Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

53 - Mon âme s'enflamme

Aydan

Alors que j'entre chez moi, Ely et Jay s'apprêtent à partir chez Zorah, quant à moi je les rejoindrai un petit quart d'heure plus tard.

- Tu ne tardes pas trop, hein ! s'exclame ma cousine à mon intention.

Je secoue la tête et me rends dans ma chambre pour prendre mes affaires et file me préparer dans la salle de bain.

Chino bleu marine enfilé, petite chemise blanche boutonnée, cheveux coiffés avec soin, j'observe un court instant mon reflet dans le miroir. La dernière fois que j'ai fait ça, j'aurais pu interpréter un rôle de zombie tant j'étais à la ramasse, là ça va, je porte les traces de mes courtes nuits, mais ce que je vois me satisfait. Je replace une mèche de cheveux rebelle et me sens pire qu'Ely quand elle se prépare. Je ricane tout seul, mais la vérité, c'est que ce soir, je veux être sur mon trente-et-un pour ces retrouvailles qui me tiennent plus qu'à cœur.

Je sors de la salle de bain et avise l'heure qu'il est, dans quelques minutes, je serais chez Zorah. Je vais retrouver cette adorable fillette qui m'a tant manqué ces derniers mois et l'émotion me gagne au fur et à mesure que le temps s'écoule. Je peine à réaliser que la vie m'offre une seconde chance avec mes princesses, même si rien n'est gagné. Zorah dissimule beaucoup de choses, mais arrivera le jour où elle me les confiera et où nous pourrons enfin reprendre notre vie à trois. J'ai bien l'intention d'avoir une existence heureuse avec ces deux nanas. Je n'ai certes pas fini de pleurer ma fille, peut-être même que je me demanderai toujours ce qu'aurait été ma vie à ses côtés, mais j'ai la chance de pouvoir me relever au mieux auprès de sa mère et sa sœur, et ça n'a pas de prix.

Je quitte mon logement, déambule dans les rues jusqu'au quartier de Zorah, jusqu'à mon chez-moi. L'endroit où je me sens pleinement moi, pleinement vivre. À l'approche de la demeure de mes amours, les battements de mon cœur s'affolent autant que moi, mes mains deviennent moites et je sens la transpiration poindre dans mon dos. Tout ce que je déteste. Le doute m'envahit, des questions venues de nulle part jaillissent et me font ralentir le pas. Et si Malia ne me voyait plus qu'en simple ami de sa mère ? Et si je n'avais plus ma place de beau-père dans son cœur parce que je ne suis plus en couple avec Zorah ? Et si elle m'avait tout simplement oublié ? J'espère de tout mon cœur, de toute mon âme que le regard de Malia n'ait pas changé et qu'elle n'a pas oublié tout l'amour que j'ai pour elle.

Paumé dans le fil de mes craintes, je n'ai pas vu le temps passer et me voilà déjà au bout de l'allée. Je marque une courte pause et avance jusqu'à la porte où je reste planté comme un con avant de me donner le courage de frapper.

À l'intérieur, l'agitation se fait entendre, mes souvenirs affûts dans ma mémoire et me ramènent à la soirée d'anniversaire de Malia. Nous étions tous réunis comme ce soir, j'étais l'homme le plus heureux de la planète, j'avais une famille, ma femme portait le fruit de notre amour et je ne m'étais jamais senti aussi serein, même si mon rôle de père pouvait parfois m'effrayer. J'étais à ma place, je possédais ce dont j'avais toujours secrètement rêvé.

Aujourd'hui, tout est différent, même mon amour pour Zorah et Malia l'est. Je les aime davantage, je ne pensais pas que c'était possible et pourtant, mes sentiments pour elles se sont décuplés d'une manière que je n'arrive pas à expliquer. Quand elles habitent mes songes, désormais, je ressens tout au centuple.

Je frappe trois fois. Mon cœur tente de s'enfuir au galop. J'entends Zorah demander à sa fille d'aller ouvrir. Ça y est, dans quelques secondes elle sera là devant moi. J'ai l'impression de me lancer dans un saut à l'élastique vertigineux et je croise les doigts pour que l'élastique en question ne lâche pas.