Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

28 - Elle me voit comme une guerrière

Zorah

Je rejoins ma fille dans sa chambre pour notre rituel du coucher, elle plonge dans son lit, je m'allonge à ses côtés et commence à la câliner en lui demandant si elle a passé une bonne soirée, même si je connais déjà sa réponse.

- Merci, maman, merci beaucoup pour ce repas. Je suis trop contente d'avoir revu Ely et Jay. Par contre, je ne comprends pas pourquoi Aydan n'aime pas Sean, il est gentil.

- Je suis contente que tu aies passé une bonne soirée, ma princesse. Pour Sean et Aydan, c'est compliqué et ce sont leurs affaires pas les nôtres.

- D'accord, répond-elle simplement.

- Et donc tu apprécie Sean ?

- Pas autant qu'Aydan. Est-ce que c'est ton nouvel amoureux ?

Je m'esclaffe alors qu'elle se renfrogne, puis je dépose un gros baiser sur sa joue.

- Jamais de la vie, Malia. C'est un ami comme Jay, même si je préfère Jay, mais ça reste entre nous sinon, fini les petits-déj.

- Promis, je ne dirai rien.

- Bien ! Enfant parfaite que tu es !

Elle sourit et m'embrasse sur la joue.

- Tu restes jusqu'à ce que je m'endorme ?

J'acquiesce. Elle vient alors se blottir au creux de ma poitrine. Ma main plonge dans ses cheveux et je la fais glisser inlassablement jusqu'à ce que ma princesse trouve le sommeil. Je l'embrasse une dernière fois, puis je vais me doucher à mon tour avant d'aller préparer mon lit de camp dans le salon. Une fois prête, je me blottis sous la couette et allume la télé. Je tombe sur la fin du film Maléfique, mais ne zappe pas, puisque juste après la chaîne propose un programme de rénovation que j'apprécie. En attendant que ça commence, je me repasse le fil de la soirée dans la tête. Je me suis sentie bien, encore mieux que lors du dîner avec Ely et Jay. Alors certes, Aydan me manque et son absence se fait de plus en plus ressentir, mais pendant quelques heures j'ai retrouvé goût à la vie. De plus, l'idée de reprendre cette dernière en main ne m'a pas quitté de tout le repas. Savoir que Malia me prend comme modèle me donne envie d'être celle qu'elle voit, de redevenir la mère, mais aussi la femme que j'étais. Je sais que beaucoup m'ont dit d'avancer, de me battre pour ça, mais ce n'est pas leurs conseils, ce ne sont pas leurs mots qui m'ont réveillée, mais bien l'amour, la fierté et la reconnaissance d'une petite merveille de neuf ans. Jusqu'ici, j'ai tenu le coup pour Malia. Ce soir, je veux plus encore, ce soir, je me sens prête à me relever pour elle. Pour mes filles et pour moi-même, je dois vivre.

Déterminée, j'attrape mon smartphone et envoie un message pour avertir Marvin de ma venue au café le lendemain dans la matinée. Si je veux me reprendre en main, je dois retrouver un semblant de vie normale, et mon travail m'y aidera. À l'heure qu'il est, je n'attends pas de réponse de mon associé, je repose mon téléphone, l'émission commence et l'écran m'accapare aussitôt.

Les heures défilent, mes yeux demeurent une fois de plus grand ouverts malgré la fatigue que je ressens dans tout mon être. Les chaînes de télévision ne proposent plus grand-chose à 5 h 00, alors je lance Netflix et reprends ma série en cours. Dieu bénisse les séries, je me ferais royalement chier à zapper de chaîne en chaîne. Après deux épisodes, j'aperçois, comme presque tous les matins, les phares de Sean éclairer mon jardin. Je me lève et lui ouvre sans lui laisser le temps de frapper.

- Salut, ma belle.

- 'lut !

Il entre et se dirige tout de suite dans la cuisine, où il pose le sachet kraft rempli de bonnes choses sur la table, pendant que je sors deux mugs.