Zorah
Blotti sous mon plaid ainsi qu'une grosse couverture, je regarde et écoute, sans vraiment le faire, la télévision. L'heure affichée au coin à droite de l'écran m'annonce que Sean ne va pas tarder à arriver. Depuis qu'il est venu me voir à l'hôpital, il rapplique tous les matins avec le petit déjeuner, si au début j'en avais cure de sa présence, aujourd'hui, je m'y suis habituée et je reconnais que je l'apprécie. Cet homme est horriblement chiant, mais nos chamailleries sont un divertissement et ce rite qu'il a imposé est un moment agréable dans mon quotidien morne.
Un quart d'heure vient de s'écouler lorsque j'aperçois les phares de la voiture éclairer l'espace qui sépare ma maison à celle de Mily. Je me lève et vais lui ouvrir.
- Salut, ma belle ! s'exclame-t-il joyeusement.
- Salut.
Après des heures sans parler, ma voix est enrayée, elle me fait penser à celle de certains fumeurs. Je me racle la gorge tandis que Sean dépose un sac rempli de viennoiserie sur la table de la cuisine.
- Tu vas me considérer comme ton Dieu aujourd'hui.
- Le jour où ça arrivera, ça voudra dire que j'ai perdu toute notion de la réalité et que je suis bonne à être enfermée.
Il ricane.
- T'es une ordure avec moi, Zorah.
- C'est pas vrai, juste réaliste.
- Bon du coup, je repars avec mes cougnous ?
Des cougnous ? Tout sourire, il sort une coquille de Noël du sac en kraft qu'il agite devant lui.
- Alors ? Je ne suis pas ton Dieu ?
- Si t'attends une réponse positive, tu risques de finir en poussière avant de l'obtenir.
- Espèce de petite conne ! J'ai fait toutes les boulangeries de la ville pour t'en trouver et c'est comme ça que tu me remercies ?
- Premièrement, je ne t'ai rien demandé et deuxièmement, je suis certaine que tu as demandé des infos à Marvin.
- Bien vu.
Il esquisse un demi-sourire, qui me vrille les entrailles. Dès notre première rencontre, j'ai trouvé qu'Aydan et lui souriaient parfois de la même manière. Ce matin, le coin de ses lèvres me ramène beaucoup trop à son frère.
- Ne souris pas comme ça ! bougonné-je.
- Quoi ? s'étonne-t-il.
Je soupire et garde pour moi le fait qu'il m'a rappelé Aydan.
- Rien ! Tu prépares les boisons ?
- T'es étrange comme nana, mais ouais je fais ça.
J'entre dans la salle de bain, m'appuie au-dessus du lavabo. Les paupières fermées, je ne vois que lui. Lui et sa bouche, lui et son regard intense, lui tout le temps, lui partout, lui, lui, lui. Mon cœur se serre, une larme glisse pour finir sa course sur mes lèvres, j'essuie rapidement la trainée humide qu'elle a laissée derrière elle et ouvre les yeux. Je ne dois pas penser à Aydan, je secoue la tête et me passe un coup d'eau fraiche sur le visage pour me ressaisir.
Je rejoins Sean dans la cuisine, m'installe à table tandis qu'il pose un mug fumant devant moi.
- Merci ! T'as quelque chose de prévu mardi soir ?
- Non pourquoi ? T'as rendez-vous et tu veux que je fasse la nounou.
- Non, tête de nœud ! Et ce n'est certainement pas à toi que je demanderai de garder ma fille, je ne suis pas inconsciente. C'est juste pour savoir si tu veux venir manger chez nous ?
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Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |
Romantizm⚠️ Attention! il s'agit d'un premier jet, les corrections ne sont pas faites ⚠️ Trigger Warning : Violence, maltraitance infantile, sexe, mort, deuil prénatal, vulgarités. Les ténèbres ne se trouvent pas seulement dans les endroits sombres. Elles s...