Zorah
Allongée dans mon lit d'adolescente, Malia lovée contre mon flanc, j'ai passé la nuit avec mes écouteurs dans les oreilles à flâner sur les réseaux sociaux. Même ici, chez moi, dans mon lieu de ressource, Morphée me snobe.
À travers les volets mal fermés, j'entrevois la lumière du jour filtrer, il est 8 h 00, ma mère est déjà levée. Je l'entends moudre son café, aussitôt ce bruit me ramène à mon enfance. J'adorais le faire, la machine vibrait sous mes doigts, provocant des milliards de chatouillis dans ces derniers, je trouvais ça drôle, et l'odeur du café frais qui se dégageait m'envoûtait. Aussi bizarre que ça puisse paraitre, j'en aime l'effluve, mais le goût me rebute.
Perdue dans mes songes, Malia me ramène au moment présent en s'agitant soudainement, je passe ma main dans ses cheveux et la serre contre moi, en espérant la calmer, mais elle remue davantage. Pendant son sommeil, elle laisse échapper dans un souffle le mot « maman » empreint d'inquiétude. Mon cœur se comprime, je sais ce qui la tourmente, Alex m'a informée qu'elle avait beaucoup cauchemardé à propos de mon accident, la semaine passée. Je constate que même en étant avec moi, ses rêves viennent la perturber. Je tente de la réveiller en chuchotant son prénom, au bout de plusieurs tentatives, elle se redresse vivement, l'air paniqué et m'appelle en criant.
- Je suis là, mon chat, chuchoté-je.
Je la ramène à moi, elle s'agrippe à mon t-shirt en fondant en larmes, je dépose de tendres baisers sur son front et la câline en lui disant des mots doux pour la rassurer. Les minutes défilent, ses sanglots se tarissent et son cœur, qui battait à tout rompre, se calme et retrouve un rythme tranquille.
- Ça va mieux ?
Elle hoche la tête, mais reste lovée au creux de mes bras.
- Tu veux en parler ?
Elle nie en silence. Alors que je m'apprête à l'encourager à le faire, elle prend la parole.
- Je ne veux pas te faire souffrir.
Son aveu et les trémolos dans sa voix me donnent le coup de grâce. Je nous redresse de sorte que l'on soit face à face, puis je prends son visage en coupe.
- Malia, lorsque quelque chose ne va pas, tu dois m'en parler même si tu sais que ça peut me faire de la peine. C'est à moi de prendre soin de toi, pas l'inverse, mon amour. En plus, on a toujours parlé de ça quand tu en avais besoin, pourquoi du jour au lendemain, tu ne me dirais plus rien ?
Ses yeux larmoyants me répondent et laissent échapper une larme que j'essuie avec la pulpe de mon pouce.
- Parce que tu vas mieux, maman, et je ne veux pas que tu redeviennes triste.
J'embrasse doucement ma fille avec tout mon amour.
- Merci, Malia, mais rassure-toi, tu peux me parler de tes cauchemars sans que ça me rende triste. Allez, raconte-moi.
- J'ai rêvé que Maze et toi, vous aviez rejoint papi, et que tu m'avais laissé seule.
Bien sûr que ses rêves sombres peuvent me mettre à terre, mais elle n'a pas besoin de le savoir. Tout ce qu'il lui faut c'est que je sois forte et aimante. Ma vue se trouble et mon organe vital se brise devant sa tourmente, mais je cache mon ressenti et enfile ma cape de super maman.
- Oh Mali-Malou ! m'exclamé-je, sur un ton que j'espère léger. Sois tranquille ma princesse, je ne t'ai pas abandonné, je suis toujours là, et tu n'as pas fini de me supporter. Je suis-là et je ne compte pas partir. Rien ni personne ne se mettra au travers de mon chemin quand il s'agit de toi. Alors, oui, je ne vais pas te le cacher et tu le sais déjà, un jour, je rejoindrai papi, mais pas maintenant, t'es folle ou quoi ?
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Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |
Romance⚠️ Attention! il s'agit d'un premier jet, les corrections ne sont pas faites ⚠️ Trigger Warning : Violence, maltraitance infantile, sexe, mort, deuil prénatal, vulgarités. Les ténèbres ne se trouvent pas seulement dans les endroits sombres. Elles s...