34 - Teddychou

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Zorah

L'annonce que Sarah m'a faite ce matin ne cesse de me distraire et depuis que je suis passée derrière le comptoir, je ne prête pas du tout attention à ce que je fais. C'est pour cette raison que le machiatto de mon nouveau client se retrouve au sol.

- Ben, alors ! T'es ailleurs ce matin, remarque Marvin en déposant des serpillères sur l'immense flaque de café.

- Ouais, désolée ! Laisse, je vais ramasser, réponds-je quand il se baisse pour nettoyer.

- Pas grave ! Va donc t'occuper du beau brun, je me charge de ça. Je n'ai pas envie que tu te blesses en ramassant les bouts de verre.

Son regard rieur m'indique qu'il se moque de moi, mais je ne relève pas tant je me sens sotte. Je m'affaire aussitôt à la préparation d'un nouveau machiatto, puis je le dépose devant cet homme charmant qui vient s'installer au comptoir chaque jour.

- Matin difficile ? demande-t-il.

- Assez oui, je me suis levée du pied gauche, je crois, souris-je, penaude.

- Je vois, je vais faire l'impasse sur le manque de mon dessin, pour aujourd'hui, mais du coup demain, il devra être réussi.

Je ricane à sa boutade. Qu'est-ce qu'il peut m'enquiquiner avec ses dessins, celui-là.

- Je vais finir par regarder des tutos YouTube rien que pour faire taire Monsieur.

- Ça voudrait dire que mon avis compte et que le client à son mot à dire, finalement, rétorque-t-il taquin.

- Bien vu ! On oublie les tutos, vous vous ferez à mes œuvres éphémères.

J'offre un clin d'œil à l'homme et m'attèle à servir d'autres clients. Lorsque Marvin a terminé de nettoyer ma bourde, il m'envoie hors de son espace de travail en prétextant qu'il ne veut pas que je glisse sur le sol mouillé et que je me casse un os. C'est avisé, je le reconnais.

Je pars m'installer près de mon client, nous continuons notre conversation. Rien de bien sérieux, il m'informe qu'étant donné qu'il ne connaît personne ici, il sort assez souvent avec ses collègues et qu'il s'entend bien avec eux. J'apprends qu'il ne vit pas très loin du quartier où Alexandre et moi habitions, c'est un coin tranquille, et je le crois sur parole lorsqu'il prétend que ça lui rappelle le calme de sa campagne.

Les minutes s'égrènent, il est temps pour lui d'aller travailler, quant à moi, je pars m'installer à mon bureau pour poster le dernier avis littéraire que Milly m'a envoyé. J'enchaîne ensuite avec le prochain événement qui concerne les enfants, une jeune autrice de la ville m'a contactée pour savoir s'il était possible d'organiser une « heure du conte ». J'ai donc lu son album jeunesse et accepté sans rechigner. Je dois donc créer une newsletter, imprimer une affiche et quelques flyers à mettre sur les tables et le comptoir.

Vers 11 h 45, Ely me téléphone pour savoir si l'on peut se voir ce soir et nous convenons de nous retrouver à la maison pour dîner entre filles. Ma journée de travail est sur le point de s'achever, j'éteins et range mes affaires, puis je rejoins mon associé pour lui prêter main-forte, même s'il n'y a pas grand monde à cette heure-ci.

Après avoir servi un des derniers clients de la matinée, Sophie s'éclipse et Marvin nous prépare deux boissons chocolatées. Nous nous asseyons à une table et il m'interroge sur mon état d'esprit de ce matin.

- Sarah m'a informée que dimanche serait notre dernière séance et me demande d'effectuer des séances de pilates. Je le vis assez mal, je ne suis pas prête à ce qu'elle me lâche. Je boite encore beaucoup, et si j'ai le malheur de rester trop longtemps debout, mes douleurs ont une intensité importante.

Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant