple de faire la part des choses sur l'instant, mais heureusement mon Aydan était là et ses mots doux m'ont apaisé.