Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

51 - Les montagnes russes

Aydan

Je vois bien qu'elle n'est pas encline à cette discussion. Zorah est distante et fermée depuis que je lui ai rendu sa liberté.

- Installe-toi, j'arrive.

Elle se dirige dans le séjour et pose négligemment son manteau sur une chaise, avant de se rendre dans sa chambre. Quant à moi, je vais dans le salon où le canapé n'a pas été refait, je m'installe sur un fauteuil pour ne pas empiéter sur son espace sans qu'elle m'en ait donné l'autorisation. Elle effectue le même manège qu'hier, en l'attendant, je repense à tout ce que j'ai entendu à travers ces quatre murs qui m'ont souvent coupé du monde extérieur et que je ne peux toujours pas blairer.

Je constate qu'après tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois, dès qu'elles sont toutes les trois ensemble leur connerie s'intensifie, surtout celle d'Ely. J'ai appris que ma femme doutait quant à ma relation avec Amélie, ce qui conforte ma cousine dans son idée folle que mon employée cherche à m'attirer dans ses filets. D'ailleurs, je n'ose pas imaginer son comportement demain. Je vais encore devoir supporter ses réfléxions, et je soupire blasé d'avance. Ma foi, je ferai avec. Ce qui compte pour le moment c'est que je rassure ma belle et qu'elle comprenne que j'apprécie bel Amélie en tant qu'amie, au même titre qu'elle aime bien ce connard de Yoann.

- Tu veux un truc à boire, ou quelque chose à manger ? s'écrit Zorah depuis le couloir.

Je réponds par la négative, et la vois arriver dans le même accoutrement que la veille. Intérieurement, je jubile, je me régale autant qu'hier de la voir porter mon t-shirt, mais l'expression de son visage me fait déchanter. Elle se mord l'intérieur des joues, signe qu'elle est anxieuse, je n'aime pas ça.

- Je t'écoute, déclare-t-elle, alors qu'elle s'assoit sur le bord du canapé en triturant la bague que Malia lui a offerte.

- Qu'est-ce qui tracasse, Zo ? Que veux-tu savoir ?

Son regard n'a toujours pas croisé le mien, elle me fuit et demeure silencieuse pendant un moment. Soudain, elle relève la tête, ses iris se braquent aux miens.

- Il s'est passé quelque chose entre vous ?

La tête penchée sur le côté, je l'observe en me demandant si elle ne me taquine pas, mais son corps crispé m'affirme qu'elle est tout ce qu'il y a de plus sérieuse. Une douleur venue de nulle part irradie en moi. Elle m'a rejeté, malgré tout dans mon esprit elle est restée ma femme et j'ai continué à lui être fidèle. Je ne comprends pas ce qui peut la faire douter à ce point.

- Je veux la vérité, Aydan. Je veux savoir si je me lance dans un nouveau triangle amoureux, ou si je me fais des films.

Le direct dans l'estomac qu'elle vient de m'envoyer peine à passer, mais au moins je crois deviner ce qu'il se trame dans son esprit. J'imagine que les vestiges de sa précédente union se mélangent à la nôtre et la tourmente. Cependant, je ne suis pas Alexandre. Zorah a beau m'avoir fait souffrir de la plus atroce des manières, il n'en reste pas moins que j'ai les épaules assez larges pour tout encaisser, sans éprouver le besoin de fricoter avec la première venue.

- Aucun triangle, je ne sais pas jouer à plusieurs. Il n'y a jamais rien eu entre elle et moi et ça continuera ainsi.

- Pourtant, elle est jolie et tu lui plais.

- Je peux bien plaire à une horde de femmes, aucune n'aura sa chance, aucune ne prendra ta place.

- T'es du genre à aimer souffrir en amour ?

- Pas du tout. D'ailleurs, si tu peux éviter de le refaire, ça serait vraiment sympa.

Elle acquiesce et détourne les yeux.