Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |

38 - Je vais à la salle !

Aydan

Enfin, je termine ma séance avec Amélie. Ça a été difficile de rester concentré tout en sachant que Zorah n'était pas loin. Encore plus lorsqu'elle a pris la direction des vestiaires, il y a une dizaine de minutes. J'aurais voulu laisser mon employée en plan pour rejoindre cette brune qui ne cesse de me tourmenter. J'aurais voulu lui demander comment elle allait ? Comment s'était passée sa première séance de pilates, mais tout ça n'est pas possible. Et pour cause, même plantée à quelques centimètres de moi, elle avait l'air d'être à des kilomètres. Cette distance qu'elle impose me blesse énormément. La revoir, si proche, m'a remué. Si elle n'a pas pris la peine de me regarder, ça n'a pas été mon cas. J'ai passé en revue chaque détail. Malgré ses traits tirés, sa peau plus pâle et son regard éteint, elle reste la plus belle des femmes. La seule que je désire, la seule qui me tient en vie. J'aurais aimé qu'elle plonge ses iris dans le mien, qu'elle dise un mot, un simple bonjour, peut-être, mais non. Rien. Notre première rencontre n'est pas celle que j'espérais et peut-être qu'à trop écouter les gens sur les intentions de Zorah, je me leurre. Peut-être que son silence signe bel et bien notre fin, ou peut-être qu'elle a été surprise de me voir débarquer devant elle de la sorte. Après tout, je l'ai bien été, moi. C'est vrai, en sortant de la salle, je ne pensais pas la trouver sur le seuil de la porte, je pensais avoir encore du temps devant moi, mais quand Amélie est arrivée en se plaignant, j'ai compris que j'avais pris plus de temps que prévu avec Aminata. En tout cas, ce moment me laisse perplexe, pour ne pas changer. De toute façon, je ne sais que me perdre dans mes pensées, ces derniers temps.

Je traverse For The Ragnarok à la recherche d'Aminata, je la trouve dans l'annexe qui sert désormais de vraie salle de repos. En me voyant arriver, elle sourit et me taquine avant de me narre la séance de ma belle de A à Z. Au fur et à mesure qu'elle me briefe sur l'état d'esprit dans lequel se trouve Zorah, mon estomac se contracte, il se tord de la même façon que l'on essore un linge. J'abhorre qu'elle se sente aussi vulnérable, d'autant que j'imagine qu'elle n'a confié qu'un dixième de ce qu'elle ressent réellement. J'encaisse avec du mal, mon cœur s'emballe parfois pour cesser de battre et reprendre un rythme fou. Puis, Aminata m'informe qu'elle a posé des questions à Zorah concernant sa fracture, aussitôt je me tends. Si elle l'a poussé à parler de l'accident, c'est foutu ! Je déglutis avec peine et appréhende ce qui va suivre. Toutefois, il semblerait que Zorah a répondu à Aminata, que cette dernière a obtenu les informations qui lui manquaient et qu'elles ont trouvé une méthode de travail qui convient mieux à Zorah. Aussitôt mes muscles se relâchent, la pression redescend et le soulagement s'installe progressivement après un soupir que je retenais depuis un moment. Je remercie mon employée pour son professionnalisme et la laisse reprendre son activité.

Je me rends à mon bureau, il est temps pour moi d'essayer de trier tous ces ressentis qui s'enroulent autour de moi et qui m'empêchent de penser correctement. Je ne lance pas un mot à Ely à propos de Zorah et contre toute attente, elle en fait autant. Aussitôt réfugié dans mon bureau, je m'échoue sur le divan. Paupières fermées, je ne vois qu'elle. Jamais je n'aurais cru que cette femme, rencontrée au départ pour une nuit, finirait par s'imposer avec tant d'ardeur dans mon esprit au point de m'en faire perdre le souffle quand elle demeure loin de moi.

Mon tri émotionnel se voit compromis quand quelques coups sont donnés à ma porte. J'invite la personne à entrer, Jay passe sa tête dans l'embrasure avec un sourire, il entre et je me redresse, lui laissant une place sur le canapé.

- Ça va t'es pas à ramasser à la petite cuillère ?

Il ricane et s'installer à côté de moi

- Va te faire foutre !

- Excuse-moi, mais après l'autre jour, je m'attendais à ce que tu frôles l'arrêt cardiaque.

Je le bouscule.