11 - Son sang coulait aussi dans les veines de Maze

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Zorah

Un mois et une semaine s'est écoulé depuis que je suis arrivée à l'hôpital et un mois que je fais ma rééducation avec Sarah. Finalement, c'est une femme sympathique, et sous ses encouragements, je progresse même si c'est difficile et douloureux. Techniquement dans deux semaines on essaiera la marche, enfin le levé sera déjà bien. J'ai hâte ! Rester assise et allongée dans ce lit me rend folle, je me sens prisonnière de ces quatre murs, de ce foutu corps qui ne répond plus comme il faut, et je le suis, d'ailleurs. J'essaie de mettre ça de côté parce qu'y penser m'occasionne cette oppression que je gère de moins en moins bien. Heureusement, Alexandre ramène Malia tous les jours, les allers-retours doivent être agaçants, pourtant il ne dit rien et ne montre rien. Je lui en suis reconnaissante parce que sans ma fille à mes côtés, je n'y arriverai pas. Elle est ma force et c'est aussi pour elle que je me donne à fond à chaque séance avec Sarah. Plus vite je pourrais remarcher, plus vite je pourrais retrouver ma vie avec Malia. J'ai besoin de retrouver mon chez-moi et mon intimité avec elle. C'est mon seul objectif et je ferai tout pour l'atteindre.

Il s'est également écoulé deux semaines depuis le départ de ma mère, c'est moche à dire, mais depuis que Zayshann et elle me foutent la paix, je suis moins à cran. La perte de Maze en revanche me fait atrocement souffrir, jamais je n'ai connu une douleur aussi vive, même la mort de mon père ne m'a pas autant fait mal. Quand je suis avec Sarah et Malia, ça s'atténue, ça se met sur pause en quelque sorte, mais lorsque je me retrouve seule et détenue dans cette enveloppe charnelle qui ne m'obéit plus, le monde s'effondre sans relâche. Ma peine est si profonde que mon cœur ne cherche qu'à éclater. Je ne compte plus le nombre de fois où mes sanglots m'ont étouffée, ou ma respiration s'est bloquée sous le poids de mon affliction. Être mère m'a toujours comblée, mais aujourd'hui, je vois une autre facette de la maternité. Je pense à tous ses parents qui ont perdu un enfant, à leurs combats quotidiens et je me demande comment ils font pour réussir à vivre, ou même survivre. Je me demande parfois si j'y arriverais, parce que là où je voyais du bonheur et de la joie dans la maternité, je ne vois plus que de la peur. J'ai peur d'être maman. Si j'ai hâte de retrouver et reconstruire ma vie avec Malia, j'ai également une certaine appréhension. Je ne souhaite pas que ma crainte affecte ma fille, je ne veux pas devenir paranoïaque et lui gâcher la vie sous prétexte qu'on a gâché la mienne. Malia n'a pas à en pâtir, mais aurais-je la force de lutter contre ces terreurs qui m'assaillent ?

Vers 13 h 00 alors que je somnole devant une émission merdique, deux coups donnés contre la porte me font sursauter. J'invite la personne derrière à entrer, et ce n'est pas une, mais cinq femmes qui entrent avec des fleurs, des chocolats, des livres et une... une poupée vaudou.

- Salut bitch ! s'écrient-elles en chœur.

Je les regarde bouche bée. Je ne m'attendais vraiment pas à les voir débarquer et encore moins toutes ensemble.

- Ne fais pas ta tête de poisson, Zo, on voulait te faire une surprise, déclare Tania tout sourire.

- Ça pour être une surprise, c'en est une ! Liv n'est pas là ?

Ma question jette un froid, les filles se regardent pour savoir laquelle va répondre.

- Ben... commence Abrianna, étant donné sa condition, elle n'a pas voulu venir et remuer le couteau dans la plaie.

Livia et moi étions enceintes à un mois et demi d'intervalle. Je comprends son raisonnement, j'aurais agi de la même façon, toutefois, je suis déçue de ne pas la voir.

- Oh ! D'accord. Et vous comment ça se fait que vous êtes là ?

- On s'est calée deux jours pour venir te voir, puisqu'on t'a suffisamment laissée tranquille, m'explique Gabriella.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant